Homélie 3ème dimanche de Carême 14 et 15 mars 2020
Si tu savais le don de Dieu…
Après le désert et la montagne du Thabor, nous rencontrons Jésus au bord d’un puits. Et nous
sommes témoins d’une rencontre étonnante. Jésus parle avec une femme, qui est une samaritaine.
En effet, depuis le retour de l’exil à Babylone (6ème siècle), juifs et samaritains sont ennemis.
Cette femme vient puiser de l’eau à midi, l’heure la plus chaude. Au moins, elle ne rencontrera pas
les villageois. Elle pensait être tranquille. Et Jésus est là : « Donne-moi à boire ! ».
1) Il est midi et Jésus a soif
C’est la sixième heure. C’est l’heure à laquelle le vendredi saint Jésus sera mis en croix. Et de
nouveau, sur la croix, notre Sauveur dira ; J’ai soif ! (Jn 19).
L’Evangile de saint Jean nous fait donc marcher du puits de Jacob en Samarie au pied de la croix.
Nous sommes en Carême, et nous cherchons à aimer toujours plus Jésus. Et cet amour est possible,
car l’amour de Dieu a été répandu en nos coeurs par l’Esprit saint qui nous a été donné (Rm 5,5). Le
carême invite chacun à revenir de tout son coeur vers Jésus (mercredi des cendres) et à vérifier
notre relation profonde à Jésus. Pour Benoît XVI, le Carême est une invitation à donner davantage
de temps à Dieu, dans la prière, la lecture de sa Parole et les sacrements (17 février 2013).
Quelle est notre volonté de rencontrer Jésus dans la prière personnelle ou liturgique (même si
l’épidémie actuelle pourrait nous ralentir ou nous effrayer), par la lecture de l’Evangile, la
méditation du chapelet ou l’adoration eucharistique.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera et nous viendrons à Lui (Jn 14, 23).
2) Un drôle de dialogue, Jésus est fatigué
Jésus est fatigué par la route, par la chaleur, les tensions qui déjà émergent autour de sa
prédication, de sa personne. Plus encore, Jésus passe du temps à prier, à guérir les malades, à
enseigner. Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père. Cette volonté, c’est de nous chercher,
de nous attendre, de nous sauver… et nous sommes lents à nous convertir. Jésus est fatigué de
notre lenteur. Cette femme dialogue avec Jésus. Elle se moque de Jésus au début (tu n’as rien pour
puiser… serais-tu plus grand que Jacob ?), mais elle se laisse aimer par le Seigneur qui ne la juge
pas. Elle découvre que Jésus est le Messie. Jésus parle en vérité avec cette femme, qui a soif
d’aimer et d’être aimée. Mais le dialogue devient surprenant. S’il y a une soif d’aimer dans le coeur
de cette femme comme dans le nôtre, Jésus nous révèle que Dieu a lui aussi soif d’aimer et d’être
aimé. Il y a dans le coeur de Dieu comme un manque, une soif d’aimer à l’infini, soif d’amour gratuit,
soif d’adorateurs. J’ai voulu répondre, en ce temps de carême, voire de peur, à une demande de
prière, à la soif qui habite nos coeurs en vous invitant à venir adorer le Seigneur. C’est facile. Le
Père cherche des adorateurs. Le Père nous attire, nous attend. Puisons à la source de l’Eucharistie.
3) Elle laisse sa cruche, Jésus est Sauveur
Cette femme vient puiser de l’eau et rencontre Jésus. La foi nait dans son coeur. L’eau vive que
Jésus promet coule en elle. Dans sa joie, elle laisse sa cruche et elle devient amphore, source pour
son village : Venez voir ! Cette femme est devenue apôtre. Venir à Jésus, marcher avec Jésus est
la première attitude de la foi (Jn 1). Croire, c’est vivre avec le Seigneur et se laisser enseigner,
illuminer. Le disciple voit autrement. Il regarde avec les yeux de Dieu. La 3ème attitude, c’est de
demeurer avec Jésus, ce que les Samaritains font. Jésus demeure avec eux, avec nous encore ce
matin dans sa Parole et la sainte Eucharistie. Jésus nous devance, veut nous combler. Il a soif que
nous ayons soif de Lui ! Laissons Jésus, par son coeur transpercé sur la Croix, répandre son Amour
infini, gratuit, transformant et nous devenons des sources, des amphores.
La joie de l’Evangile remplit le coeur et la vie de tous ceux qui rencontrent Jésus (François, EG 1