Dans son homélie lors de la messe chrismale, mercredi 27 mars 2013 à Notre-Dame de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, est revenu sur la renonciation de Benoît XVI, le conclave et l’élection du pape François, donnant « un contexte assez exceptionnel » à la célébration de Pâques cette année.
« Pendant quelques jours, notre Église a fait la “une” des médias, a déclaré l’archevêque de Paris. Ils ont montré que nous existons et que notre existence les intéresse un peu. Voilà qui devrait apaiser les inquiétudes du député qui me demandait s’il se trouverait encore quelques chrétiens pour me suivre. Qu’il soit tranquille, il en reste une poignée. L’accueil très favorable réservé à l’élection du pape François témoigne d’une attente réelle de nos contemporains. »
Poursuivant sur un ton plus spirituel, le cardinal Vingt-Trois a « rendu grâce à Dieu en voyant comment nos communautés ont réagi avec foi et sang-froid à l’événement imprévu. Beaucoup de paroisses ont organisé des temps de prière pour rendre grâce du pontificat de Benoît XVI et prier pour l’élection de son successeur. »
« Sans faillir à mon serment de ne rien révéler du conclave, je puis vous dire que les dix jours pendant lesquels les cardinaux ont procédé à l’élection du nouveau pape ont été des journées d’une exceptionnelle intensité spirituelle, a encore raconté le cardinal Vingt-Trois. La prière que nous vivions ensemble, les échanges quotidiens pendant les congrégations générales furent des moments d’une belle gravité et d’une grande fraternité. Le vote lui-même, avec sa ritualisation et sa solennité, était une paraliturgie dans laquelle chacun cherchait comment accomplir au mieux la volonté de Dieu. »
« La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social »
L’archevêque de Paris a ensuite évoqué le projet de loi sur mariage homosexuel et les débats qui « ont fait apparaître des clivages qui étaient prévisibles et annoncés. (…) Peu à peu, mais avec une certaine force, nous découvrons que la conception de la dignité humaine qui découle en même temps de la sagesse grecque, de la révélation judéo-chrétienne et de la philosophie des Lumières n’est plus reconnue chez nous comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique. »
« Cette fracture se manifeste par la légalisation de comportements que nous ne saurions ni reconnaître ni avaliser, a-t-il poursuivi. L’espérance chrétienne est de moins en moins reconnue comme une référence commune et, comme toujours, ce sont les plus petits qui en font les frais. Mais c’est un profond changement d’abord pour les chrétiens eux-mêmes. (…) La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social. Elle relève d’un choix délibéré qui nous marque dans notre différence. »
Le cardinal Vingt-Trois a ensuite invité les fidèles à « réfléchir aux conditions de la nouvelle évangélisation », les mettant en garde contre « une organisation en ghetto ou en contre-culture. » « À quoi bon combattre pour la sauvegarde du mariage hétérosexuel stable et construit au bénéfice de l’éducation des enfants, si nos propres pratiques rendent peu crédible la viabilité de ce modèle ? (…) C’est l’exemple vécu que nous donnons qui sera l’attestation du bien-fondé des principes. (…) Alors, l’écart qui s’établit entre notre manière de vivre et les conformismes de la société ne pourra pas être vécu comme un jugement pharisien, mais comme un espace d’appel et comme une espérance. »