Saint Lin, premier successeur de Saint Pierre.
Pour tout ce qui regarde saint Lin, faute de documents certains, on est bien forcé de s’en remettre aux traditions qui s’accordent toutes à dire qu’il était fils d’Herculanus, homme noble et fort considérable de la ville toscane de Volterra. Toutes disent aussi qu’après s’être converti à Rome où saint Pierre prêchait l’Evangile, il quitta son père et renonça à tous ses biens pour pratiquer plus parfaitement la doctrine de Notre-Seigneur Jésus Christ. Peu de temps après sa conversion, il donna de si grandes preuves de son zêle, de son érudition et de sa prudence, que le saint apôtre Pierre l’ordonna pour l’employer à la prédication de la parole de Dieu et à l’administration des sacrements.
Certains affirment qu’il fut ensuite envoyé dans les Gaules pour y porter le flambeau de la foi, et une tradition veut que Besançon (qui le fête au 26 novembre) eut le bonheur de le recevoir et de l’avoir pour premier évêque. Il y aurait logé chez le tribun Onasius, que ses exhortations convertirent ; Lin aurait fait de cette maison en une petite église consacrée en l’honneur de la résurrection du Sauveur, de la sainte Vierge et de saint Etienne, premier martyr. Le nombre des fidèles, dit-on, s’augmentait de jour en jour, quand les païens firent une fête solennelle en l’honneur de leurs dieux où ils devaient leur offrir beaucoup de sacrifices ; saint Lin qui voulait les détourner de ce culte, se transporta sur la place, il leur dit : « Que faites-vous,mes chers enfants ? Quelle marque de divinité voyez-vous dans ces simulacres que vous adorez ? Ce ne sont que des statues qui n’ont ni esprit ni sentiment, et qui ne représentent que des hommes dont l’incontinence et l’impiété ont été toutes publiques. Ces idoles de pierre et de cuivre ne méritent nullement vos respects, c’est à Dieu seul, créateur du ciel et de la terre, que vous devez offir des victimes. Quittez donc ce culte sacrilège et acquiescez aux vérités que je vous prêche. » Ce fut comme un coup de tonnerre qui jeta par terre l’une des colonnes du temple et mit en poudre l’idole qu’elle soutenait. Un si grand prodige qui aurait dû les yeux à ces peuples, les endurcit davantage : se jetant tumultueusement sur leur apôtre, ils le chassèrent sur l’heure de la ville. Voilà quelle est la tradition de Besançon qui honore saint Lin comme son premier évêque.
Lorsqu’il fut retourné à Rome (vers 56, pense-t-on) saint Pierre se servit utilement de Lin pour la conduite de l’Eglise ; à la demande de saint Pierre, il aurait défendu aux femmes d’entrer dans l’église sans avoir la tête couverte d’un voile, ce que saint Pierre avait aussi défendu ; saint Paul jugeait cela si nécessaire pour l’édification des fidèles, qu’il en fit une loi expresse, comme on le voit dans le onzième chapitre de sa première épître aux Corinthiens (versets 13 à 15). L’apôtre saint Paul fait mention de lui au quatrième chapitre de sa seconde épître à Timothée, et il le met entre les premiers et les principaux chrétiens de la ville de Rome. Il s’acquitta avec tant de gloire de toutes ses fonctions, qu’après le martyre du prince des apôtres (67) il fut jugé digne de lui succéder, donnant d’excellents témoignages de son zèle et de sa vigilance pastorale. Le Bréviaire romain disait que la foi et 1a sainteté de saint Lin fut si grande, qu’il ressuscita et chassa les démons des corps de plusieurs énergumènes. Enfin, après avoir gouverné l’Eglise pendant onze an, trois mois et douze jours, il fut à son tour martyrisé. On dit que son corps aurait été enterré au Vatican, près de celui de saint Pierre, le 9 des calendes d’octobre (23 septembre) . En 1630, quand le pape Urbain VIII fit achever les travaux de la Confession de saint Pierre, on découvrit une tombe sur laquelle on crut pouvoir lire : Linus.
On représente saint Lin délivrant des possédés et ressuscitant un rnort : on rapporte en effet qu’il délivra du démon la fille du consul Saturninus.