St Bonaventure, évêque et docteur de l’Église, 1221 – 14 juillet 1274.
Né en Toscane, Giovanni da Fidanza fut guérit par François d’Assise, qui le nomma Buona Ventura. Fils spirituel de saint François d’Assise, ministre général de l’Ordre des Mineurs, Bonaventure de Bagnorea fut aussi un théologien d’une rare profondeur. À l’école de saint Augustin, il scruta et enseigna “l’Itinéraire de l’âme vers Dieu”. Devenu cardinal-évêque d’Ostie, il mourut au concile de Lyon. Saint Bonaventure est Docteur de l’Eglise. Il écrira de nombreux ouvrages mystiques et restera célèbre pour son “Histoire de saint François” et son “Apologie des pauvres”. Il est enterré à Lyon.
Jean de Fidanza naquit à Bagnorea (actuel Bagnoregio près de Viterbe) en Toscane, en 1221 de Giovanni da Fidanza et de Maria Ritella. Honorius III étant pape, Frédéric II Hohenstaufen empereur et Philippe-Auguste roi de France.
A quatre ans une grave maladie le conduisit aux portes du tombeau. Désespérée, sa mère courut le porter à saint François, en promettant de le consacrer à Dieu dans son Ordre s’il guérissait. Le Saint, touché de compassion, prit l’enfant dans ses bras, se mit en prière, et le malade se trouva parfaitement guéri. Le saint patriarche, près de finir sa course mortelle, lui prédit toutes les grâces dont la miséricorde divine le comblerait, et animé d’un esprit prophétique, il s’écria : « 0 buona ventura , 0 la bonne rencontre ! » D’où le nom de Bonaventure qui lui est resté.
Quand Bonaventure atteignit sa dix-septième année, il exécuta le vœu de sa mère et entra dans l’Ordre Franciscain. Ses talents naturels déterminèrent ses supérieurs à l’envoyer étudier à l’Université de Paris, où il eut pour maître le célèbre Alexandre de Halès, surnommé le « Docteur irréfragable ». Il y rencontra un condisciple appelé à la plus grande célébrité, Thomas d’Aquin, avec lequel il se lia d’une étroite amitié. Cette amitié sembla faire revivre celle de saint Grégoire de Nazianze et de saint Basile.
Bonaventure passa, sans interruption et avec le plus prodigieux succès, des rudiments de la philosophie à ce que la théologie a de plus profond ; et bientôt l’Ecole retentit de ses louanges.
Se souvenant qu’il n’avait pas reçu l’onction sacerdotale pour lui seul, mais avant tout pour les âmes, Bonaventure voulut commencer à travailler à la vigne du Père de famille, et obtint d’être chargé d’annoncer la parole de Dieu pendant quelque temps. Ses supérieurs lui confièrent ensuite une chaire dans les écoles de l’Ordre. Puis, à trente-trois ans, il fut appelé à enseigner à la Sorbonne. Il y expliqua le « Maître des sentences » avec tant de succès qu’on l’aurait pris pour l’auteur, plutôt que l’interprète.
Un jour, Thomas d’Aquin lui demanda dans quels livres il puisait son admirable doctrine ; Bonaventure, montrant son crucifix, lui répondit : « Voilà l’unique source de ma doctrine ; c’est dans ses plaies que je puise mes lumières. » C’est à juste titre qu’il a été appelé le « Docteur séraphique » ; tant ses leçons portaient dans les cœurs le feu de l’amour divin. De si précieuses qualités lui valurent de prêcher devant la cour, avec la confiance et l’amitié du saint roi Louis IX. (Pour qui il composera un Office de la Passion)
L’Ordre des Frères Mineurs souffrait alors de dissensions intestines assez graves. Pour y porter remède le pape Alexandre IV ordonna la tenue d’un Chapitre général à Rome. Le Général de l’Ordre s’y démit de ses fonctions et reçut mandat de se choisir lui-même son successeur. Son choix porta sur le Frère Bonaventure. Grâce à la sage conduite du nouveau Général, la tranquillité revint bientôt dans les esprits, ce qui permit à Bonaventure de quitter Rome et de reprendre le chemin de Paris. Ce fut à cette époque qu’il entreprit d’écrire la vie de saint François ; il s’y consacra avec une ardeur incroyable. Thomas d’Aquin, venu un jour lui rendre visite, l’aperçut, la porte entr’ouverte, tout hors de lui-même. Pénétré de respect, il se retira en disant : « Laissons un saint travailler à la vie d’un saint. »
Le pape Clément IV, désireux de récompenser son mérite, l’avait nommé archevêque d’York (1265) ; mais l’humble franciscain présenta tant d’objections que le pape consentit à annuler sa nomination.
