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Assomption 2017
Chers frères et sœurs,
C’est un bel évènement que l’Eglise nous invite à commémorer aujourd’hui : la victoire définitive Dieu dans ses créatures, créatures abîmées par le péché, ballotées dans ce monde par des vents contraires et dangereux. Marie qui monte au Ciel, avec son corps et son âme, est la victoire de Dieu ; elle est aussi de ce fait notre espérance, elle qui exerce désormais sa maternité sur nous, après l’avoir exercée sur Jésus, puis sur l’Eglise naissante. En cette Solennité de l’Assomption, nous pouvons nous demander de quelle manière Marie exerce sa maternité sur le peuple de Dieu.
Tout d’abord, le livre de l’Apocalypse nous la présente en cette femme qui enfante, qui transmet la vie, mais qui est attaquée par le démon. Marie ne fuit pas ; elle soutient et affronte les attaques de Satan. En fait, elle peut affronter les attaques du démon parce que Satan n’a aucune prise sur elle. C’est ce que manifeste cette belle solennité de l’Assomption. Marie monte au Ciel corps et âme ; dit autrement, elle ne meurt pas. Sur elle la mort n’applique pas sa terrible loi de division, de séparation de l’âme et du corps, qui est la marque même du démon. L’âme et le corps de Marie restent unis. Pour nous, malheureusement, il en sera différemment : notre âme et notre corps se sépareront en attendant d’être à nouveau réunis à la fin des temps quand nous ressusciterons. L’Assomption de la Vierge, qui est une conséquence de son Immaculée Conception, nous manifeste que le démon n’a aucune prise sur Marie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il cherche à dévorer l’enfant, et non pas la femme.
La Sainte Vierge exerce donc sa maternité sur nous en nous apprenant à ne pas offrir de prise au démon, à ne pas lui ouvrir de portes, par le péché, par le mensonge, par les compromissions qui altèrent notre liberté. Mais le démon attaque les enfants de Dieu, cela est vrai. Alors, la Sainte Vierge soutient nos combats contre lui. Nous pensons bien sûr à nos frères et sœurs, persécutés et martyrisés en Orient ; mais il ne faut pas croire non plus que l’Occident soit plus épargné. La cause est toujours la même : le refus de Dieu et de son message d’amour. Les forces en présence se regroupent en deux camps : celui de Dieu et celui de Satan, le chantre de l’individualisme, de l’égoïsme, le diviseur, le promoteur dans le cœur de l’homme et dans les législations des instincts les plus bas et les plus stériles. Son but : défigurer l’œuvre de Dieu, abîmer la relation entre l’homme et Dieu, abîmer la dignité de l’homme, pour une « autre » dignité : la capacité pour l’homme de s’auto-définir, de légitimer tout comportement, surtout lorsqu’il s’inscrit hors de toute référence à la nature et à ses lois.
Satan est à l’oeuvre depuis bien longtemps. La lumière de Dieu et les lumières d’une pensée prétendument libérée se sont souvent heurtées dans le coeur de l’homme. Notre époque vit cependant un paradoxe. Ne trouvez-vous pas étrange qu’une une société qui s’engage pour une écologie dans la nature, ignore le combat pour une écologie humaine ? On protège le bébé phoque tout en abandonnant le petit homme… On s’attache à la pureté de l’air, tout en omettant de combattre les images et les textes des médias qui promeuvent la violence, ou réduisent les corps humains au rang d’esclaves… On chante la paix dans le monde, tout en portant la guerre dans le sein maternel par l’avortement. On veut la fraternité dans les pays tout en refusant à l’enfant le droit imprescriptible à connaître ses parents biologiques et à vivre en leur présence. Que répondra-t-on quand ces petits et ces faibles se feront nos accusateurs ? Combien de temps, combien de morts faudra-t-il attendre avant que le monde ne s’attache à la promotion d’une véritable écologie, comprise comme une quête du bien de TOUS et non comme l’objet de revendications de lobbies ?
Il y a une autre caractéristique de l’exercice de la maternité de la Vierge Marie. Marie l’exerce en nous apprenant à nous unir à Dieu. L’origine du péché réside dans la désunion, dans la désobéissance à Dieu ; Jésus répare cette désobéissance originelle et Marie, sa Mère, nous apprend à nous unir à Dieu. Le meilleur exemple réside dans la prière de son Cœur que nous donne l’Evangile de ce jour : la prière du Magnificat. Lorsque la Vierge Marie prie, sa personne est à ce point unie à Dieu, qu’on a du mal à distinguer les personnes. Marie reçoit tout de Dieu et rend tout à Dieu par une prière d’action de grâce : « Mon âme exalte le Seigneur ; mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. » Et tout le reste de la prière de la Vierge n’est qu’une exaltation et une action de grâce de Dieu et de ses merveilles. En fait, Marie ne fait qu’un avec Dieu dont elle a épousé le projet.
Frères et sœurs, regardons dans notre vie chrétienne, la place qu’a la prière d’action de grâce. Combien de fois, demandons-nous à Dieu que les choses soient comme ceci, ou comme cela ! Combien de fois en voulons-nous à Dieu, plus ou moins consciemment évidemment, de ce qui nous arrive ou de ce qui arrive à l’un de nos proches ! Notre être profond est bien souvent distant de Dieu. C’est une des séquelles du péché originel, dont Marie est préservée : nous pensons souvent la volonté de Dieu en opposition à la nôtre ou comme un danger pour la nôtre.
Par l’exercice de sa maternité, Marie nous apprend à nous réconcilier avec Dieu et sa volonté. Elle qui n’est que de nature humaine, connait la nature humaine. Elle sait, très délicatement, nous détourner de nos inclinations sensibles par son amour maternel et par un accueil délicat de notre part aux motions de l’Esprit-Saint.
En cette belle fête de l’Assomption, présentons à la Mère du Sauveur, tous ceux qui se sont éloignés de Dieu, de l’Eglise, tous ceux qui ont été blessés dans leur vie de foi. Présentons-lui tous les hommes abîmés par le péché, ceux sur qui le démon exerce son emprise. Présentons-lui tous les malades que nous connaissons, ceux de nos familles, de nos paroisses. Que la victoire de Dieu en Marie leur redonne espoir et confiance en la bonté et la victoire de Dieu. Présentons-lui enfin notre pays, dont c’est aujourd’hui la fête traditionnelle : qu’il retrouve la fidélité à Dieu et à l’Eglise. Amen !
Introduction à la messe : Frères et sœurs, en cette solennité de l’Assomption, confions-nous à l’intercession et à la prière de Celle qui entre glorieusement au Ciel, Corps et Âme, parce qu’elle n’offre aucune prise au péché. Accueillons par Elle, les fruits de la victoire de Dieu en nous.