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A la COP28, les organisations catholiques porte-paroles des plus vulnérables
Sur le site hors-norme de l’exposition universelle de 2020 de Dubaï, où se tient la COP28 du 30 novembre au 12 décembre, les organisations catholiques ont un rôle à part. Médiatrices entre les pays développés et les plus vulnérables, elles sont également les porte-paroles de ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement.
Marine Henriot – Envoyée spéciale à Dubaï, Emirats arabes unis
En plus du pavillon de la foi, havre de calme au milieu d’une COP tumultueuse, qui est une première, les organisations catholiques se sont fortement mobilisées pour cette 28eme édition de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, notamment inspirées par la publication de Laudate Deum quelques semaines avant ce grand rendez-vous au chevet de la planète mais plus globalement par la bataille menée au quotidien par le Pape François pour la sauvegarde de la Création.
La CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité) est une organisation chapeautant les agences catholiques de développement du monde entier. Lundi 2 décembre, ils ont soumis aux responsables des «recommandations d’actions pour la COP28», un texte qui rappelle les lignes attendues dans le document final de la COP28, le bilan mondial. Prévu pour le 12 décembre, les organisations catholiques souhaitent que ce texte permette d’accroître la résilience des systèmes alimentaires grâce à l’agroécologie et à la diversification, d’alimenter le fonds pertes et dommages et d’adopter des formes contraignantes de transition énergétique.
Identité dans les valeurs
«Les catholiques, nous représentons la planète entière, nous ne sommes pas juste dans une partie du monde, nous sommes au-delà des frontières nationales et avons une identité dans les valeurs», note Josianne Gauthier, secrétaire générale de la CIDSE. «Les catholiques sont aussi dans beaucoup de pays pauvres, ils sont presque une représentation des personnes exclues, des personnes qui sont marginalisées par des systèmes qui sont très injustes.» ajoute-t-elle.
Même tonalité du côté du père jésuite Rigobert Minani, coordinateur de Réseau Ecclésial du Bassin du Congo (Rebac), signataire également des «recommandations d’actions pour la COP28». Il a lui aussi fait le déplacement à la COP28 de Dubaï. «Les religions ont un rôle noble par rapport à la question du changement climatique, dit-il, nous ne pouvons pas être la génération qui va cautionner la disparition du genre humain créé par Dieu».
Poumon de l’Afrique, le bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, la Guinée et la Gabon. C’est notamment pour sauver ce précieux espace que le père Rigobert Minani prône lui aussi le «multilatéralisme par le bas», «comme ça fait des années que les Etats ont promis des choses et qu’ils ne réalisent pas, c’est le temps probablement à la population de se lever et de prendre les choses en main pour influencer à la fois les gouvernements mais aussi faire la différence elle-même.»
Gouvernance éthique
Laudate Deum à la main, le père Germain Rajoelison, secrétaire générale adjoint du SECAM, le symposium des conférences épiscopale d’Afrique et de Madagascar, cherche aussi la porter la voix des populations vulnérables auprès des plus grands. S’il se réjouit de la création du fonds «pertes et préjudices» qui devrait permettre des mécanismes de compensations financières pour les dommages dus aux changements climatiques dans les pays les moins développés, il est aussi là pour inciter les chefs d’Etats, notamment de son continent, à adopter une politique «éthique», une bonne gouvernance au service de la population, faisant de l’Eglise un pont entre les citoyens et les sphères du pouvoir.
Pression pour les derniers jours de négociations
Jeudi 7 décembre, tandis que les négociations vont entrer dans leur deuxième semaine, les organisations catholiques ne relâchent pas la pression. Dans un communiqué commun, la Caritas et la CIDSE exhortent les négociateurs et les dirigeants mondiaux participant à COP28 «à œuvrer en faveur d’un accord juste et audacieux qui garantisse l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles, mette la planète sur la voie de la réalisation de l’Accord de Paris et apporte un soutien financier aux communautés touchées par le changement climatique.»
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