A la mort de Clément IV, les cardinaux furent plus de deux ans sans pouvoir lui donner un successeur. Ce ne fut que grâce à l’intervention de Bonaventure que Grégoire X fut enfin élu (1271) : Après l’élection il alla reprendre son enseignement à Paris.
Mais, bientôt en 1273, le pape Grégoire X le nomma Cardinal et évêque d’Albano. Les légats qui lui apportèrent le chapeau de cardinal le rencontrèrent à Florence, au moment où l’humble religieux était occupé à laver la vaisselle avec plusieurs autres frères. Il pria les légats de lui permettre d’achever son travail, et de suspendre à un arbre le chapeau qu’il ne pouvait décemment recevoir de leurs mains.
En 1274 fut convoqué le Ile Concile général de Lyon, pour l’union des Grecs et des Latins. Le pape ordonna à Bonaventure de s’y rendre. Le saint cardinal, par son labeur opiniâtre et sa science ne tarda pas à se montrer l’âme du concile, préparant les matières à traiter, démolissant les objections et les subtilités des ambassadeurs grecs. Nonobstant son état de santé déplorable, il fit le discours d’ouverture, et eut encore la consolation d’assister à la quatrième session, au cours de laquelle les Grecs abjurèrent solennellement le schisme.
Ce fut la fin. Il ne restait plus à Bonaventure qu’à aller recevoir la juste récompense due au bon serviteur. La mort le surprit en quelque sorte les armes à la main, le 15 juillet 1274. Il n’avait que cinquante-trois ans.
En apprenant cette mort le. pape Grégoire X s’écria : « Cecidit columna christianitatis ! Une colonne de la chrétienté s’est écroulée ! »
Ses funérailles furent un triomphe, et, avec le Pape, y prit part l’assemblée tout entière. L’oraison funèbre fut faite par le cardinal Pierre de Tarantaise, le futur Innocent V, qui commença par ces paroles de David : Doleo super te, frater mi, Ionatha
Epilogue
Selon son secrétaire, Pérégrin de Bologne, il aurait été empoisonné. Il est inhumé dans l’église franciscaine de Lyon aujourd’hui nommée église Saint Bonaventure. Son oraison funèbre fut prononcée par son ami, le dominicain Pierre de Tarantaise, futur Innovent V, sur le thème “Elle est tombée la colonne de l’Église”.
Quand, en 1434, ses restes sont transférés dans une nouvelle église dédiée à François d’Assise, le tombeau est ouvert. Sa tête aurait alors été trouvée dans un parfait état de conservation, ce qui favorise grandement la cause de sa canonisation.
Sixte IV, pape franciscain, canonisant saint Bonaventure le 14 avril 1482, ordonna que sa fête, dans la basilique des Saints-Apôtres à Rome (desservie par les Franciscains conventuels), serait considérée comme une solennité du Sacré Palais Apostolique. Plus tard on dédia au Saint une église et un couvent sur le Palatin.
En 1562 ses restes furent brûlés par des Calvinistes fanatiques. Seule sa tête a été sauvée.
Sixte Quint le proclame docteur de l’Eglise en 1587.
Grégoire X étant pape, Rodolphe Ier empereur d’Allemagne et Philippe III roi de France.
