Homélie 17 et 18 septembre 2022 – 25ème dimanche
Je voudrais qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement…
Saint Paul exhorte, à travers son disciple bien aimé, Timothée, à prier : « faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité ».
Quelle puissance que la prière des chrétiens ! sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « Qu’elle est donc grande la puissance de la prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant libre accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande ».
Dans un monde où la logique est l’efficacité, le profit, la domination, notre première difficulté pour la prière est de trouver un moment régulier dans la journée.
Chaque semaine, il y a le dimanche ! Mais en semaine, c’est parfois plus délicat, même s’il existe aujourd’hui de nombreux moyens pour tourner notre coeur vers le Père plein de tendresse, pour fixer notre regard sur Jésus « qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tim 2).
En fait, qu’avons-nous de plus important à faire que de nous arrêter devant Dieu, lui qui vient nous enrichir… par sa pauvreté. Nous pensons trop souvent faire des choses utiles J !
Le Pape Benoit XVI expliquait ce mouvement de Dieu. « Le Christ lui-même, lui qui, pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté” (2 Co 8, 9). Cela semble un paradoxe, le Christ ne nous a pas enrichis par sa richesse, mais par sa pauvreté, c’est-à-dire par son amour qui l’a poussé à se donner à nous totalement » (Benoit XVI, angelus 27 septembre 2007).
Sans rejeter le monde dans lequel nous vivons, prier, c’est dire à Dieu qu’Il est notre vraie richesse,
que ce que nous faisons est moins important que ce que nous sommes, ses enfants bien-aimés.
Face à cette logique du profit, il y a la logique de Dieu, de la gratuité, du don, de la gratitude, devant ce que le Seigneur a fait pour nous, pour chacun, pour toi, pour moi ! Jésus, « qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1Tim 2).
Prier, c’est accueillir l’amour de Jésus, se laisser regarder et saisir par Jésus, le Fils de Dieu, le seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Prier, c’est, rendre grâce, supplier, demander, remercier, intercéder (chapelet, lecture Evangile, adoration, messe…). En un mot, c’est dialoguer, échanger avec ce Dieu dont on se sait aimer.
Et quelle puissance de vie dans cet échange ! Pensons à l’échange de regard entre deux amoureux, entre des parents et leur enfant. Dans la prière, il y a un échange d’amour, il y a une transformation.
L’Esprit saint jaillit et nous permet de voir comme Dieu. J’aime cette parole de st François de Sales : « quand tout va bien, prie 30 mn, quand tu es très occupé, prie 1 h ».
Nous pouvons de fait nous demander quelle expérience de la prière nous avons. Prier, ce n’est pas perdre son temps, mais vivre à la manière de Jésus et participer ainsi au salut… ce que nous vivons dans chaque eucharistie, célébrée pour la gloire de Dieu et le salut du monde. La messe, comme tout sacrement, c’est la prière toujours exaucée, car la messe, c’est l’action de Dieu, les sacrements, ce sont des dons de Dieu.
Enfin, prier est une mission, un devoir, que Paul nous rappelle, parce que Jésus Lui-même a prié.
Dans la nuit, avant d’appeler ses apôtres, avant de multiplier les pains et les poissons, de ressusciter Lazare. C’est la consigne de prier pour ne pas entrer en tentation, pour demander des ouvriers à la moisson. Mais c’est aussi la longue prière au cours de son dernier repas pour l’unité des chrétiens, pour l’évangélisation. C’est la prière parfaite de l’agonie, de son amour extrême pour son Père et pour nous : non pas ma volonté, mais ta volonté, Père !