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18 avril, Bienheureuse Marie de l’Incarnation, 1er Février 1566 – 18 avril 1618.

Bienheureuse Marie de l’Incarnation, 1er Février 1566 – 18 avril 1618.

Barbe Avrillot naquit à Paris, le 1er Février 15661 de Marie Lhuillier et de Nicolas Avrillot, seigneur de Champlâtreux, conseiller-maître ordinaire des comptes de la Chambre de Paris et chancelier de la reine Marguerite de Navarre ; il descendait de Jacques Cœur.

Saint Pie V étant Pape, Maximilien II empereur du saint Empire romain-germanique et Charles IX roi de France.

Elevée dans une famille riche, catholique et royaliste, Barbe reçut une forte éducation chrétienne2 et une bonne instruction. A onze ans, elle fut placée à l’abbaye de Longchamp3 pour y continuer ses études, sous la direction d’une de ses tantes qui y était religieuse et où elle reçut sa première communion à douze ans. Intelligente, vive et gaie, Barbe ressentait de l’attrait pour la vie monastique, mais ses parents qui avaient pour elle d’autres projet, la retirèrent de Longchamp dès 1580. Rentrée dans le monde, elle n’en continua pas moins ses habitudes de piété et conçut le projet d’entrer chez les Augustines de l’Hôtel-Dieu pour servir les malades ; projet que sa mère combattit sévèrement.

Pour obéir à ses parents, elle épousa (24 août 1582) en l’église Saint-Merry, Jean-Pierre Acarie, vicomte de Villemore et conseiller-maître ordinaire des comptes de la Chambre de Paris, parfait honnête homme, à la fois très riche et très pieux. En même temps qu’elle menait une vie brillante dans le monde où on l’appelait la belle Acarie, dans son particulier, épouse heureuse et comblée, elle restait fidèle à sa vie de piété qu’elle partageait avec sa femme de chambre, Andrée Levoix, qui sera la première carmélite française. Affable et gracieuse, épouse modèle d’un excellent mari, encore que d’humeur contrariante, elle en eut trois garçons et deux filles. Maîtresse de maison accomplie, elle se livrait aussi à des œuvres multiples et vraiment remarquables. Le rayonnement de l’Hôtel Acarie4 fut grand et l’influence de la belle Acarie, dépassant le cercle de sa famille et de ses relations, s’étendit à la Cour, au Clergé ; on venait la consulter, attiré par sa prudence et ses lumières surnaturelles ; elle avait « en un degré hautement sublime ce qu’on appelle le discernement des esprits.5» Des hommes éminents la consultaient dans des cas difficiles. Sa vie intérieure était intense.

Jeune, elle avait pris plaisir à la lecture des romans, mais un jour la sentence : « Trop est avare à qui Dieu ne suffit » fut un trait qui la transforma pour ne plus s’effacer, et ce fut le début d’une emprise divine extraordinaire. Les extases se multiplièrent ; elle ne les comprit d’abord pas et souffrit un martyre intérieur, jusqu’à ce qu’elle trouvât enfin (1592) des guides éclairés, comme le capucin Benoît de Canfeld et le chartreux Richard Beaucousin, qui la rassurèrent, voyant en elle l’action de Dieu.

Cette haute oraison, loin de la détourner de son devoir d’état, l’aidait à être une « femme forte », admirable dans les circonstances les plus difficiles. Son mari, ligueur opposé à l’accession au trône du roi protestant Henri IV, fut condamné à l’exil et dépouillé de ses biens (1594)6. Barbe Acarie, par son énergie, sa sagacité, ses labeurs retrouva en partie le patrimoine confisqué7. Non moins héroïque dans les maladies, toujours sereine parce que toujours unie à Dieu, elle étonnait par sa patience et son amour des souffrances. Une jambe brisée par trois fois la laissa toujours infirme, sans ralentir son activité apostolique. On a pu dire que « de son temps, il ne se faisait rien de notable pour la gloire de Dieu qu’on ne lui en parlât ou qu’on en prît son avis.8»

