Vatican News est le portail d'information du Saint-Siège qui, avec Radio Vatican, L'Osservatore Romano et Vatican Media, entend répondre "toujours mieux aux besoins de la mission de l'Église" dans la culture contemporaine.
ZENIT est une agence d’information internationale sans but lucratif, formée d’une équipe de professionnels et de bénévoles convaincus que la sagesse extraordinaire du Souverain Pontife et de l’Eglise catholique peuvent nourrir l’espérance et aider l’humanité à trouver la vérité, la justice et la beauté.
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Jeudi 31 octobre – de la férie Vendredi 1 novembre – Tous Lire plus…
Pourquoi la barque ne coulera pas !
Padreblog ? « Une parole réactive de prêtres sur l’actualité » proclame notre ligne éditoriale. Jamais celle-ci n’a pourtant été si peu réactive. L’avalanche des récentes révélations n’a pas vraiment rendu pressante l’envie d’écrire. Mais… c’est le carême. Puis il y a eu la parution du nouveau livre du cardinal Sarah et cet appel, via Twitter, d’un célèbre avocat parisien : « Et si, une fois la situation intégrée, on arrêtait de se regarder, de s’ausculter, de se psychanalyser, de se commenter, pour le regarder… Lui ? ».
La scène se passe à Rome, le vendredi
saint 2005. La foule des chrétiens, rassemblée ce jour-là pour méditer
le chemin de croix, entend la méditation du prédicateur : « Souvent,
Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler. Et dans ton
champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le
visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui
les salissons ». Celui qui parle ainsi sera élu pape quelques semaines plus tard sous le nom de Benoît XVI.
Ces mots ont presque quinze ans. Et ils sont encore d’actualité. Au cœur même de l’Eglise, les contre témoignages sont flagrants,
nombreux, scandaleux. Comme l’a avoué un jour le pape Benoît XVI, la
plus grande persécution de l’Eglise ne vient pas d’ennemis « du dehors »
mais « du dedans ». Mais ce qui heurte certainement le plus c’est que
depuis des décennies, malgré les révélations et les déclarations, rien
ne semble avoir bougé.
Résister à la tentation de l’abandon
Tous
nous sommes torturés par de bien douloureuses questions : quelles
raisons ai-je de rester ? Ne faut-il pas, au minimum, commencer à
prendre de la distance avec cette Eglise si souillée, dont la
crédibilité – gage de son attrait – est tant mise à mal ? Finalement,
qu’est-ce qui me retient ?
Beaucoup de chrétiens parlent de
l’Eglise comme d’une réalité extérieure à eux-mêmes. Pourtant, par leur
baptême, ils ne sont pas seulement membres de l’Eglise ; ils sont
l’Eglise. L’évoquer, c’est en parler comme de sa propre famille : une
réalité que l’on n’a pas choisie, qui connait des joies et des peines,
des lumières et des ombres. Comme dans toute famille, on n’est pas fier
de tout, mais elle est notre famille et on aime ce groupe humain qui
avance, cahin-caha, qui se porte et se supporte ! Lorsqu’un membre
tombe, c’est la famille entière qui est blessée ; lorsqu’un membre fait
le bien, la famille entière en est honorée.
La tentation de l’abandon guette les disciples du Christ depuis les origines. Elle peut prendre plusieurs formes,
de la crispation à la dilution. En face, nos adversaires s’en donnent à
cœur joie pour remettre en cause la doctrine de l’Eglise, salie par les
scandales et l’infidélité de tel ou tel. A l’intérieur, certains
tombent dans le piège : ils affadissent le message ou bien n’osent plus
le proclamer dans son exigence tellement il contredit l’esprit du monde.
Un nouveau péril nous guette : celui de la division.
Quelles raisons ai-je de rester ? Nous
ne ferons pas l’économie de les chercher dans la prière, la pénitence et
le partage qui sont justement les armes du carême.
Les chercher par nous-même mais aussi les trouver. Peut-être irons-nous
plus régulièrement vers une source à laquelle nous n’avons jamais fini
de nous abreuver : l’Eucharistie ? Depuis le Jeudi saint, que nous
allons bientôt célébrer, elle est la source et le sommet de la vie
chrétienne, si bien qu’on ne sait plus trop – et tant mieux – si ce
n’est pas tant l’Eglise qui fait l’Eucharistie que l’Eucharistie qui
fait l’Eglise.
