Saint Benoît, abbé, fondateur du monachisme en occident qui enseigna la règle d’une vie heureuse :
” Ora et Labora” ! ; patron de l’Europe, 480 – 21 mars 547.
Plaire à Dieu seul
Saint Benoit (qui veut dire béni, Benedictus), naquit à Norcia en Ombrie, vers 480. Après avoir étudié à Rome, voulant rompre avec le monde, il se retira dans une grotte à Subiaco. Mais devant l’hostilité de certains moines d’alentour, il gagna la Campanie et s’établit au Mont-Cassin, d’où devaient rayonner sa sainteté et se répandre sa Règle. Il y mourut le 21 mars 557.
L’homme qui a brillé dans le monde par tant de miracles, l’a éclairé grandement aussi par sa doctrine. Il n’a jamais pu enseigner autrement qu’il n’a vécu, tel est l’éloge de saint Grégoire le Grand, biographe de saint Benoît.
La naissance de saint Benoît ne devrait pas être pour nous un simple fait d’une histoire fort ancienne, tant l’esprit de saint Benoît est toujours présent et à l’œuvre dans l’Eglise. La Règle qu’il nous a laissée et dont on a pu dire qu’elle nous donnait un reflet particulièrement pur de l’Evangile, comme le témoignage de sa vie sont pleinement actuels non seulement pour ses fils et ses filles, les moines et les moniales, mais aussi pour tous les fidèles. C’est, pour chacun d’entre nous une invitation à la prière, à la médiation des textes saints et à la charité fraternelle.
Un nouveau Moïse
Saint Benoît mourut en 547, sur le Mont-Cassin. Selon saint Grégoire le Grand, Six jours avant son trépas, il ordonna d’ouvrir sa tombe, et bientôt il fut pris d’une fièvre qui l’épuisa. Le mal s’aggravant de jour en jour, le sixième il se fit porter à l’oratoire par ses disciples, et là il reçut le corps et le sang du Seigneur pour en munir son départ. Puis, appuyant ses membres affaiblis sur les bras de ses disciples, il se mit debout, les mains levées au ciel, et dans son dernier souffle murmurait des prières. Ce jour-là, deux frères, l’un en cellule, l’autre plus loin, eurent la même apparition d’une vision identique, ils virent une voie jonchée de tapis et brillant d’innombrables jeux, qui, droit vers l’Orient, allait de la cellule de Benoît jusqu’au ciel. Un homme d’aspect surnaturel s’y tenait, étincelant, et leur demanda quel était ce chemin. Les disciples avouèrent ne pas le savoir ; alors il leur dit : « C’est la voie par laquelle Benoît, précieux au Seigneur, est monté au ciel. » (Dialogue, XXXVll.)
Ainsi Benoît vit sa mort comme une célébration de la rencontre du Seigneur, couronnement de sa vie. Lui, qui a fait don de toute sa vie, va recevoir la couronne de vie (Apocalypse II 10). Chaque semaine à l’Office divin, il dit : « Je veux te bénir en ma vie, à ton Nom élever les mains » (Psaume LXill) ; corps et âme tendus vers son Seigneur, au moment de la Rencontre, il incarnait le dernier des psaumes des montées qui accompagnaient le pèlerinage à Jérusalem, figure de la vie terrestre : « Voici maintenant le moment de bénir le Seigneur, vous tous, les serviteurs du Seigneur, vous qui vous tenez dans la Maison du Seigneur, dans les parvis de la Maison de notre Dieu. Au long des nuits, levez vos mains vers le Sanctuaire et bénissez le Seigneur » (Psaume 134).Voilà le tenue de la route où Benoît attend la parole que le Seigneur avait jadis dite à Moïse : « Voici une place près de moi » (Exode XXXill, 21)
Quelques semaines après la mort de sa sœur sainte Scholastique, Benoît meurt les bras levés et soutenus par ses disciples, attitude qui rappelle ce passage du Livre de l’Exode où Moïse sur la montagne intercédait pour Josué et tout le peuple combattant dans la plaine contre les Amalécites : Moïse, Aaron et Hur étaient montés sur le sommet de la colline. Or, tant que Moïse tenait ses bras levés, Israël était le plus fort. Quand il les laissait retomber, Amalek avait l’avantage. Comme les bras de Moïse étaient engourdis, ils prirent une pierre et la déposèrent sous lui. Il s’assit dessus tandis qu’Aaron et Hur lui soutenaient les bras, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les bras de Moïse ne fléchirent plus jusqu’au coucher du soleil. Josué décima Amalek et ses gens par le fil de l’épée (Exode XVil 10-13).