Marie de Médicis se fût volontiers mise en quelque sorte sous sa direction, si Mme Acarie ne se fût dérobée à cet honneur avec autant de soin qu’une autre eût mis à l’obtenir. La marquise de Maignelay et la marquise de Bréauté, toutes deux si célèbres dans la société du temps, devinrent ses amies intimes qui allaient à la rue des Juifs pour la voir et écouter ses avis. Saint François de Sales, M. de Genève, comme on disait, était lors de ses séjours à Paris, l’hôte assidu de l’Hôtel Acarie et, plus tard, saint Vincent de Paul y trouva aussi appui et lumière.

On avait, en 1601, publié la vie de sainte Thérèse d’Avila par le jésuite Francesco de Ribera, traduite par Jean de Brétigny9, qui avait produit beaucoup d’impression parmi les personnes pieuses. Madame Acarie lut l’ouvrage et en fut très frappée, sans avoir seulement la pensée tout d’abord qu’elle put être appelée à contribuer à introduire l’ordre du Carmel réformé en France, mais comme il arrive souvent en pareil cas, ce fut celle qui par sa position dans le monde y semblait le moins destinée que Dieu choisit pour être l’instrument de ses desseins. Madame Acarie, avertie par une vision où sainte Thérèse lui apparut pour lui expliquer la mission qu’elle allait avoir à remplir, commença d’abord par essayer de se dérober. Elle consulta les plus habiles théologiens de l’époque, qui eux aussi lui conseillèrent de « s’ôter cela de l’esprit » les temps n’étant pas favorables pour une fondation de cette nature.

Quelques mois plus tard, elle eut une nouvelle apparition de la sainte qui lui ordonnait de fonder le Carmel en France. Etonnée et troublée, elle parla, comme malgré elle, de ces visions et du projet à deux princesses de la maison d’Orléans-Longueville10, Madame de Longueville11 et Madame d’Estouteville12 qu’elle allait solliciter pour une bonne œuvre. Au lieu du refus auquel elle s’attendait, elle vit à sa grande surprise le projet approuvé et chaleureusement adopté par les deux princesses qui se chargent d’aller elles-mêmes solliciter la permission du Roi, alors que tout semblait la devoir faire refuser.

Confondus de ces faciles débuts, Madame Acarie et ses directeurs y virent une marque incontestable de la volonté divine et se mirent avec ardeur à en réaliser l’exécution. Michel de Marillac, le futur chancelier de France13, lui aussi poussé par une inspiration intérieure, vint de lui-même se mettre à la disposition de ceux qui travaillaient à l’entreprise et devint leur plus utile et plus actif collaborateur.

Plusieurs réunions eurent lieu auxquelles prit part saint François de Sales. La princesse de Longueville, de son côté, obtint du roi, après quelque résistance, l’autorisation de fonder dans le royaume des monastères de carmélites réformées, suivant la règle de sainte Thérèse14. L’emplacement pour le nouveau couvent fut vite trouvé à l’extrémité de la rue Saint-Jacques et l’on se mit de suite, une fois les obstacles levés grâce à l’activité et à la persévérante énergie de Madame Acarie, à construire le monastère qui devrait devenir si célèbre dans l’histoire religieuse de cette époque. Madame Acarie surveillait elle-même avec le plus grand soin la construction des bâtiments, pendant qu’elle réunissait autour d’elle un groupe de personnes pieuses désireuses d’entrer dans l’ordre que l’on établissait et s’appliquait à les former à la vie religieuse, à celle de carmélite en particulier d’après les écrits de sainte Thérèse et les constitution du Carmel.