« Saint Bonaventure est unique par sa sainteté, par l’éminence de son savoir et de son éloquence, par sa conduite tout à fait remarquable, par son cœur plein de charité, par l’attrait de son commerce : bienveillant, affable, pieux, charitable, riche en vertus, aimé de Dieu et des hommes… Le Seigneur l’avait comblé de mérites si aimables que quiconque le voyait se sentait aussitôt le cœur saisi d’amour ». C’est ainsi que termine son rapport sur lui l’auteur des actes du Concile de Lyon.
Il est souvent représenté en évêque ou en costume franciscain : robe brune avec une ceinture de corde à trois nœuds, mais avec la chapeau de cardinal, parfois recevant un chapelet de la sainte Vierge Marie
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Hommes savants, sans l’amour de Notre-Seigneur, votre science n’est que vanité.
Pour la recherche spirituelle, la nature ne peut rien et la méthode peu de choses. Il faut accorder peu à la recherche et beaucoup à l’action. Peu à la langue et le plus possible à la joie intérieure. Peu aux discours et aux livres et tout au don de Dieu, c’est-à-dire au Saint-Esprit. Peu ou rien à la créature et tout à l’Etre créateur : Père, Fils et Saint-Esprit.
C’est cette faveur secrète que nul ne connaît s’il ne la reçoit et que nul ne reçoit s’il ne la désire, et que nul ne désire si ce n’est celui qui est enflammé jusqu’au fond des entrailles par le feu du Saint-Esprit, que Jésus-Christ a porté sur cette terre.
Qu’est-ce qu’un Docteur de l’Église ?
Déjà les contemporains unirent Thomas et Bonaventure dans un même sentiment de vive admiration. Après leur mort, leur culte est encore également uni, et Dante, dans son Paradis, met ses plus beaux chants sur les lèvres de l’Aquinate et sur celles de Jean Fidanza de Bagnoreggio, appelé par la suite Bona Ventura.
Et pourtant, ces deux éminents docteurs, qui ont entre eux tant de points de contact, diffèrent profondément l’un de l’autre par ailleurs. Thomas demeura toute sa vie l’homme de l’enseignement scolastique et de la paisible spéculation ; tandis que Bonaventure accuse une force plus vive de sentiment, et se livre avec succès à l’action et au gouvernement des peuples.
La place occupée par cet humble fils de saint François, parmi les docteurs de l’Église, est celle d’un astre lumineux de suprême grandeur. Tout l’édifice de la théologie scolastique atteint en effet son sommet en saint Thomas et en saint Bonaventure, après lesquels l’École ne fera guère autre chose que suivre, expliquer et défendre leurs positions. Après ce hardi mouvement ascensionnel sur les cimes les plus inaccessibles de la métaphysique chrétienne et de la théologie révélée, les disciples du Docteur angélique et du Docteur séraphique consacreront une bonne partie de leurs énergies à maintenir le dépôt sacré à eux confié.
L’Église a donné ce titre de Docteur aux saints qui se sont distingués dans l’Église de Dieu par leur enseignement et par leurs écrits. Pour l’obtenir, il ne suffit pas que le personnage en question possède l’érudition théorique, mais il faut aussi qu’il enseigne la science pratique de la vie ; il doit être un « Doctor vitae = un docteur de la vie »
L’Église pense aussi que les docteurs reçoivent au ciel, comme les vierges, une marque spéciale de gloire. Elle les honore à la messe par le Credo
Que nous apprend donc le Docteur ? Deux choses : à enseigner et à écouter. De même qu’il y a un sacerdoce général, de même l’on peut parler pour tous les fidèles de la mission d’enseigner. Sans doute les évêques seuls appartiennent à l’Église enseignante ; prêtres et laïcs font partie de l’Église enseignée. Cependant le laïc a souvent l’occasion et même le devoir d’enseigner : la mère est la catéchiste naturelle de ses enfants, et pourtant l’on voit rarement cette importante mission bien remplie par la mère. Il y a aussi un noble service à rendre à ses amis, qui consiste à les instruire par la parole ou par la plume. Aujourd’hui surtout beaucoup de laïcs doivent suppléer au manque de prêtres comme maîtres et comme guides dans les cercles et associations liturgiques.
