+
Sul Fask
Frères et sœurs,
Ce matin, nous ré-entendons l’annonce de la Résurrection de Jésus ; nous sommes parmi ces femmes qui se rendent au tombeau ou bien comme ces disciples perplexes devant ce que rapportent les femmes. La foi en la Résurrection de Jésus repose sur deux éléments, sur deux évènements distincts : il y a tout d’abord l’annonce de la Résurrection. Dans l’Evangile que nous avons entendu cette nuit, c’étaient deux anges qui annonçaient aux femmes la Résurrection de Jésus. Pour nous aussi, généralement, notre acte de foi en la Résurrection de Jésus, repose sur une annonce, sur une transmission de ce message des Anges, transmission opérée par nos familles, nos parents, nos proches. Et puis, plus tard, il y aura pour les disciples, les femmes comme les Apôtres, la rencontre avec le Ressuscité. Généralement pour nous aussi, les choses se passent de la même manière : nous rencontrons le Ressuscité, non pas forcément au moyen d’une apparition, mais à travers ses nombreuses médiations, nous le rencontrons au cours de notre vie chrétienne. Parfois les choses peuvent se présenter différemment : c’est le cas pour Saul qui rencontre d’abord le Ressuscité sur le chemin de Damas, puis qui adhèrera ensuite à l’annonce de la Résurrection. Il y a donc deux éléments importants sur laquelle repose notre foi en la Résurrection : l’annonce de la Résurrection puis la rencontre avec le Ressuscité.
Ce chemin d’adhésion à la Résurrection est particulier à chacun ; chacun le parcourt à son rythme. Dans l’Evangile, Pierre n’est pas très rapide. Jean, lui, accède beaucoup plus rapidement à la foi en la Résurrection de Jésus. Je reviendrai sur l’immédiateté de la foi en la Résurrection de St Jean plus loin.
Ceci étant dit, nous voyons bien dans les Ecritures que la foi en la Résurrection de Jésus transforme complètement la vie de ceux qui l’ont connu ou de ceux qui le rencontreront. La Résurrection fait entrer dans une vie nouvelle, une vie affranchie des limites de l’humanité telle que nous la connaissons. Je souhaiterais regarder de plus près avec vous en ce Jour de Pâques ce qui fait que la Résurrection transforme nos vies, transforme le monde. Comment agit-elle ?
Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord s’entendre sur ce qu’est la Résurrection. La Résurrection est, pourrait-on dire d’abord, un évènement qui a eu lieu dans le temps. La Résurrection a laissé une trace : la disparition du corps de Jésus. C’est un évènement historique. Pour autant, la Résurrection n’est pas de l’ordre d’une vérité scientifique ou mathématique. On ne peut pas la démontrer, la prouver. On n’y accède que par la foi. La Résurrection est aussi une force, une énergie qui se déploie dans le monde, dans notre temporalité, et qui transforme notre monde. On pourrait dire que c’est la force de transformation de Dieu qui agit dans le monde. Mais comment agit-elle ?
Elle agit au moyen des 3 vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité.
Regardons la foi tout d’abord. La foi, ce n’est pas seulement ce qui nous donne de croire en la Résurrection de Jésus ; la foi vient de la Résurrection de Jésus. Sa force, son principe dynamique vient de l’Evènement de la Résurrection. Il y a un avant et un après la Résurrection. Avant la Résurrection la foi existe : Jésus dit bien dans les Evangiles avant d’être ressuscité : « Va ta foi t’a sauvé. » Mais la foi dont il est question est une force qui vient de Dieu, qui découle de manière anticipée pourrait-on dire de la Résurrection qui n’aura lieu qu’après. Après la Résurrection, la foi devient une force qui découle de la victoire de Dieu sur la mort, sur le mal.
Aujourd’hui, un certain nombre de personnes viennent ou reviennent à la foi chrétienne parce qu’ils y trouvent une certaine cohérence ; parce que ce que dit l’Eglise n’est pas forcément stupide, parce qu’ils sont d’accord avec les « valeurs chrétiennes » comme on dit aujourd’hui, ou encore parce que l’islam monte dans notre pays et provoque de ce fait un retour aux racines chrétiennes de notre nation chez certains. Tout cela est bien. Mais quel est le degré d’adhésion des chrétiens à la Résurrection de Jésus ? Croyons-nous réellement que Jésus est ressuscité ? Il y a un lien entre notre foi en la Résurrection de Jésus et le dynamisme missionnaire de l’Eglise. Si les chrétiens sont à ce point endormis aujourd’hui, cela révèle aussi une certaine déficience dans notre foi en la Résurrection de Jésus.
J’en viens à l’Espérance. La Résurrection de Jésus donne consistance à l’espérance. Car si Dieu a ressuscité Jésus, alors Dieu a triomphé définitivement de mort et du mal. Comme l’Archange Gabriel l’annonçait à la Vierge Marie : « Rien n’est impossible à Dieu ». Dès lors, notre espérance est réelle : nous savons que Dieu n’hésitera pas à intervenir, qu’Il triomphe de tout, mais non pas en faisant que les évènements n’aient pas lieu, mais en les transformant de l’intérieur. Aujourd’hui aussi notre monde a perdu l’espérance. A force de rejeter Dieu, ou de le cantonner dans un minimum de place que nous lui accordons, notre monde a perdu l’espérance d’un salut. Alors on vit dans un monde de promesses, d’illusions. Nous chrétiens, avons à apporter à notre monde l’espérance d’une vie autre, meilleure, l’espérance du salut et d’un bonheur infini.
Enfin la charité. Certes la charité, l’Amour de Dieu a existé et s’est manifesté avant la Résurrection. Dans le choix du peuple élu ; dans la libération d’Israël etc… Mais la Résurrection est par excellence la victoire de l’Amour sur ce qui prétend mettre un terme à l’Amour : la mort. La plus haute manifestation de l’Amour de Dieu se manifeste dans la Résurrection. Amour et Résurrection sont les deux faces de la même réalité. C’est là que l’exemple de St Jean est éloquent. St Jean est le disciple nous dit l’Ecriture « que Jésus aimait », le disciple de l’Amour. St Jean est resté fidèle à Jésus tout au long de la Passion. Souvenez-vous, alors que Jésus entre dans le prétoire pour son procès, alors que Pierre va refuser d’entrer, Jean lui ne se pose pas de questions : il entre. De même, il est le premier à arriver au tombeau. Il attend Pierre, et, entré dans le tombeau « il vit et il crut ». Si la Résurrection est la plus haute manifestation de l’Amour de Dieu, l’Amour conduit à la foi en la Résurrection. Depuis la Résurrection, la charité est cette force de Dieu qui transforme l’homme et notre monde pour le diviniser en attendant qu’à la fin des temps, lorsque Dieu sera tout en tous, c’est-à-dire lorsque nous serons tous habités et transformés par l’Amour de Dieu, nous ressuscitions tous. Amen !