Elle gardait les aspirantes dans sa demeure, mais voyant vite qu’il était impossible de faire marcher de front la conduite de sa maison et cette espèce de noviciat sans qu’il en résultât des inconvénients, Madame Acarie établit la petite communauté dans une modeste maison, située place Sainte-Geneviève et achetée par Madame de Longueville15. C’est là que se formèrent sous ses yeux les premiers sujets de l’ordre du Carmel en France. Le 3 novembre 1603, Clément VII, à la demande de M. de Santeuil, secrétaire du Roi et envoyé à Rome, accordait la bulle d’institution et rien ne s’opposait plus à la fondation.

Cependant le secours qu’on avait sollicité et espéré d’Espagne n’arrivait pas et les carmes espagnols se refusaient obstinément à envoyer des religieuses formées par sainte Thérèse pour aider à la création du Carmel en France. Eclairée par une des novices de sa petite congrégation, qui s’offrit à aller elle-même en Espagne chercher des carmélites espagnoles, elle fit décider que trois envoyés, dont l’un devait être M. de Bérulle16, iraient en Espagne pour essayer d’en ramener quelques religieuses professes formées par la sainte elle-même et pouvant ainsi transmettre son esprit et ses enseignements. Ces voyageurs d’un nouveau genre partirent en effet peu après, munis de lettres de recommandation du roi Henri IV qui, revenu de sa première impression, désirait très vivement la réussite de l’entreprise comme devant resserrer les liens qu’il voulait rétablir entre les deux pays.

D’abord fort mal reçue, la délégation mena la campagne avec une vivacité toute nationale et, après mille péripéties, finirent par ramener, comme en triomphe, six carmélites espagnoles d’une vertu éprouvée dont deux, la Mère Anne de Jésus et la Mère Anne de Saint-Barthélemy, avaient été formées par sainte Thérèse elle-même[17]. Le 17 octobre 1604, la petite caravane arrivait à Paris où sa venue fut une sorte d’événement. L’œuvre était fondée et lorsque la mère Anne de Jésus entonna le psaume « Laudate Dominum » en entrant dans l’église de ce qui devait être le grand couvent de la rue Saint-Jacques, Madame Acarie dut sentir son cœur se fondre de joie et de reconnaissance, car c’était bien à elle, à son invincible confiance en Dieu, qu’était dû le succès d’une entreprise qui avait semblé si difficile à mener à bien. Pour apprécier à sa valeur l’œuvre de Madame Acarie, il faut lire dans les mémoires du temps le rôle joué par le Carmel dans la vie religieuse et morale du XVIIè siècle.

Tant que Madame Acarie fut retenue dans le monde, elle ne cessa pas de s’occuper et de s’intéresser à ses chères carmélites18 sans cependant s’absorber dans cette unique préoccupation, car elle aida beaucoup Madame de Sainte-Beuve à fonder en France les ursulines destinées à l’éducation des jeunes filles.

Elle continua cependant jusqu’à la fin à diriger avec le plus grand soin la maison de son mari, à le soigner et à supporter, sans jamais se plaindre, les taquineries ou les incartades que, l’âge venant, il lui prodiguait. Ses trois filles furent élevées par cette mère incomparable avec autant de tendresse que de fermeté. Elles se donnèrent l’une après l’autre, sans y être aucunement poussées, à cet ordre du Carmel que leur mère venait d’introduire en France. L’une d’elles fut la célèbre Mère Marguerite du Saint-Sacrement qui tint une si grande place dans l’histoire religieuse d’alors. Des trois fils de Madame Acarie, l’un fut magistrat et se maria, le second se fit prêtre et le troisième après une courte velléité de vie religieuse devint soldat et se maria. Madame Acarie contribua également beaucoup à la fondation de l’Oratoire en décidant M. de Bérulle à tenter l’entreprise et ce fut d’après ses avis qu’il établit cette célèbre congrégation.

