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Fête de la Nativité de la Vierge Marie
Pardon de Notre-Dame de Bâlines
Pardon de Notre-Dame de Chaise-Dieu
Frères et sœurs,
Nous entendons deux fois dans l’année liturgique cette longue généalogie de Jésus : lors de la fête de la Nativité de Notre-Dame et lors de la messe de la Vigile de Noël qui nous prépare à la Nativité du Fils de Dieu. On peut s’interroger sur le choix de cet Evangile pour la Nativité de la Vierge Marie. Spontanément, on penserait plus à l’Evangile de l’Annonciation à Marie. Et là, nous nous trouvons avec l’Evangile de l’Annonciation à Joseph.
Dans cette généalogie très humaine et historique, Marie surgit après la mention de Joseph. Pourquoi ? Qu’est-ce que sa mention dans cette généalogie nous apprend ? Pour répondre à la question, il faut comprendre que cette généalogie exclusivement humaine inscrit le Fils de Dieu dans notre monde et notre temporalité. Dieu entre dans l’histoire des hommes ; et sa porte d’entrée, c’est Marie. Marie, comme Joseph, est issue de la tribu de Juda, la tribu royale du peuple d’Israël. Marie, comme Joseph, n’est que de nature humaine, même si elle mettra au monde le Fils de Dieu. Si Marie se trouve donc mentionnée dans cette généalogie, c’est bien parce qu’elle apporte, elle offre au Fils de Dieu l’humanité qu’Il vient assumer, qu’Il vient épouser. Elle offre l’humanité toute entière au Fils de Dieu ; elle offre toute sa personne, bien sûr, préservée de tout péché par la grâce de l’Immaculée Conception. Alors, nous pouvons nous poser aujourd’hui cette première question : qu’est-ce que moi j’offre à Dieu ? La plupart du temps, nous passons notre temps à demander des choses à Dieu ou à accueillir ce qu’Il nous donne. A l’occasion de la Fête de Nativité de Marie, demandons –nous ce que nous offrons à Dieu. Dieu peut faire des miracles : tout dépend de ce que nous lui offrons. Pensez au miracle de la multiplication des pains : Jésus part de 5 pains et de 2 poissons…Encore faut-il les lui donner.
Lorsque l’on pense à la Vierge Marie, lorsqu’on la prie dans la liturgie, on la voit souvent comme celle qui accueille la Parole de Dieu, comme celle qui veille sur nous, qui nous protège. Tout ceci est vrai ; mais Marie est aussi celle qui s’offre à Dieu. Elle participe au mystère de la Rédemption, au Salut en s’offrant elle-même. Cette offrande est très importante, car elle nous dit la manière dont Dieu fonctionne avec nous : Dieu, qui peut tout parce qu’Il est Tout-Puissant, veut nous sauver non pas sans nous, mais en passant par nous, en sollicitant notre coopération. Marie, par la grâce de son Immaculée Conception, participe d’une manière extraordinaire et exemplaire au mystère de la Rédemption en s’offrant elle-même. Elle ne se met pas à la place de son Fils, qui Lui est le seul et unique Médiateur, mais elle s’offre à Lui. C’est en ce sens que l’on peut parler de Marie « Co-Rédemptrice » : elle participe au Salut en s’offrant elle-même parfaitement, sans aucune réserve.
Vous connaissez tous ce proverbe « Aide-toi et le Ciel t’aidera. » Ce proverbe ne dit rien d’autre que ceci : le Ciel nous aidera dans la mesure où nous faisons ce que nous avons à faire. La grâce ne se substitue pas à la nature ; elle l’accomplit, elle la parfait, mais ne la remplace pas. Par conséquent, c’est ainsi que Dieu agit envers nous. Il nous sollicite, nous stimule, pour que nous participions au Salut de nos frères et sœurs, et au nôtre par la même occasion. Notre participation au Salut ne diminue en rien la médiation de Jésus. Mais, et c’est ici un point de divergence avec les Protestants, l’unique Médiation du Christ n’est pas exclusive. Elle est inclusive : elle permet et suscite de multiples autres médiations, en premier lieu celle de la Vierge Marie. Et ces médiations secondaires ne diminuent en rien celle du Christ ; au contraire, elles la magnifient. Dieu embellit la dignité de l’homme en lui permettant de participer à son Salut. Dans ces médiations secondaires, une place non égalée revient à la Mère de Dieu, préservée de tout péché. C’est la raison pour laquelle son intercession est puissante sur le cœur de Dieu.
Cet Evangile nous apprend en outre à la suite de Joseph que celui qui accueille Marie chez lui accueille Jésus. Marie ne vient pas seule, pourrait-on dire. Vous qui priez la Sainte Vierge à travers le chapelet, le Rosaire, les Neuvaines, vous ne perdez jamais votre temps. En priant Marie, vous faîtes entrer Jésus dans votre cœur. Après, il n’y a qu’à Le laisser agir. Et là, Marie nous éduque. Marie laisse toujours l’initiative à Dieu ; elle ne passe jamais en premier : « Jacob engendra Joseph, l’Epoux de Marie de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ ou Messie. » On voit bien la rupture qu’introduit Marie dans le rythme des générations : ce ne sont plus les hommes qui engendrent, mais Dieu : « de laquelle fut engendré Jésus. » Marie laisse la place et et l’initiative à Dieu. Et plus loin, l’Evangile continue : « or avant qu’ils aient habité ensemble, Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit-Saint. » Une nouvelle fois, Dieu a eu l’initiative première. Pour voir Dieu agir dans nos vies, pour discerner ses initiatives, Marie nous invite à avoir une vie régulière, réglée comme le rythme de cette généalogie. Il ne faut pas se tromper de lecture dans la rupture qu’introduit Dieu dans cette généalogie : Dieu ne vient pas casser la régularité humaine. C’est en fait l’inverse : c’est la régularité humaine, le calme de nos vies, qui permet de percevoir l’irruption de Dieu dans nos vies, dans les évènements que nous vivons.
Que la Vierge Marie dont nous commémorons aujourd’hui la Nativité nous apprenne à ne pas seulement être des consommateurs de Dieu, mais à nous offrir à Lui ; qu’elle nous apprenne à grandir en dignité en participant à notre salut et à celui de nos frères et sœurs ; et qu’elle nous apprenne à avoir une vie calme et réglée pour ne pas passer à côté des appels de Dieu. Amen !