Homélie 4ème dimanche de Carême 31 mars 2019
Oui, je me lèverai, et j’irai vers mon Père : Père, j’ai péché contre le Ciel et contre Toi.
Nous avons là le vrai mouvement de la conversion. Le péché atteint Dieu, il abime notre relation à Dieu et par-là, atteint nos frères et l’Eglise, et ainsi, le péché nous abime.
Le carême nous invite à imiter Jésus, nous rapprocher de Lui, à l’aimer et à le suivre. Les scrutins de nos catéchumènes nous rappellent ce cheminement vers Pâques, victoire du Christ. Se convertir, c’est s’attacher au Christ, c’est se laisser surprendre par l’action de Dieu (Lc 15).
1) Dieu le Père donne
Un père avait 2 fils. Ce Père a donné la vie, la vie biologique. Dieu est créateur. Nous ne savons rien de la maman de ces 2 fils, comme à Cana nous ne savons rien de l’épouse.
Le Père accorde à son fils cadet ce qu’il lui demande : la part d’héritage. Ce fils pense qu’avoir, c’est gagner en autonomie, c’est devenir adulte. Il n’en est rien. Il reste dépendant de son père.
Le fils cadet compte sur les biens matériels, sur ses forces. Mais il va avoir faim, il devient esclave et reconnait son erreur. Il veut retourner chez son père, là où les ouvriers ont du pain en abondance. Le fils n’a rien, les ouvriers sont dans l’abondance.
Face à ce fils cadet qui veut se libérer de l’autorité de son père, regardons Jésus. Il vient dans le monde pour faire la volonté de son Père. Il se reçoit de son Père (Jn 4). Jésus, le Fils bien aimé, a aussi eu faim, dans le désert. Il nous a dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de la Parole de Dieu, de confiance, d’amitié, de relations… et bien sûr de l’Eucharistie. Ce sacrement est la nourriture pour le Royaume, annoncé dans le festin de l’Evangile. Oui, le Père donne !
2) Dieu le Père attend
Son Père l’aperçut et fut saisi de pitié. Que fait le Père ? Il attend ! Dieu ne semble pas pressé. Le carême enseigne la durée, la patience. 40 ! Comme il était encore loin… en attendant notre conversion, Dieu ne fait pas rien. Il nous désire, il nous veut pour lui, avec Lui. Sur notre route, Il envoie Jésus. Jésus est le frère revenu à la vie, d’une manière unique.
Crucifié pour nous, ressuscité par amour pour nous, Jésus est la source de vie. Nos catéchumènes savent bien que Jésus comble nos coeurs et change notre regard sur le monde.
Oui, il y a urgence à changer le monde, marqué par l’indifférence, la violence, le gaspillage, le désordre… Il y a urgence à vivre dans la confiance, l’amour et à servir ceux qui ont besoin. Déjà, nous sommes en route pour annoncer que Dieu nous aime et nous sauve : je pense à la catéchèse, au service auprès des personnes malades et à ce qui se vit dans les écoles catholiques.
Jésus nous invite au festin des noces de l’Agneau. A chacun, le Père dit, comme à son fils ainé : toi mon enfant, tu es toujours avec moi ! tout ce qui est à toi est à moi. Voilà notre héritage : la vie de Dieu, sa sainteté, son amour. Quelle richesse !
3) Dieu le Père sort
2 fois, dans la parabole, le Père sort. Pour se jeter au cou de son fils cadet et pour calmer la colère, la jalousie du fils ainé. Quelle preuve d’amour ! Combien de parents, d’éducateurs ont vécu ces 2 attitudes : consoler celui qui se reconnait pécheur, qui a fait fausse route et qui revient et guérir celui qui se ferme à la joie, à la conversion. Combien vivent dans l’amertume, dans la tristesse, sans croire à cet amour fidèle du Père, au pardon possible ! Jésus est notre joie !
Dieu sort. Il est le bon berger qui vient nous chercher. Il est l’Agneau de Dieu qui porte notre péché. Jésus ne fait pas que porter sa croix… il nous porte, Il nous relève, Il nous guérit par son Esprit saint qui nous fait murmurer : Père, j’ai péché contre le ciel et contre Toi.
« Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs » (François, EG 1