Le 17 novembre 1613, M. Acarie mourut, soigné jusqu’au dernier moment par sa femme avec le plus complet dévouement. Bien qu’elle eût près de cinquante ans et que sa santé fût des plus précaires, Madame Acarie, se voyant libre, sollicita humblement la grâce d’être admise dans l’ordre du Carmel comme sœur converse et d’être placée dans un des plus pauvres monastères de l’ordre, qui s’étaient multipliés avec une grande rapidité. La demande fut agréée par les supérieures et la célèbre Madame Acarie, si connue à Paris, à la Cour comme à la ville, alla se cacher comme sœur converse dans l’ordre du Carmel où elle prit le nom de sœur Marie de l’Incarnation19. Pendant cinq années, l’humble sœur converse continua à prodiguer derrière les grilles du cloître les admirables exemples qu’elle avait donnés dans le monde et elle édifia toutes ses compagnes par son humilité, son zèle pour l’accomplissement de la règle et l’ardeur de sa charité, de son amour pour ce Dieu qu’elle avait toujours si fidèlement servi et si ardemment aimé. Transférée au carmel de Pontoise le 7 Décembre 1616, elle ne voulut être que « la dernière et la plus pauvre de toutes ». Ses sœurs admiraient son obéissance et sa charité, tandis que son union à Dieu consommée transparaissait en tout son être.

« Elle tomba malade le 7 février 1618 ; les symptômes de l’apoplexie et de la paralysie se déclarèrent, et elle ne tarda pas à éprouver des convulsions : elle souffrait extrêmement. On lui administra le saint Viatique, mais on crut devoir différer l’Extrême-Onction. Parfois elle semblait perdue dans les abîmes de l’amour divin et paraissait insensible à tout, ne répétant alors que des mots : ‘ Quelle miséricorde, Seigneur ! Quelle bonté à l’égard d’une pauvre créature ! ’ Elle récitait souvent, pendant sa maladie, le vingt-et-unième et le cent unième psaume, qui décrivent d’une manière si sublime et si pathétique les souffrances de Notre Seigneur dans la Passion. La prieure lui ayant demandé de bénir toutes les religieuses, elle leva les mains au ciel en disant : ‘ O Seigneur, je vous supplie de ma pardonner tous les mauvais exemples que j’ai donnés ! Puis, bénissant la communauté, elle dit :  S’il plaît à Dieu tout-puissant de m’admettre au bonheur éternel, je le prierais de vous accorder que les desseins de son Fils s’accomplissent sur chacune de vous. 

Sa dernière heure approchait, ses souffrances devinrent encore plus vives, et étaient sans interruption ; mais sa patience n’en fut point altérée. Le médecin lui faisant observer que ses douleurs devaient être très violentes, ‘ elles le sont, en effet, répondit-elle, mais quand nous comprenons que nous souffrons sous la main de Dieu, cette réflexion allège nos souffrances. ’ Le jeudi saint, 12 avril, on lui apporta le Viatique. Le samedi saint elle se leva encore et entendit la messe. Le jour de Pâques, à trois heures du matin, elle reçut la sainte communion, et mourut le 18 Avril20, pendant que M. du Val, directeur de la maison, lui administrait l’Extrême-Onction. Le médecin faisant observer qu’elle n’était plus, M. du Val s’arrêta, et, avant de réciter le ‘ Subvenite ’, prière pour l’être qui vient de sortir de ce monde, il se tourna vers la communauté et dit : ‘ A l’instant où je parle, la défunte jouit déjà de la vue de Dieu» Elle avait cinquante-deux ans.

Paul V étant Pape, Mathias empereur du saint Empire romain-germanique et Louis XIII le Juste roi de France.

Son corps fut enterré dans un des côtés du cloître du monastère  de Pontoise et y demeura jusqu’en 1643 où il fut transféré dans un mausolée construit à l’intérieur de l’église. En 1792, pour éviter les destructions des révolutionnaires, le corps fut confié à un ami de l’ordre, M. de Monthiers, qui le cacha et qui le rendit, quand les carmélites purent retourner dans leur couvent (23 septembre 1822)21.

