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Solennité de la Toussaint 2014
Frères et sœurs,
En cette belle fête de la Toussaint, l’Eglise nous redit la beauté de notre vocation, le terme de notre vie, le but de notre existence : participer à la vie même de Dieu, participer à sa Sainteté, dans la lumière de l’Amour.
Il est important de convertir notre image de la fête de la Toussaint : bien souvent, nous associons à la fête de la Toussaint la commémoration des fidèles défunts que nous honorerons demain ; la Toussaint devient donc une fête triste…qui en plus est célébrée quand les jours racourcissent, quand la nuit tombe plus tôt…Mais, la Toussaint est surtout une lumière réconfortante et rassurante qui vient éclairer nos vies. Et c’est cette lumière que nous sommes invités à accueillir aujourd’hui.
La première réalité que nous redit la solennité de la Toussaint, c’est que nous sommes tous appelés à la Sainteté. Mais, voyez-vous, là aussi, il nous faut convertir notre image de la sainteté. Trop souvent, la sainteté nous renvoie l’image d’une réalité inaccessible, pour des élites…trop souvent la sainteté, associée à l’idée de conversion, est une réalité qui paraît lourde, pesante, rébarbative…
Mais être appelés à la sainteté, cela signifie d’abord être appelés à être heureux. C’est le premier message de la Toussaint. D’ailleurs, qui ne l’a pas entendu dans la bouche de Jésus ? : « Heureux les pauvres de cœur/ Heureux les doux/ Heureux ceux qui pleurent… » etc…Le bonheur dont il est question est en Dieu et en Dieu seul. La fête de la Toussaint nous redit : « Vous voulez être heureux ? Ne vous trompez pas de chemin ! Le vrai bonheur est en Dieu et non pas sur terre. » Ce n’est pas que le Seigneur nous appelle à être malheureux sur terre ; non, bien au contraire ! Mais, Il nous redit que nous sommes faits pour vivre de Dieu, avec Dieu et par Dieu !
Les textes de ce jour nous redisent que l’appel à la sainteté concerne tout le monde. C’est le sens de la vision du prophète Jean dans la première lecture : le prophète voit 144 000 personnes marquées du sceau du Salut. 144 000, c’est 12 000 personnes dans chacune des tribus d’Israël, c’est-à-dire, la totalité du peuple de Dieu.
Alors, nous sommes appelés à la sainteté…mais, qu’est-ce que c’est qu’être un saint ? Eh bien, être un saint, c’est d’abord ne pas être parfait ! Si nous sommes parfaits, nous ne pouvons pas devenir saints ! La sainteté ne se joue pas dans la perfection morale d’une vie. La sainteté se joue dans l’accueil de la réalité du Salut offert par Dieu en Jésus-Christ dans une vie de pécheurs ! Par conséquent, les grands saints sont d’abord des pécheurs. Des pécheurs qui acceptent d’accueillir le Salut dans leur vie et qui, par conséquent, convertissent leur vie. Je prends souvent ces exemples : regardez les deux plus grands saints de l’Eglise : St Pierre et St Paul.
St Pierre est celui qui reniera par trois fois le Christ ! En guise de perfection, on peut faire mieux ! St Paul est celui qui arrêtait et tuait les chrétiens ! Là aussi, en guise de perfection, on peut trouver mieux ! Mais, tous deux se sont laissés convertir par le Christ et leur vie en a été transformée !
De ce fait, l’Eglise nous les propose comme modèles pour nous redire que la sainteté n’est pas inaccessible. Leur sainteté ne vient pas d’eux-mêmes, mais de leur participation à la sainteté de Jésus.
Et la sainteté de Jésus passe par la Croix et la Passion. C’est la bonne nouvelle de la Toussaint. Non pas qu’il nous faille souffrir pour être heureux et devenir saint, mais dans les épreuves que nous vivons, dans les croix que nous portons, Jésus ouvre un chemin de Vie et de Salut ! C’est là qu’est la bonne nouvelle de la Toussaint ! Une fois encore, le prophète Jean nous décrit cette réalité dans la vision qu’il a de la liturgie céleste : « Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. (…) Il reprit : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. » »La sainteté passe par la communion avec la Croix. C’est le sens profond de ces Béatitudes qui s’adressent à ceux qui souffrent : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés. / Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ! / Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des Cieux est à eux. / Heureux si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous… »
Comprendre la sainteté comme une participation à la sainteté de Jésus nous permet d’entrer dans le mystère de la Communion des saints. Nous sommes en communion les uns avec les autres ici-bas sur terre, nous sommes en communion avec ceux qui nous ont quittés et qui sont auprès de Dieu grâce à notre participation à la sainteté même de Jésus. C’est Jésus la Clé de notre Communion. Il ne peut y avoir de communion en dehors de Lui. C’est pourquoi, frères et sœurs, il est important de communier, qu’il s’agisse de la communion eucharistique ou de la communion spirituelle pour ceux qui choisissent d’obéir à ce que l’Eglise demande.
Le mystère de la Communion des saints nous permet de nous confier à la prière et à l’intercession des saints qui sont au Ciel. Etant auprès de Dieu et vivants de Lui, ils peuvent intercéder auprès de Lui pour nous.
Aujourd’hui, en la fête de la Toussaint, l’Eglise nous encourage à gravir la montagne de la sainteté, aidés par ceux qui nous précèdent et que l’Eglise nous donne en exemple. Que notre liturgie terrestre puisse refléter la liturgie céleste dont vivent les saints qui sont au ciel et que notre liturgie terrestre nous permette de goûter et d’entrer dès maintenant dans le mystère de la Communion des saints. Amen !