Pendant le vol qui le ramenait à Rome, le Pape a tenu une conférence de presse avec les journalistes présents à bord. Divers sujets ont été abordés en cette fin de voyage apostolique.
La première question portait sur l’islamophobie et la christianophobie. Dans sa réponse, le Pape a d’abord affirmé que le Coran est un livre de paix. Ainsi on ne peut pas confondre Islam et terrorisme ; il faut en revanche que les leaders musulmans condamnent les attentats terroristes. “Il serait beau que tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux, universitaires, se prononcent clairement et condamnent” cette violence qui nuit à l’islam, a-t-il souhaité. Concernant le dialogue interreligieux, François a affirmé que le moment était venu de “faire un saut de qualité”.
Le Saint-Père a ensuite déploré que les martyrs chrétiens soient si nombreux aujourd’hui. “Des chrétiens qu’on chasse du Moyen-Orient”. C’est justement de ce martyr, qui touche les différentes confessions chrétiennes, que nait l’oeucuménisme du sang.
Le Pape François a ensuite répété sa volonté de se rendre en Irak. Mais, a-t-il expliqué, ce n’est pas possible pour le moment, car un tel voyage créerait des problèmes de sécurité aux autorités locales. Le Saint-Père a toutefois ajouté qu’il aimerait beaucoup aller en Irak, “je veux y aller”, a-t-il assuré.
Puis il a rappelé qu’il lui semblait que l’humanité vivait en ce moment une troisième Guerre mondiale” par morceaux”, une expression qu’il a déjà utilisée. C’est une situation dont les causes sont à chercher dans des inimitiés et des problèmes économiques. Le Saint-Père a alors à nouveau dénoncé le dieu argent, alors que c’est la personne humaine qui devrait être au centre. Il a également critiqué le trafic d’armes, terrible selon lui, et qui est pourtant un commerce florissant. Ceux qui ont vendu des armes chimiques à la Syrie, a fait remarquer François, étaient peut-être ceux, justement, qui l’accusaient d’en posséder. Concernant les armes nucléaires, le Saint-Père a déclaré que l’humanité n’a pas encore appris la leçon.
A une question portant sur les commémorations du centenaire du génocide arménien l’année prochaine, le Pape a rappelé la lettre écrite par le président turc Recep Tayyip Erdogan sur le sujet : certains l’avaient critiquée, parce qu’elle ne reconnaissait pas encore les faits, mais, a insisté le Pape, ce sont des pas positifs, des petits gestes de rapprochement. “Nous devons prier pour la réconciliation des peuples”, a encore déclaré le Pape avant de souhaiter l’ouverture de la frontière turco-arménienne.
Sur le dialogue avec les orthodoxes, François a affirmé “qu’on était en chemin”. Peut-être aurait-on besoin de “mettre tous les théologiens sur une île”, a lancé le Pape en plaisantant, ainsi que l’avait fait Paul VI. “Nous devons continuer à cheminer ensemble : c’est cela l’œcuménisme spirituel, prier ensemble, travailler ensemble faire œuvre de charité”.
François a de nouveau exprimé sa volonté de rencontrer le Patriarche orthodoxe de Moscou, Kirill. “Je lui ai dit ‘tu m’appelles et je viens'”, a déclaré le Pape tout en reconnaissant que le contexte actuel, marqué par la crise ukrainienne, ne se prêtait pas à une rencontre immédiate, une rencontre que souhaite également Kirill, a précisé François.
Le Pape argentin a par ailleurs tenu à souligner qu’il était disposé à discuter du primat de l’évêque de Rome. L’Eglise, a-t-il souligné, quand elle se regarde soi-même, quand elle pense être, elle, la lumière, n’est en réalité pas porteuse de lumière, mais créatrice de divisions. Et le Pape de souhaiter que les chrétiens de toutes sensibilités puissent fêter un Pâques à la même date.
François a enfin évoqué sa visite à la Mosquée bleue, samedi matin. Ici, a-t-il dit, j’ai senti le besoin de prier avant tout pour la paix.
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