Les miracles se multiplièrent à son tombeau. A la demande de son fils aîné, grand vicaire de Rouen, dès 1622 les enquêtes juridiques sont ouvertes Plusieurs fois interrompue, puis reprise, la cause n’aboutit qu’à la fin du XVIIIè siècle, sur les instances de Madame Louise de France. Le 24 août 1791, le pape Pie VI mettait par un décret solennel Madame Acarie au nombre des bienheureux sous le nom de la bienheureuse Marie de l’Incarnation, et le 5 juin de cette même année la cérémonie de la béatification avait lieu dans la basilique de Saint-Pierre.

Marie de l’Incarnation écrivit « une infinité de lettres22» fort peu sont connues ; elle composa un traité sur « la vie intérieure », mais elle le brûla. Ses biographes ont recueilli avec soin les textes qui purent être sauvés  : quelques lettres et un petit traité spirituel, « Les vrays exercices de la bienheureuse Marie de l’Incarnation, composez par elle-mesme. Très propres à toutes âmes qui désirent ensuyvre sa bonne vie »

1 Elle fut baptisée le 2 février 1566 en l’église paroissiale Saint-Merry.

2 Selon les usages du temps, elle reçut la Confirmation à sept ans.

3 Le monastère de Longchamp fut fondé, vers 1255, par la bienheureuse Isabelle de France, sœur du saint roi Louis IX, sur des terres données par lui dans la forêt du Rouvray, aux limites de l’actuel hippodrome parisien, où subsiste encore une reconstruction moderne de l’ancien moulin de Longchamp (aujourd’hui sur la commune de Boulogne-Billancourt). Il fut confié, le 23 juin 1260, à des clarisses venues de Reims, mais qui adoptèrent une régle révisée par les maîtres franciscains de l’Université de Paris, notamment par saint Bonaventure, et approuvée successivement par Alexandre IV et surtout Urbain IV, le 27 juillet 1263, d’où le nom d’urbanistes qui fut donné aux maisons qui la reçurent. La maison de Longchamp était placée, quant à elle, sous le titre de l’Humilité Notre-Dame, ou monastère des Humiliées Notre-Dame.

Jusqu’au XV° siècle il semble qu’on y ait vécu d’une manière fort régulière, mais avec les troubles de la Réforme, la commende, le mode de recrutement, la proximité de la capitale qui multipliait les allées et venues, la discipline s’y relâcha. Une première restauration fut entreprise par le cardinal Jean du Bellay.

4 L’Hôtel Acarie se trouvait rue des Juifs (au n° 11 de l’actuelle rue Ferdinand-Duval), entre la rue des Juifs et la rue des Ecouffes

5 André du Val : « La vie admirable de la servante de Dieu, sœur Marie de l’Incarnation, connue dans le monde sous le nom de Mlle. Acarie (Paris, 1621).

6 Pierre Acarie fut en effet du conseil des Seize, puis de celui des Quarante et s’endetta pour le parti jusqu’à compromettre sa fortune. Nicolas Avrillot, le père de Madame Acarie, s’y ruina presque complètement.

7 Ce fut à la dévote madame Acarie de remettre l’ordre dans les affaires et à réparer les ruines, car son mari et son père furent bannis après le triomphe de la cause royale. Aussi courageuse qu’intelligente, elle se mit à l’œuvre et entreprit de sauver ce qu’elle pourrait du naufrage. Avec une capacité pratique remarquable chez une personne qui semblait absorbée dans la vie mystique, elle réussit vite à remettre l’ordre dans les affaires que son mari laissait si compromises, à payer les créanciers et en un temps relativement court, à éclaircir une situation plus embrouillée que désespérée. La netteté et la décision avec lesquelles tout fut mené frappèrent ses contemporains et attirèrent à Madame Acarie une réputation d’habileté à laquelle elle ne semblait pas destinée. Grâce à la considération qu’elle sut ainsi mériter jusqu’à la Cour, elle put obtenir après dix-huit mois d’éloignement, la permission pour son mari de rentrer à Paris dans sa maison de la rue des Juifs d’où elle n’était sortie que peu de temps. La façon dont Mme Acarie avait su rétablir les affaires de son mari fit même du bruit dans Paris et il fut bientôt à la mode de la connaître. Le roi Henri IV, toujours à l’affut des gens d’esprit, la vit plusieurs fois et s’en montra enchanté.