Ce texte sert traditionnellement de référence pour évoquer les contemplatifs, et ce n’est pas un hasard si saint Grégoire a retenu le récit du miracle de la source jaillie de la montagne : trois monastères perchés sur la montagne n’avaient pas de source, Benoît qui, après avoir longuement prié, avait disposé trois pierres et dit aux frères : Allez ; vous trouverez sur un rocher trois pierres superposées. Creusez un peu, et vous verrez que le Dieu Tout Puissant sait tirer de l’eau, même au sommet de la montagne, pour vous épargner ce chemin difficile.
Nul doute que, pour saint Grégoire, saint Benoît soit un nouveau Moïse. Moïse, guidé par Dieu, n’avait-il pas fait jaillir, dans le désert, l’eau du rocher (Nombres, XX) ? Or Benoît n’est un nouveau Moïse, que parce que, disciple du Christ, il possède en plénitude l’Esprit Saint qui avait animé Moïse et tous les prophètes. Ce geste coutumier des orants qui fut celui de saint Benoît au moment de sa mort est aussi un rappel de la croix qui nous sauve. C’est le geste du Christ qui étendit les mains à l’heure de sa passion, afin que soit brisée la mort, et que la Résurrection soit manifestée.
Ce dernier épisode de la vie de saint Benoît est riche d’enseignements. Il nous apprend qu’à chaque instant nous devons préparer notre rencontre avec le Seigneur et que, pour ce faire, il nous faut prier sans cesse pour être dans la joie et dans la paix, comme le dit saint Paul. Cependant, sachons que nous serons exaucés non dans un flot de paroles, mais dans la pureté du cœur. (Règle XX) : Hâtons-nous de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l’éternité.
Saint Benoît, par sa mort, nous enseigne aussi à ne pas être pleins de tristesse comme ceux qui n’ont pas d’espérance (1 Thessaloniciens IV 13). Le Seigneur nous affranchit de la mort, et dans le mystère de sa Résurrection, chacun de nous est déjà ressuscité.
Epilogue
Sainte Scolastique, sa sœur, aimait l’entendre parler de Dieu. Leur union de cœur est sans faille et d’une limpide sainteté. Pour mieux réussir dans son dessein de fonder un monastère pour dame, et pour s’approcher plus près de son frère, elle fit bâtir le monastère de Plumbariola, à une lieue et demie du Mont-Cassin.
Dès le 8c siècle, on célébrait sa mémoire le 11 juillet. C’est le jour qui a été retenu au Calendrier romain pour fêter le Père des moines d’Occident, qui est aussi le Patron de l’Europe (1964).
La fête de saint Benoît, célébrée le 11 juillet, est celle de la translation de ses reliques. Le corps de saint Benoît reposa d’abord au Mont Cassin qui, après le passage des Lombards, resta vide de moines. En 672, l’abbé de Fleury, Mummolus, envoya au Mont Cassin une troupe de moines, sous la conduite d’Aigulphe, pour récupérer les reliques de saint Benoît. Petronax ayant restauré le Mont Cassin, le pape Zacharie, en 750, demanda la restitution du corps de saint Benoît dont l’abbé de Fleury ne rendit qu’une part, entre 755 et 757.
