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Saint Jour de Pâques 2013
Eglise de Rugles
Frères et sœurs,
Au matin de ce nouveau jour, c’est une clarté complètement nouvelle qui commence par se lever sur les disciples et les apôtres, sur l’Eglise naissante. L’Evangile du Jour de la Résurrection nous présente plusieurs parcours d’accès à la Résurrection de Jésus. Nous avons d’un côté Marie-Madeleine et Pierre qui constatent que le tombeau est ouvert ainsi que la disparition du corps de Jésus ; et nous avons d’un autre côté St Jean, enfin « l’autre disciple », qui, lui, arrive en premier au tombeau et dont on nous dira : « Il vit et il crut ». Autrement dit, dans ces 3 parcours, seul un accède immédiatement à la Résurrection de Jésus : « Il vit et il crut ». Les autres n’y sont pas encore parvenus.
Ces différents itinéraires nous révèlent, frères et sœurs, qu’on ne peut accéder à la Résurrection de Jésus que par la Foi. La Résurrection n’est pas une vérité démontrable ; elle n’est pas une vérité d’ordre naturel, d’ordre mathématique ou encore physique. Seule la Foi permet de croire que Jésus est ressuscité. Il y a ici un pas à franchir qu’au matin de Pâques, seul St Jean accomplit. « Il vit et il crut ». On peut s’étonner sur le caractère immédiat de cet acte de Foi chez St Jean. Pourquoi ?
Certainement pour deux raisons. La première est que St Jean est souvent appelé « le disciple que Jésus aimait. » C’est donc le disciple de l’Amour. L’Amour permet d’ouvrir au maximum nos puissances humaines aux réalités divines. Par conséquent, l’Amour est la meilleure préparation à la Résurrection. Nous pouvons d’ailleurs expérimenter cette vérité à l’occasion d’un deuil. Et puis, St Jean est le seul disciple à être resté au moment de la Passion. Il ne s’est pas dérobé. La participation à la Passion de Jésus ouvre naturellement à la foi en la Résurrection, comme St Thomas nous le redira à sa manière dimanche prochain.
Mais nous, qui n’avons pas été les contemporains de ces évènements, nous ne pouvons pas comme St Jean dire : « Je vois, je crois ». Notre acte de foi en la Résurrection de Jésus ne peut prendre existence qu’à partir de ce que nous recevons de ce que l’Eglise nous a transmis. Jésus dira d’ailleurs à St Thomas : « Tu crois parce que tu as vu ; heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Mais, quel que soit le support de notre acte de foi, l’accès à la Résurrection passe nécessairement par un acte de foi.
Il est important, une fois que nous croyons en la Résurrection de Jésus, que nous reprenions bien conscience que la Résurrection, même si elle n’est accessible que par la foi, est en même temps un évènement historique, qui s’est déroulé dans le temps, et, en même temps, un évènement qui entraîne une profonde transformation. Non seulement la Résurrection donne sens à notre histoire, mais encore elle implique une transformation chez les disciples, et, par voie de conséquence, chez nous-mêmes. St Jean nous écrit : « Jusque là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » L’Ecriture donc annonçait déjà la Résurrection, comme nous le révélait l’épisode de la Transfiguration. L’Ecriture, et l’Ancien Testament, convergeaient vers la Résurrection. La Résurrection apparaît comme le point focal de notre histoire, de notre temporalité. Et de ce fait, beaucoup d’évènements, beaucoup de paroles non comprises sur le moment par les disciples, se sont alors trouvées éclairées. Nous aussi, dans notre vie, il y a des zones d’ombres, des évènements, des rencontres que nous avons vécues, à travers lesquelles Dieu nous a parlé, mais dont le sens immédiat nous a échappé. Eh bien, au terme de notre vie, dans la pleine lumière de la Résurrection, nous comprendrons, et tout s’éclairera. Et cette transformation finale que nous vivrons, nous la vivons déjà en partie, dans notre vie actuelle : c’est la victoire de Dieu sur les forces du mal et les forces de mort. Cette victoire que Jésus a acquise, que nous fêtons dans la Résurrection, nous est communiquée par le sacrement du baptême. Par le baptême, Jésus nous recrée ; Il nous donne une vie nouvelle ; Il réconcilie notre humanité avec la divinité et transforme progressivement notre humanité ; Il permet que la Vie et le Bien jaillissent de nos maux et de nos morts. Cette fête de la Résurrection est indissociablement la fête de notre re-création.
Enfin, il faut remarquer un dernier aspect lié à la Résurrection du Seigneur Jésus. C’est que sa Résurrection est intimement liée au dynamisme missionnaire de l’Eglise. Et, il y a de quoi nous interroger en vérité, sur le manque de dynamisme missionnaire de nos communautés : de quelle manière notre foi en la Résurrection dynamise-t-elle nos communautés ? Peut-être nos communautés ne croient elles pas suffisamment en la Résurrection ? ou peut-être ne se sont-elles pas suffisamment laissées transformer par la puissance de la Résurrection de Jésus? Dans le cadre de l’année de la foi, voulue par notre Pape Benoît XVI, nous sommes appelés à nous interroger sur notre propre annonce de la Résurrection. Nous avons vu les conséquences des 40 dernières années où il était de bon ton de taire notre foi pour, soit disant, mieux rejoindre les autres. Ce qui s’est passé, c’est tout simplement, qu’on a arrêté d’annoncer clairement la foi chrétienne, et que la foi, dans son expression visible et publique, a reculé, laissant la place à toute autre forme de religiosité, parfois proche de la superstition, ou encore laissant la place au relativisme général ou à l’athéisme. Quelle belle réussite !
Puisse cette fête de Pâque renouveller entièrement notre foi ainsi que celle de nos familles et de nos paroisses. Que la Lumière de la Résurrection vienne toucher tous ceux qui doutent de la Bonté de Dieu ou de l’existence de Dieu. Amen !