8 André du Val : « La vie admirable de la servante de Dieu, sœur Marie de l’Incarnation, connue dans le monde sous le nom de Mlle. Acarie (Paris, 1621).

9 Jean de Quintanadoine, sieur de Brétigny, petit-fils de Jean de Quintanaduenas qui, vers 1510, était venu de Séville en Normandie, avait rencontré le Carmel lors d’un voyage à Séville (1582). Il prit part à la fondation des Carmels de Paris, de Pontoise, de Dijon, de Rouen, de Besançon et de Beaune. C’est lui qui, en 1607, conduisit les premières carmélites à Bruxelles où le nonce le nomma supérieur des Carmels belges (Bruxelles, Louvain et Mons). Il mourut à Rouen lez 8 juillet 1634. Son cœur fut donné aux Carmelites de Beaune et son corps inhumé au Carmel de Rouen avec une épitaphe attestant qu’il est « le premier qui ayant traduit d’espagnol en français, les livres de sainte Thérèse, procura que son ordre des religieuses carmélites déchaussées fût établi en France, Bourgogne et Flandre. »

10 La Maison d’Orléans-Longueville descend de Jean, comte de Dunois et de Longueville, dit le bâtard d’Orléans (1402-1468), enfant illégitime que Louis de France, second fils de Charles V et duc d’Orléans (1371-1407), eut avec Mariette d’Enghien. Le comté de Longueville fut érigé en duché en 1505. Depuis le règne d’Henri IV, les ducs de Longueville avaient l’honneur de se couvrir devant le Roi et, comme les princes de maisons souveraines, ils ont l’honneur des fiançailles dans le cabinet du Roi.

11 Catherine de Gonzague, fille de Louis de Gonzague (duc de Nevers et de Rethelois, pair de France et prince de Mantoue, gouverneur de Champagne et de Brie), née à Paris le 21 janvier 1568, épousa (1° mars 1588) Henri I° d’Orléans, duc de Longueville et d’Estouville (gouverneur et lieutenant général en Picardie et Boulonnais, grand chambellan de France et connétable héréditaire de Normandie), mort en 1595. Morte à Paris le 1° décembre 1629, Madame de Longueville fut inhumée au couvent des Carmélites de la rue Chapon.

12 Louise de Bourbon, princesse du Sang, dite Mademoiselle de Soissons, fille du comte de Soissons et de Dreux (prince du Sang et pair de France), née à Paris le 7 février 1603, épousa (30 avril 1617) Henri II d’Orléans, duc de Longueville et d’Estouville (pair de France, prince et comte souverain de Neuchâtel, connétable héréditaire de Normandie, gouvereur et lieutenant général en Normandie), mort en 1663. Morte à Paris le 9 septembre 1629, Madame de Longueville fut inhumée au couvent des Carmélites de la rue Chapon.