Benoît sera proclamé par Paul VI, le 24 octobre 1964 patron de l’Europe.
Il veille, avec saint Christophe, sur tous ceux qui voyagent. On le prie pour échapper au poison. Ses reliques, comme sa médaille, sont mondialement reconnues comme ayant un immense pouvoir d’exorcisme.
Saint Benoît compte parmi ses fils plus de vingt Papes, ainsi qu’un nombre considérable d’Évêques, de Docteurs, d’Apôtres, de Savants et d’Éducateurs qui ont bien mérité de l’humanité et de l’Église.
Actuellement, la confédération bénédictine est composée de 22 congrégations masculines[ ]comptant un total de 8694 moines en 1995 et de 61 congrégations et fédérations de moniales et sœurs (au nombre de 16 000) O.S.B., réparties dans 840 abbayes et autres monastères féminins.
Iconographie
On trouve souvent près de saint Benoît un corbeau qu’il nourrissait de sa main et qui enleva, pour le jeter au loin, un pain empoisonné qu’on avait offert au patriarche.
Autour de lui, vaniteux et gourmands, envieux et méchants se déchiraient. Il en souffrit d’ailleurs, puisqu’on tenta de l’empoisonner et il partira pour le mont Cassin, aussi la coupe brisée rappelle celle qu’avaient empoisonnée les moines de Vicovaro et qui se brisa lorsque saint Benoît la bénit.
Le livre est celui de la règle : Il écrira la Règle des moines, aujourd’hui encore en vigueur au sein de l’ordre.
O Dieu tu as fait du bienheureux abbé Benoît un maître remarquable dans l’école du service divin, accorde-nous de ne rien préférer à ton amour, afin que nous puissions courir, le cœur dilaté, sur la voie de tes commandements.
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Prologue de la Règle de saint Benoît.
Avant tout, demande à Dieu par une très instante prière qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprends. Ainsi, celui qui a déjà daigné nous admettre au nombre de ses enfants n’aura pas sujet, un jour, de s’affliger de notre mauvaise conduite. Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d’employer à son service les biens qu’il a mis en nous, que non seulement il n’ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, mais encore qu’il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n’auraient pas voulu le suivre pour entrer dans la gloire. Levons-nous donc enfin, l’Écriture nous y invite : l’heure est venue, dit-elle, de sortir de notre sommeil. Ouvrons les yeux à la lumière qui divinise. Ayons les oreilles attentives à l’avertissement que Dieu nous adresse chaque jour :
Si vous entendez aujourd’hui sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, et ailleurs : Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises. Et que dit-il ? Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent.
Le Seigneur, cherchant son ouvrier dans la multitude du peuple à laquelle il fait entendre ces appels, dit encore : Quel est celui qui désire la vie et souhaite voir des jours heureux ? Que si, à cette demande, tu lui réponds : « C’est moi », Dieu te réplique : Si tu veux jouir de la vie véritable et éternelle, garde ta langue du mal et tes lèvres de toute parole trompeuse ; détourne-toi du mal et fais le bien ; recherche la paix et poursuis-la. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux veilleront sur vous et mes oreilles seront attentives à vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai : Me voici. Quoi de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite; Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie. Ceignons donc nos reins par la foi et la pratique des bonnes œuvres; sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins, afin de mériter de voir un jour Celui qui nous a appelés dans son royaume. Si nous voulons habiter dans le tabernacle de ce royaume, sachons qu’on n’y parvient que si l’on y court par les bonnes actions.
Comme il y a un zèle amer, mauvais, qui sépare de Dieu et conduit en enfer, de même il y a un bon zèle qui éloigne des vices, et conduit à Dieu et à la vie éternelle. C’est ce zèle que les moines doivent pratiquer avec une ardente charité, c’est-à-dire : ils s’honoreront mutuellement de leurs prévenances. ils supporteront très patiemment les infirmités d’autrui, tant celles du corps que celles de l’esprit. Ils s’obéiront à l’envi les uns aux autres. Nul ne recherchera ce qu’il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l’est pour autrui. Ils se rendront chastement les devoirs de la charité fraternelle. Ils auront pour Dieu une crainte inspirée par l’amour : ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère. Ils ne préféreront absolument rien au Christ, qui veut nous conduire tous ensemble à la vie éternelle.
