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4ème dimanche de Carême
Frères et sœurs,
La première lecture tirée du Second Livre des Chroniques évoque une réalité humaine que nous connaissons bien : nos actes, notre attitude ont des conséquences dans notre histoire et dans l’histoire. Ce principe peut être illustré par l’histoire du peuple d’Israël : les œuvres mauvaises des Israélites (leur rejet, leur abandon de la foi, la perversion du culte, le culte des idoles, le dénigrement des prophètes rappelant la fidélité à Dieu à observer) les ont conduit à l’exil à Babylone.
Le Temple et Jérusalem ont été détruits ; le reste du peuple a été exilé. Attention à lire correctement les choses : Dieu ne s’est pas servi de l’exil à Babylone pour punir ou éduquer après coup son peuple ; mais, n’ayant ni écouté, ni obéi, le peuple s’est conduit à l’exil. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. C’est toujours la miséricorde de Dieu qui a le dernier mot. Dieu s’est servi du Roi Perse Cyrus pour faire revenir son peuple en Terre Promise et pour reconstruire le Temple.
Cet épisode rapporté par le livre des Chroniques est un condensé de l’histoire du salut. Le péché que nous commettons a des conséquences dans notre histoire ; il nous éloigne de Dieu et de ce que Dieu veut pour nous. Mais si l’homme se convertit, Dieu le rétablit. La miséricorde de Dieu vient au secours de l’homme et vient le sauver du péché et de ses conséquences.
Frères et sœurs, profitons de ce temps de Carême pour assumer les conséquences de notre péché dans notre histoire, dans celle des autres. Entendons nous aussi cet appel à Dieu à nous rétablir dans notre dignité, dans notre beauté originelle. Ne passons pas à côté du sacrement de la miséricorde que nous pouvons recevoir pendant ce temps de Carême. Avec Dieu, il y a toujours une Bonne Nouvelle pour notre vie.
Mais l’expérience du peuple d’Israël nous invite aussi à ne pas passer à côté des appels que le Seigneur nous adresse, notamment lorsqu’Il nous avertit. St Jean évoque aussi une réalité bien trop humaine : « Quand la Lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la Lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la Lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées. »
Le Seigneur ne cesse de venir nous éclairer, non pas pour nous accuser, mais pour nous aider. Bien souvent, l’homme accepte difficilement d’être éclairé, car la Lumière de Dieu met aussi en lumière nos compromissions avec le mal, avec nos mauvaises habitudes. Il nous faut avoir l’humilité de le reconnaître et d’assumer nos manques, nos carences, nos pauvretés. C’est une des grâces du Carême que de mieux connaître et assumer ses limites et ses finitudes. Mais, il ne suffit pas de s’arrêter là. Il faut aussi accepter d’élever nos cœurs, nos âmes, notre intelligence vers Dieu afin qu’Il continue à nous éduquer, à nous former. Nous n’aurons jamais fini d’approfondir notre foi. Mais je souhaiterais attirer votre attention sur un autre lieu de formation et d’éducation : notre conscience.
Nous sommes les premiers responsables de la formation et de l’éducation de notre conscience. A l’heure où le relativisme étend son empire, où le sens de Dieu disparaît, nous, chrétiens, avons le devoir d’éduquer notre conscience à la Lumière de l’Evangile. Nous le voyons tous les jours : les questions bioéthiques liées à la procréation comme à la fin de vie deviennent de plus en plus compliquées. La voix de l’Eglise, qui prolonge l’enseignement du Christ, lorsqu’elle se fait entendre, n’est plus qu’une voix parmi d’autres, quand la majorité des chrétiens se laissent dicter leur agir par les médias, faiseurs d’opinion ou quand la majorité des chrétiens ont perdu le sens et l’estime de la Vie, dans ses phases les plus fragiles, dépendantes et parfois difficiles. L’Eglise ne peut abandonner ces vies dans leur phase les plus fragiles, et elle ne peut abandonner ses enfants aux vents de l’égoïsme, des modes, ou de ceux qui parlent plus fort que les autres, mais qui ne sont pas la voix de la Vérité. L’Eglise porte le souci de ses enfants pas suffisamment bien formés, et donc vulnérables et manipulables. La Paroisse vous proposera en conséquence une soirée de formation sur ces questions bioéthiques délicates à la lumière de l’Evangile et de l’enseignement de l’Eglise.
Profitons de ce temps de Carême, temps de désert, pour nous remettre à l’écoute de Dieu et pour nous couper de ce qui vient parasiter l’enseignement du Christ à travers son Eglise. Une véritable humanité ou compassion, comme on l’entend souvent exprimer pour des chrétiens, ne peut pas se vivre en dehors ou en marge de la Vérité. Recentrons-nous sur l’enseignement de l’Eglise qui nous redit l’infinie valeur de toute vie : de celle du fœtus, de celle de l’enfant qui a le droit d’avoir un papa et une maman, ou de celle du vieillard, et formons notre conscience chrétienne. Notre monde en apparence si tolérant ou ouvert attend des chrétiens des réponses solides, fermes, vraies, charitables et humaines. Amen !