Une institution pas comme les autres
Il nous faut trouver comment
reconstruire, selon quels modèles et pour quelles fonctions. Sans
oublier qu’il y a un droit de critique dans l’Eglise mais il est d’abord
autocritique…
L’appel de saint Matthieu (Peinture du Caravage, Rome)
En donnant à ses apôtres la mission d’être lumière pour ce monde et sel de la terre, Jésus ne leur dit pas comment faire. Il leur dit juste quoi faire : « Allez baptiser les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Le Christ leur fait confiance et leur promet juste une chose afin d’accompagner l’enthousiasme et les persécutions : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Ce sont ses derniers mots, juste avant de monter vers son Père. Il ne dit pas : « Je reste avec vous tant que vous êtes présentables et à la hauteur ». Il dit juste : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Sa promesse est sans condition.
Il reste donc impossible de séparer
l’Eglise du Christ. Sans la foi, on n’y voit simplement qu’une
institution critiquable, comme toute institution. Elle est pourtant
humaine et donc fragile mais aussi divine et sainte, choisie et voulue
par le Christ, toute brûlante de l’Esprit-Saint. Elle n’a pas été
inventée accidentellement par les hommes comme une verrue sur
l’évangile ! Lorsqu’il la fonde, Jésus appelle Pierre, Judas et les
autres. Le reniement du premier et la trahison du second n’ont jamais
été occultés. Quand on est disciple du Christ, on n’a pas peur de la
vérité qui rend libre. Cette vérité nous fait aussi contempler les
multiples exemples de sainteté qui ont parsemé les siècles de son
histoire.
Le défi, c’est de regarder chacun de nos
mouvements d’Eglise, chacune de nos associations, aumôneries,
paroisses, … comme des servantes de l’alliance entre Dieu et les hommes,
au service de la rencontre entre Dieu et l’homme. Une structure
d’Eglise auto-centrée meurt si elle n’est pas au service de cette
rencontre. Peut-être avons-nous cru qu’évangéliser c’était parler depuis
un piédestal. Mais la mission, ce sont des pauvres qui parlent à d’autres pauvres.
Et tous sont aimés de Dieu. Où en sommes-nous de cette alliance ? Ce
que je vis m’aide-t-il à rencontrer Dieu ? Mes amitiés, mon travail, mes
loisirs, m’aident-ils à rencontrer Dieu ?
Il y a-t-il une raison d’espérer ?
La seule raison d’espérer, disait
récemment un jeune évêque, c’est qu’il n’y a pas de raison de…
désespérer. Ce n’est pas une pirouette ! S’inquiéter ? Se scandaliser ?
Réagir ? Oui, certainement. Mais désespérer : non ! On n’a jamais de
raisons de désespérer : le désespoir est du côté de la déraison autant
que l’espérance est du côté de la raison. Il faut moins chercher de
raisons d’espérer que se tourner avec raison vers l’espérance.
Tout
est affaire de regard et d’optimisme. Un regard de foi et d’espérance
qui n’est pas un angélisme. Si le mystère du mal se manifeste de façon
encore plus flagrante, nous devons regarder au-delà de l’horizon. Depuis
l’aurore de Pâques, depuis la victoire du Christ sur le péché et sur la
mort, l’issue est certaine. Que va-t-il se passer ? La barque Eglise
sera certainement encore bien secouée… Mais « ce que je sais pour demain, disait le grand prédicateur Henri Lacordaire, c’est que la Providence se lèvera avant le soleil ».
L’Eglise est le peuple de Dieu : non pas
parce que nous sommes les propriétaires de Dieu et de son message mais
parce que l’Eglise est la propriété de Dieu. C’est Lui qui, en premier, a
pris l’initiative de nous rassembler. Non pas pour faire du chiffre
mais pour dire, en son nom, ce qui est vrai et bon pour l’homme. Même si
les ténèbres semblent épaisses, nous ne marchons pas à l’aveuglette.
Nous savons où nous allons : à la Rencontre du Christ qui, lui, vient au
devant de son Eglise pour l’assister.
Mieux encore : il suscitera en elle des
saints à la taille de la crise actuelle. Comme elle est d’importance… on
peut donc espérer de très grands saints ! L’Eglise attend donc des
familles et des écoles où l’on transmet courageusement la foi, des
bénévoles qui servent les plus pauvres et les plus fragiles, des
paroisses qui soient des lieux de consolation où l’on s’encourage et se
réconforte pour repartir dans le monde.
En pèlerinage sur la terre, nous arriverons un jour devant le Maître avec nos vêtements déchirés, nos misères et nos faiblesses et nous lui dirons : « Je n’ai pas renoncé, je n’ai pas déserté, jusqu’au bout j’ai essayé d’être Tes mains, Ton cœur, Ta voix ». Alors, le Seigneur trouvera belle son Eglise pour laquelle il s’est livré et il dira : « Entre dans la joie de ton Maître ! ».