Pensée spirituelle de saint Benoît
– Nul ne recherchera ce qu’il juge utile pour soi,
mais bien plutôt ce qu’il est pour autrui.
– Seigneur, mène à bonne fin tout ce que j’entreprends, si telle est ta volonté.
– La paresse est l’ennemie de l’âme.
- Ne parle pas pour rien dire ou seulement pour faire rire.
Pourquoi l’Eglise a-t-elle choisi des saints patrons pour l’Europe ?
Qui sont-ils et qu’ont-ils fait pour l’Europe ?
Les Saints sont ceux qui ont, pendant leur vie terrestre, noué une telle amitié avec Dieu qu’ils ont réussi à donner à voir quelque chose de l’amour de Dieu autour d’eux. En ce sens, ils sont un exemple et une source d’inspiration pour beaucoup d’autres personnes. Il est dans la grande tradition de l’Eglise catholique de mettre certaines activités ou territoires sous la protection particulière d’un(e) Saint(e). Cela permet aux chrétiens de s’appuyer sur son exemple concret et sa prière d’intercession dans leurs efforts pour construire un monde plus juste et plus digne. C’est en ce sens que l’Eglise a choisi des saints patrons européens, dont la sainteté s’est exprimée dans des circonstances historiques et dans un contexte géographique qui les rendent particulièrement significatifs pour le continent européen.
Les co-patrons de l’Europe sont aujourd’hui au nombre de six : Saint Benoît, proclamé patron de l’Europe par Paul VI en 1964, saint Cyrille et Méthode proclamés co-patrons en 1980 par Jean-Paul II et trois saintes proclamées co-patronnes de l’Europe en 1999 par Jean-Paul II : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein).
Paul VI présentera ainsi les raisons du choix de Benoît : « Messager de paix, fondateur de la vie monastique en Occident… Lui et ses fils avec la Croix, le livre et la charrue, apporteront le progrès chrétien aux populations s’étendant de la Méditerranée à la Scandinavie, de l’Irlande aux plaines de Pologne ». Soucieux de l’unification de ce qu’il appelait les deux poumons de l’Europe, Jean-Paul II proposa comme co-patrons de l’Europe, Cyrille et Méthode, pionniers de l’évangélisation de l’Orient. Inventeurs de l’alphabet cyrillique, ils traduiront la Bible en slavon et seront les acteurs de l’inculturation de l’Evangile au monde slave.
Jean-Paul II a aussi voulu que soit reconnue la contribution des femmes à l’Europe. Avec sainte Brigitte de Suède (1303-1373), cette femme du Nord qui fut mère de famille avant de fonder l’Ordre du Très Saint Sauveur, c’est l’importance du lien oecuménique qui est soulignée. En sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, c’est son engagement inlassable dans la résolution de multiples conflits qui déchiraient tant la société que l’Eglise de son temps qui est mis en valeur. Servir la communion fut l’idéal qui inspira sa vie.
Enfin, avec sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942), carmélite d’origine juive qui mourut à Auschwitz, c’est « d’une part, la protestation élevée contre toutes les violations des droits fondamentaux de la personne ; d’autre part, le gage de la rencontre renouvelée entre juifs et chrétiens » qui sont ainsi mis en lumière. « Déclarer Edith Stein co-patronne de l’Europe signifie déployer sur l’horizon du vieux continent un étendard de respect, de tolérance, d’accueil, qui invite hommes et femmes à se comprendre et à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture et de religion, afin de former une société vraiment fraternelle ». (Jean-Paul II).