13 Michel de Marillac (né à Paris en 1563) appartenait à une famille de haute Auvergne dont plusieurs membres s’étaient illustrés dans des charges royales. Orphelin à dix ans, alors qu’il était au collège de Navarre, il se fit remarquer pour ses exceptionnelles réussites ; il maîtrisait le latin et le grec, l’italien et l’espagnol. A vingt-trois ans, il était reçu conseiller au Parlement (septembre 1586). Catholique fervent, il se rangea dans le parti de la Ligue et figura dans les conseils de quartiers qui contrôlaient Paris à partir de 1589. Trois ans plus tard, son goût de la paix et son légalisme l’amenaient à rédiger et défendre un arrêt (18 novembre 1592) où le Parlement réclamait le respect des lois fondamentales touchant la succession à la Couronne, ce qui revenait à exclure l’élection d’un prince ou le couronnement d’une infante fille d’Elisabeth de Valois, revenait aussi à être partisan de négociations avec le roi de Navarre. Au début de 1594, à Chartres, Marillac put rencontrer Henri IV, et ensuite il travailla secrètement dans Paris à préparer l’ouverture par surprise des portes le 21 mars suivant. En récompense, Marillac fut, dès 1595 nommé, maître des requêtes. Veuf en février 1600, chargé de quatre petits enfants, il se remaria en septembre 1601 avec Marie de Saint-Germain, veuve d’Amelot, président aux enquêtes. Il était déjà réputé pour sa piété et fréquenta bientôt le cercle dévot qui se réunissait dans la maison de Mme Acarie. Ses charges politiques lui permettaient de lever les obstacles à l’expansion des nouveaux ordres issus de la réforme tridentine. Il joua un rôle déterminant dans l’implantation des Ursulines à Paris et surtout, en 1605, des carmelites. En 1611, il se fit remarquer par ses écrits de conciliation après la saisie des œuvres du cardinal Bellarmin d’ordre du Parlement (novembre 1610) et le déchaînement des polémiques gallicanes. Marillac bénéficiait aussi de l’influence de son jeune demi-frère Louis qui, capitaine des gardes de la Reine mère, avait pu l’introduire dans la faveur de la Régente. De la sorte, en 1612, sur recommandation de la Reine et du chancelier Sillery, Michel de Marillac était nommé conseiller d’Etat. Fin lettré, il s’adonna, sa vie durant, à la versification latine et française, s’appliquant à une traduction des Psaumes qu’il fit imprimer en 1625. Distraction et consolation d’un homme pieux, dont le fils aîné René était mort des fièvres pendant le siège de Montauban (1621), dont la fille Valence entra au Carmel et dont le cadet Octavien prit l’habit franciscain. Les liens de Michel de Marillac avec le parti de la Reine mère lui valurent en 1621 une commission d’intendant de justice en Anjou. En 1624 (27 août), la confiance de Richelieu et de Marie de Médicis lui firent donner la chage de surintendant des finances. En juin 1626, le chancelier d’Aligre, compromis par son amitié pour Gaston d’Orléans, étant disgracié, Marillac reçut la garde des sceaux. Des textes émanés des Etats généraux de 1614, des notables de 1617 et 1626, Marillac tira une grande ordonnance à quoi, s’opposa Richelieu. Le Parlement, encouragé par le Cardinal, opposa une vive résistance à l’enregistrement de l’ordonnance, au point qu’il fallut un lit de justice (15 janvier 1629) pour valider ce texte qu’on appela familièrement le code Michau. Marillac voulut s’opposer aux expéditions de 1629 et 1630 en Piémont, le choix d’une guerre immédiate ou à terme avec l’Espagne lui paraissant à la fois scandaleux et catastrophique. Le triomphe de Richelieu dans l’esprit de Louis XIII lors de la journée des dupes (11 novembre 1630) entraîna la disgrâce de Michel de Marillac et de son frère qui étaient, selon Richelieu, « les esprits les plus dangereux pour conduire la trame qu’on avait ourdie contre lui ». Le garde des sceaux fut conduit à Caen, puis à Lisieux et enfin à Châteaudun (février). Il était alors en résidence forcée mais libre. L’évasion de Marie de Médicis du château de Compiegne, le 19 juillet 1631, changea sa situation ; il fut alors enfermé dans le château de Châteaudun. C’est là qu’il apprit la mort de son frère. Il était en train de traduire le Livre de Job lorsqu’il mourut le 7 août 1632.

