La traditionnelle assemblée plénière de printemps de la Conférence des évêques de France débute ce 1er avril à Lourdes. Après une journée et demie consacrée au sujet des abus, les évêques auront surtout à élire un nouveau président et un Conseil permanent. Une assemblée sous le signe de la réforme structurelle et en forme de bilan.
Les évêques de France se rassemblent à Lourdes comme chaque printemps pour l’une de leurs deux assemblées plénières, du 1er au 4 avril. Avec une décision importante pour les années à venir : l’élection d’un nouveau président et du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF). Et une singularité : les deux jours précédents, lundi 31 mars et jusqu’à 16h30 mardi, se tient un “point d’étape sur les mesures mises en œuvre pour lutter contre les violences sexuelles dans l’Église”. “Notre intention, pendant ce jour et demi, est de mesurer le chemin parcouru, et de tracer des perspectives pour la suite”, a précisé Mgr Éric de Moulins-Beaufort dans son discours d’ouverture.
Depuis la remise du rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église), en octobre 2021, les évêques français ont effectivement pris un certain nombre de décisions pour faire de l’Église une “maison sûre”, reprenant certaines des recommandations du rapport et organisant des groupes de réflexion. Avec plus de 300 participants, ils feront ainsi le bilan de ce travail en même temps qu’ils tâcheront de voir “ce qui reste à faire et les perspectives encore à ouvrir, en donnant la parole à des personnes victimes ainsi qu’à des acteurs clés de l’Église et de la société civile, engagés dans la lutte contre les violences sexuelles.”
La parole libre des invités diocésains
Pourquoi ont-ils été invités ? “Nous ne leur demandons rien d’autre que de dire simplement ce qu’il leur paraît important de dire pour le bien de tous, des personnes victimes, de notre société, de l’Église en France et ailleurs”, détaille Mgr de Moulins-Beaufort dans son adresse. Ajoutant, au nom de tous : “Nous, évêques, sommes désireux d’entendre ce que vous, qui représentez à bien des égards le peuple de Dieu au service de qui nous sommes envoyés, avez à nous dire.” Ce travail, à Lourdes, entre catholiques de France, n’a cependant pas pour but d’être renfermé sur lui-même mais ouvert aux autres réalités ecclésiales et institutionnelles. Soulignant par exemple la présence de Florence Mangin, ambassadeur de France près le Saint-Siège, le président de la CEF note : “Nous ne menons pas cette session entre nous, mais devant et avec aussi les institutions de notre pays et toutes les institutions qui peuvent être engagées dans la lutte contre les violences.”
Les moments forts de cette journée et demie ? Relecture spirituelle du processus, interventions de Jean-Marc Sauvé (président de la CIASE), de Marie Derain de Vaucresson (présidente de l’INIRR) et Antoine Garapon (président de la CRR) et la présentation du rapport d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations des groupes de travail par une religieuse, une laïque et un prêtre nommés en 2023 par la CEF et la CORREF. Rapport déjà mis en ligne et qui souligne la lenteur des changements dans les diocèses en même temps que l’engagement des évêques et singulièrement du Conseil permanent.
Un nouveau président pour la CEF
Lequel arrive à la fin de son mandat. Ce sera l’enjeu principal de l’Assemblée plénière qui commencera pour de bon le 1er avril après-midi. Après des temps consacrés aux “enjeux de la mission de l’Église en France pour les trois prochaines années”, durée des mandats à la CEF, sous le mode de la conversation spirituelle, comme au Synode sur la synodalité, les évêques éliront leur Conseil permanent. Avec une nouveauté, issue de la réforme de structure de la CEF menée ces dernières années.
Un nouveau mode de représentativité par province a été introduit en mars 2023, chacun des trois membres de la présidence représentant sa province (soit 16 membres contre 10 auparavant) et l’archevêque de Paris siégeant de droit. Un changement qui pourrait sembler “technocratique” mais qui a pour but d’alléger les coûts de la CEF et de mieux travailler en province, en utilisant plus cette réalité canonique subsidiaire souple et cohérente. Ainsi les évêques parleront-ils de ce nouveau fonctionnement et du budget.
Comme figure médiatique de représentation, c’est le nouveau président qui va retenir l’attention. Élu le 2 avril, son nom sera connu dans la foulée, avant qu’il ne fasse sa première conférence de presse, entouré de ses deux vice-présidents, le 3 avril à 14h. Trois nouveaux visages pour ouvrir, même si le mandat ne commence qu’au 1er juillet, trois nouvelles années pour l’Église de France.
ALETEIA