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ZENIT est une agence d’information internationale sans but lucratif, formée d’une équipe de professionnels et de bénévoles convaincus que la sagesse extraordinaire du Souverain Pontife et de l’Eglise catholique peuvent nourrir l’espérance et aider l’humanité à trouver la vérité, la justice et la beauté.
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Jeudi 31 octobre – de la férie Vendredi 1 novembre – Tous Lire plus…
Mercosur, intempéries, élections professionnelles… pourquoi la colère agricole reprend
Le monde paysan annonce une nouvelle mobilisation le 18 novembre. Les intempéries, la dissolution et les élections aux chambres d’agriculture ont rallumé les braises.
Sur son tracteur, Stéphane Lorget plante le blé d’hiver. Ou le replante, plutôt. Comme tout agriculteur céréalier, il en avait déjà semé début octobre. Mais cette année, la météo lui a fait revoir ses plans : quelques jours après ses semailles, la tempête Kirk s’abat sur son exploitation à Latilly, dans l’Aisne. Le Wadon, un des nombreux cours d’eau en crue du département, inonde ses champs. Betteraves, colza, blé, tournesol… tout baigne dans l’eau. « L’épisode n’a duré que vingt-quatre heures, mais je me retrouve avec une perte de 100 000 euros », décrit-il. Stéphane n’est pas un cas isolé. Avec les pluies qui tombent sur le pays depuis des mois, la production céréalière devrait baisser de 20 % cette année.
« C’est la pire année agricole depuis quarante ans », abonde Paul Mougenot, agriculteur et conseiller départemental dans l’Aisne. Une atmosphère de cataclysme à laquelle s’ajoute le vide politique laissé par la dissolution de l’Assemblée nationale, cet été, et l’abandon des mesures censées simplifier la vie des agriculteurs. Depuis un an, les normes jugées écrasantes et les contrôles intempestifs demeurent, et peu de décrets sont parus. Le retour des discussions sur le Mercosur, l’accord commercial entre l’Union européenne et certains pays sud-américains, rejeté par l’ensemble des syndicats, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Excédés, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), les deux premières organisations en France, ont lancé un appel à mobilisation à compter du 18 novembre.
Le mouvement contestataire à venir se voit comme la poursuite de la jacquerie qui a enflammé la France en début d’année 2024. Une série de manifestations et de blocages routiers avaient immobilisé l’Hexagone, conduisant le Premier ministre, Gabriel Attal, à se déplacer en personne. « On a obtenu des mesures au niveau du prix du gazole non routier ainsi qu’un soutien pour endiguer la MHE (maladie hémorragique épizootique) », rappelle Jérôme Bayle, agriculteur en Haute-Garonne et figure emblématique du mouvement.
Des projets stoppés net
Insuffisant, au vu des contestations qui éclatent déjà dans le pays depuis quelque temps. À Montauban (Tarn-et-Garonne), 70 agriculteurs ont mené une action symbolique devant la préfecture en y déposant 250 panneaux d’entrée de communes du département. À Auch (Gers), de la laine de mouton et des bottes de foin ont été larguées devant plusieurs bâtiments de l’État. À Toulouse (Haute-Garonne), Julien Bourrounet, céréalier et secrétaire adjoint des JA en Occitanie, se prépare pour faire avancer les projets abandonnés.
Un, en particulier, suscite des frustrations : le report à 2025 de la loi d’orientation et d’avenir agricoles, originellement prévue cet été. « Ce gros chantier visait une meilleure installation des jeunes agriculteurs en France, explique Julien. Il était essentiel pour le renouvellement des générations dans l’agriculture. Nous avions travaillé sur des mesures de simplification importantes et tout a été stoppé net. » Le gouvernement, sentant le feu reprendre, s’est empressé de réagir. « L’examen commencera en décembre, dès que le Sénat m’aura donné un créneau », a indiqué la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.
Un appel des syndicats
Qu’importe, les syndicats annoncent le maintien de leurs mots d’ordre. Le moment, qui n’est pas anodin, correspond aussi au lancement de la campagne pour les élections aux chambres d’agriculture, qui se tiendront le 31 janvier 2025. Ce scrutin, qui intervient tous les six ans, désigne à la fois le syndicat majoritaire et celui qui va diriger les chambres, véritable bras armé de la politique agricole en France. « L’appel à la mobilisation n’est pas le même qu’en janvier. Le premier est parti du terrain, celui-là des syndicats », rappelle l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie.
Car si la FNSEA, historiquement l’interlocuteur privilégié des gouvernements, était jusque-là majoritaire, elle se voit de plus en plus concurrencée par la Coordination rurale, syndicat jugé proche du Rassemblement national et réputé pour ses actions coups de poing. « Le monde agricole ressemble à la France, divisée en trois blocs », soupire Laurence Marandola, de la Confédération paysanne, classée à gauche.
L’enjeu est de taille : si les élections aux chambres d’agriculture permettent de mesurer la représentativité des syndicats, elles débloquent aussi les sources de financement, selon le modèle d’agriculture défendu par le mouvement arrivé en tête dans le département. Aux dernières élections, la liste FNSEA-JA avait récolté 55 % des votes sur 46 % de participation. Et obtenu la direction de 97 chambres sur les 102 que compte la France. Dès le 15 novembre, chaque syndicat compte bien montrer à sa base, ainsi qu’aux nombreux agriculteurs abstentionnistes, qu’il sait obtenir gain de cause.
20 % de pertes de la production céréalière sont attendues en France cette année, en raison des aléas climatiques.