14 Henri IV signa lettres patentes à Saint-Maur-des-Fossés le 18 juillet 1603.

15 Parmi les premières novices, on voyait la marquise de Bréauté, Louise Séguier, la présidente de Bérulle, mère du fondateur, Mademoiselle de Brissac, fille unique de Charles de Cossé, duc de Brissac et maréchal de France, les trois filles de Madame Acarie, Marie-Sylvie de La Rochefoucauld, sœur du cardinal, Marie Phelipeaux-d’Herbault, Mesdemoiselles de Marillac, de Paconis ; il y avait aussi Madeleine de Fontaines-Marans, qui fut la première professe le 12 novembre 1605, et la première prieure française le 20 avril 1608 du couvent de l’Incarnation du faubourg Saint-Jacques ; elle devint célèbre et eut une énorme influence sous le nom de Mère Madeleine de Saint-Joseph.

16 Jean de Quintanadoine de Brétigny précéda en Espagne le Père de Bérulle négocier l’affaire.

17 Les autres carmélites arrivées d’Espagne étaient Isabelle de Saint-Paul, Isabelle des Anges, Eléonore de Saint-Bernard et Isabelle de la Conception.

18 Le 15 Janvier 1605, un deuxième carmel est érigé à Pontoise dans le monastère préparé par les soins de Madame Acarie, et les fondations se succèdent avec son concours  : Dijon (fin 1605), Amiens (1606), Tours (1607), Rouen (1609), Châlons et Bordeaux (1610), Avignon (1613), Dole (1614), Dieppe (1615), Besançon, Caen, Lyon et Toulouse (1616). En 1618, on comptait en France vingt-sept Carmels, en 1644, cinquante-cinq, et, en 1664, soixante-deux. En 1616, la duchesse de Longueville créait un second carmel à Paris, rue Chapon, et ensuite il s’en fonda un troisième rue de Grenelle.

19 Elle quitta Paris le 12 février 1614 et alla au Carmel de Pontoise d’où elle gagna le monastère d’Amiens où elle fut reçue le 16 février ; elle prit l’habit le 7 avril 1614. Elle prononça ses vœux solennels le 8 avril 1615.

20 Le mercredi de Pâques, 18 Avril 1618.

21 M. de Monthiers obtint quelques ossements pour la chapelle de son château de Nucourt ; un os du bras fut donné à l’église parisienne de Saint-Nicolas des Champs, et un autre à l’église Saint-Merry.

22 André du Val : « La vie admirable de la servante de Dieu, sœur Marie de l’Incarnation, connue dans le monde sous le nom de Mlle. Acarie (Paris, 1621).

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  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

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Mercredi 20 novembre – de la férie

  • Centre Bethléem et Presbytère de Rugles de 10:00 à 11:00 – Catéchisme
  • Centre Bethléem de 14:30 à 16:30 – Réunion catéchistes
  • Messe à l’église de Mandres à 18:00

Jeudi 21 novembre – Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie

  • Messe à l’église des Juignettes à 18:00

Vendredi 22 novembre – Ste Cécile, vierge et martyre

  • Messe à l’Ehpad de La Vannerie à 15:00
  • Eglise Notre-Dame de Chaise-Dieu du Theil de 17:00 à 18:00 – Prière silencieuse
  • Eglise de la Madeleine à 17:30 – Adoration
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30
  • Centre Bethléem de 18:30 à 19:30 – Aumônerie, 5ème et 4ème
  • Eglise Notre-Dame à 9:15 – Laudes
  • Messe à l’église Notre-Dame à 9:30
  • Presbytère de Rugles de 11:00 à 12:00 – Formation liturgique
  • Messe anticipée à l’église de Francheville à 18:00
  • Messe à l’église de St Germain de Rugles à 9:15
  • Eglise de la Madeleine à 10:00 – Chapelet de la confrérie
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:00