D’autre part, au devoir d’enseigner chez le docteur de l’Église correspond chez le fidèle le devoir d’écouter avec docilité et bonne volonté. Voyons si nous avons à un degré suffisant le souci de faire progresser notre instruction religieuse. Allons-nous écouter les prédicateurs ? Lisons-nous des livres de spiritualité capables de nous instruire ? Connaissons-nous la Sainte Écriture ? Le chrétien cultivé devrait lire aussi quelques ouvrages des Pères et des Docteurs de l’Église.
L’itinéraire de l’âme vers Dieu
Le Christ est le chemin et la porte, l’échelle et le véhicule ; il est le propitiatoire posé sur l’arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.
Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Paque avec lui, c’est-à-dire qu’il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l’Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l’état de voyageur ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ : « Aujourd’hui avec moi tu seras dans le paradis. »
En cette traversée, si l’on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que « personne ne connaît sauf celui qui le reçoit », que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l’Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c’est pourquoi l’Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l’Esprit Saint.
Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture ; interroge l’Époux et non le professeur, Dieu et non l’homme, l’obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l’être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d’ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont « la fournaise est à Jérusalem. » C’est le Christ qui l’a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : « Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. » Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : « L’homme ne peut me voir et vivre. »
Mourons donc, entrons dans l’obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : « Cela nous suffit » ; écoutons avec Paul : « Ma grâce te suffit » ; exultons en disant avec David : « Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c’est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l’éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen ! »
St Bonaventure
Transpercez mon âme, très doux Seigneur Jésus, dans tout ce qu’elle a de plus profond et de plus intime ; transpercez-la du dard tout suave et tout salutaire de votre amour, de ce dard de la véritable et pure charité, de cette charité très sainte qu’a eue votre apôtre saint Jean ; en sorte que mon âme languisse et se fonde sans cesse d’amour et de désir pour vous seul. Qu’elle soupire après vous et se sente défaillir à la pensée de vos tabernacles ; qu’elle n’aspire qu’à sa délivrance et à son union avec vous. Faites que mon âme ait faim de vous qui êtes le pain des anges, aliment des âmes saintes, notre pain quotidien supersubstantiel ayant en lui toute douceur et toute suavité délectable.
ô vous que le désir des anges est de contempler, puisse mon cœur être toujours affamé et toujours se nourrir de vous, mon âme être remplie jusque dans ses profondeurs de la suavité de vos délices. Que mon cœur ait toujours soif de vous, source de vie, source de sagesse et de science, source d’éternelle lumière, torrent de délices, abondance de la maison de Dieu. Qu’il n’aspire jamais qu’à vous, ne cherche et ne trouve que vous ; qu’il tende vers vous et parvienne jusqu’à vous ; qu’il ne pense qu’à vous, ne parle que de vous, et qu’il accomplisse toutes choses pour l’honneur et la gloire de votre nom, avec humilité et discernement, avec amour et plaisir, avec facilité et affection, avec persévérance jusqu’à la fin. Soyez toujours mon seul espoir et toute ma confiance, mes richesses et mes délices, mon plaisir et ma joie, mon repos et ma tranquillité, ma paix et ma suavité, mon parfum et ma douceur, ma nourriture et ma force, mon refuge et mon secours, ma sagesse et mon partage, mon bien et mon trésor. Qu’en vous seul, mon esprit et mon cœur soient à jamais fixés, affermis et inébranlablement enracinés. Amen.
Accorde-nous, Dieu tout-puissant, tandis que nous célébrons l’anniversaire de saint Bonaventure, de mettre à profit les richesses de son enseignement, et de prendre en exemple sa brûlante charité.