Homélie Sainte Trinité 30 mai 2021
Ce matin, j’ai envie de vous raconter une histoire merveilleuse. Je suis sûr que vous aimez les belles histoires ! Peut-être vous rappelez-vous ces belles histoires qui ont bercé votre enfance, ces histoires qui nous faisaient rêver et qui en même temps nous disaient quelque chose de notre humanité, de notre condition humaine. Et bien les textes de la Parole de Dieu de ce dimanche – solennité de la Sainte Trinité, nous disent quelques belles étapes de l’histoire dont je veux vous parler. C’est l’histoire de l’amour de Dieu, de Dieu-Trinité, Père, Fils et Esprit. Je vais donc m’arrêter sur quelques étapes marquantes de cette histoire. Il y en aurait beaucoup, j’en ai retenu cinq, en fait.
1ère étape : la création du monde, au commencement. Nous le savons, plus précisément c’est notre foi : Dieu a créé le ciel et la terre. Et dès cette première page de la Bible, le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux, ce souffle dans lequel les Pères de l’Eglise ont vu l’Esprit Saint. Œuvre de création, de séparation, de distinction, œuvre dont le sommet, le chef d’œuvre si j’ose dire fut la création de l’homme. Dans le second récit de la création, à la deuxième page de la Bible, c’est encore par le souffle de Dieu insufflé dans ses narines que l’homme devint un être vivant. Par ce souffle divin, notre monde s’est constitué, organisé, dans un magnifique ordonnancement. Ce que Dieu a dit s’est fait aussitôt. Le Psaume 33 de cette fête de la Sainte Trinité nous invite à le méditer : Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. Il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint.
2ème étape : par Moïse, le peuple d’Israël a reçu la Loi, les commandements, les dix paroles du Seigneur. Ainsi, il a pu vivre, progresser, même lentement, dans le désert, après sa sortie d’Egypte, et parvenir ainsi en Terre promise. Cette Loi et ses diverses prescriptions – la Tora, ne lui ont pas été données par l’embêter, mais au contraire pour jouir de la liberté qui venait de lui être donnée. Dans le passage du Deutéronome que constitue notre première lecture, dans la mesure où le peuple a déjà fait preuve d’infidélité aussitôt sorti d’Egypte, Moïse l’exhorte vivement. Il veut le conscientiser. Tel un père qui n’abandonne pas son enfant, surtout lorsqu’il se perd, Moïse exhorte ainsi le peuple : Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur…afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours.
3ème étape que je ne vais pas développer, c’est celle des prophètes. De cet accompagnement patient de ces hommes de Dieu qui passe forcément parfois par des punitions et des coups de colères. Retenons encore ce que nous en dit simplement le Psaume 33 : Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine.
4ème étape : l’Incarnation, la venue de Jésus sur notre terre. Le Père a envoyé le Fils dans le monde. De surcroit, Il lui a donné tout pouvoir au ciel et sur la terre. Il a terrassé le Mal, Il a vaincu la mort, Il est ressuscité et est retourné au Père, dans sa gloire. Il est en quelque sorte venu prouver, apporter une signature définitive à l’amour miséricordieux du Père envers notre humanité marquée par le péché. Et honneur suprême, chef d’œuvre de sa Création œuvre du salut, Il a donné son pouvoir aux hommes. Il a envoyé en mission les disciples pour poursuivre Son œuvre. Ce sont les dernières paroles qu’Il leur a adressées – Evangile de ce dimanche : Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.
5ème étape : les disciples ont fait leur travail, nous sommes baptisés, confirmés. (Si certains ne le sont pas encore, il est important de dire que c’est possible à tout âge !). Nous sommes baptisés, nous avons reçu l’Esprit Saint, cette présence divine que Jésus lui-même avait promise, promesse de ne jamais nous laisser tomber, d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Et là, faisons appel à Saint Paul, sa magnifique lettre aux chrétiens de Rome qui est notre deuxième lecture. Il leur dit que puisqu’ils se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ils sont ni plus ni moins fils de Dieu. Tout au bout de l’histoire du christianisme, bien après les romains, à la suite du Fils, nous devenons fils et filles de Dieu le Père. L’Esprit nous donne de reconnaître et de nous tourner vers le Père. A l’image de ce qui se vit dans une famille humaine, nous les enfants de Dieu en devenons les héritiers. Héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à la condition de partager tout ce qu’il a lui-même vécu sur cette terre, y compris la souffrance. Mais sans épiloguer sur ce sujet, nous savons bien qu’elle fait tôt ou tard partie de notre condition humaine ! Alors, oui, nous sommes bel et bien les enfants de Dieu. A la suite des tout premiers disciples, nous sommes les disciples du 21ème siècle, nous sommes les disciples missionnaires qui ont forcément comme souci premier d’en faire d’autres, et dans le même temps de louer le Seigneur notre Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint.
Voilà l’histoire merveilleuse que je voulais vous raconter aujourd’hui. J’espère que vous l’aurez compris, c’est la grande histoire des baptisés. C’est celle que nous déployons amplement à la vigile pascale. C’est celle pour laquelle nous rendons grâce en toute eucharistie, et singulièrement celle d’aujourd’hui, en la solennité de la Ste Trinité. Frères et sœurs, c’est notre histoire !
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Amen.