Dimanche des Rameaux 2014
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Frères et sœurs,
Nous entrons aujourd’hui dans la Semaine Sainte, l’ultime semaine de préparation à la fête de Pâques, la semaine la plus importante pour nous les chrétiens, la semaine où Jésus va donner sa Vie, son Corps et son Sang pour nous. Pas pur Lui ! Mais pour chacun de nous !
Il y a quelque chose de beau dans cette fête des Rameaux : c’est qu’elle est demeurée très populaire ; que les gens y sont attachés, tout comme les gens étaient nombreux à acclamer Jésus lors de son entrée à Jérusalem…mais, il est resté beaucoup moins de personnes au moment de la mort de Jésus… ;tout comme en dehors de la fête des Rameaux, il y a beaucoup moins de monde dans les églises ; c’est ainsi…La question de la fête des Rameaux, de l’entrée de Jésus dans la Semaine Sainte pose irrémédiablement la question de notre fidélité à Dieu qui, Lui, a offert sa Vie pour nous. Car c’est ce que nous commémorons aujourd’hui : Jésus, en mourant, offre sa Vie pour nous !
Nous savons, frères et sœurs, combien la Passion est l’Elément central de la vie de Jésus. Dieu prépare son peuple depuis longtemps à la Passion de son Fils ; Jésus lui-même prépare ses disciples à sa Passion. Et une fois la Passion déroulée, tout découle d’elle : la Résurrection ; la Vie nouvelle, l’Eglise, les sacrements du baptême et de l’Eucharistie…Dans ce point central de toute l’histoire humaine qu’est la Passion de Jésus, toutes les forces de mort sont crucifiées, pourrait-on dire, avec Jésus. La lumière fait ressortir les ténèbres ; eh bien la Passion fait ressortir toutes les forces de mort. Tout ce qui est moche dans l’homme, dans l’humanité, ressort. Toutes les ambigüités dans notre relation à Dieu, dans nos attentes de Dieu, toutes nos trahisons, nos reniements, ressortent. Tout est criblé par la Passion. Jésus le dit lui-même à ses disciples : « Je serai pour vous tous une occasion de chute. » Il dit cela pour ses disciples, pour Judas qui le trahit, pour Pierre qui le renie, pour tous ses disciples et pour nous aussi…Judas livre Jésus parce qu’il n’est pas satisfait de ce que fait Jésus. Il attendait autre chose. Il attendait un Roi politique qui allait reprendre le pouvoir et rétablir la royauté en Israël. Ce qu’il voit de Jésus ne correspond pas à ses attentes. Il ne s’est pas ouvert à Dieu ; il a voulu un Dieu à son service, selon ses besoins égoïstes, selon ses désirs…résultat : il trahit Jésus en le livrant à la mort.
La figure de Judas nous amène à réfléchir nous aussi sur nos propres trahisons de Jésus. Comment vivons-nous, comment nous situons-nous, lorsque Jésus ne répond pas à nos désirs, à nos exigences ? Comment réagissons-nous lorsque l’Eglise ne correspond pas à nos désirs ? Ne sommes-nous pas de ceux qui trahissons une nouvelle fois le Christ, en l’abandonnant, en abandonnant la pratique religieuse, en critiquant l’Eglise et ses ministres ?
Et puis, la Passion de Jésus nous redit que notre réponse à Jésus dans notre vie chrétienne, notre fidélité au Christ ne repose pas et ne peut pas reposer sur nos seules forces humaines. Pourquoi ? parce que notre fidélité est éprouvée, parce qu’elle est vulnérable et défaillante. Dans l’Evangile, quelle vision avons-nous des disciples ? Quelle vision avons-nous de leur fidélité ? Ils s’endorment, ils abandonnent Jésus, le trahissent, le renient, et se font manipuler par les chefs des prêtres et par le parti des scribes et des pharisiens, notamment pour réclamer la libération du malfaiteur Barrabas. Nous aussi, notre fidélité à Dieu est éprouvée par les évènements de la vie, par la mentalité de consommation dans laquelle nous vivons, qui réduit la foi à un droit de consommation, par les manipulateurs du monde moderne, qui nous disent que penser, de qui il faut rire et se moquer. Notre fidélité est attaquée et en premier lieu par rapport à Dieu. Trouvez-vous normal que l’on soit d’accord sur les exigences à observer lorsqu’on inscrit des enfants au sport, ou à la musique, et qui, en plus de leur cours, ont des tournois, des répétitions, des représentations ? et que l’on soit obligé de courir après les parents lorsqu’on inscrit les enfants au catéchisme et que ces derniers souhaitent communier, faire leur profession de foi, tout en ne mettant pas les pieds à l’église une seule fois ou si peu dans l’année ? Et pourtant, celui qui reste fidèle en dépit de tout, c’est Dieu ! celui qui nous apprend à être fidèle, c’est Dieu ! Celui qui vient nous rechercher lorsque nous tombons, lorsque nous trahissons, lorsque nous renions, c’est Dieu !
Notre fidélité à Dieu est particulièrement éprouvée parce qu’Il est la source de toute fidélité. Mais notre fidélité à Dieu ne peut reposer sur nos seules forces humaines : celles-ci sont fragiles et vulnérables. Ce qui consolide et affermit notre fidélité, c’est l’expérience de pardon, de la miséricorde de Dieu ; c’est le fait de reconnaître que nous avons besoin d’un Dieu qui nous sauve, qui nous relève, qui ne nous juge pas, d’un Dieu qui nous aime et nous offre le Salut. C’est ce que nous allons vivre cette semaine. Alors, emportons avec nous dans cette Semaine Sainte tout ce qui fait notre vie et tout ce qui fait la vie de notre temps. Amen !