Homélie 5ème Dimanche TO Dimanche de la Santé – 6-7 février 2021 B
« Tout le monde te cherche ! »
Saint Paul n’a que ce désir : “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ” (1Co 9-16). Et Jésus soutient le désir de Paul : “Afin que je proclame l’Évangile” (Mc 1)
Cette année, le dimanche de la Santé résonne autrement pour nous, dans le contexte de la pandémie que nous subissons. Tant de personnes malades, tant de soignants ont déployé leur dynamisme (masques, appels téléphoniques…) cette année. Malgré les confinements et les privations de messes, voire le non-retour à la messe, que devient la proclamation de l’Évangile ?
Le dimanche de la Parole, la procession de l’Évangile avec le diacre ou le prêtre, des lectures bien faites (même si c’est nécessaire…), tout cela ne suffit pas à annoncer, à proclamer l’Évangile !
Car l’Évangile, c’est Jésus lui-même. Il est la Bonne Nouvelle qui illumine notre vie, notre histoire, notre monde.
Les questions que Job pose sont toujours présentes. La pandémie actuelle nous rappelle très violemment la mort, le sens de la vie, car nous l’avons non pas oublié, mais mis de côté, écarté :
“Souviens-toi, Seigneur, notre vie n’est qu’un souffle, nos yeux ne verront plus le bonheur”.
Si Job semble pessimiste, n’oublions pas que ce livre est dans l’Ancien Testament. Il faut le lire dans la lumière de la Résurrection pour y trouver l’annonce du vrai bonheur que nous offre le Christ, qui vient guérir les coeurs brisés et soigner les blessures (Ps 146).
La crise sanitaire que nous vivons n’est pas voulue par Dieu ! Jamais le Seigneur ne veut le mal. Il le subit au contraire, et de manière extrême en nous donnant son Fils Jésus, lui que les démons connaissent sans l’aimer, Jésus fera l’expérience de la plus haute souffrance et de l’injustice en mourant crucifié. Par sa mort et sa résurrection, sans expliquer la souffrance, la violence, la mort, Jésus Sauveur vient remplir de sa présence la souffrance.
Voici l’Évangile : Jésus Christ, Sauveur, envoyé dans notre monde, mort et ressuscité pour nous.
Chaque Eucharistie célébrée, chaque messe, nous renvoie au coeur de notre foi. “Que venons-nous chercher ?” “Qui venons-nous rencontrer ?” C’est la question des Apôtres qui ont cherché le Seigneur au petit matin. “Tout le monde te cherche !”
Chaque fois que j’entends ce verset, je m’interroge. Est-ce si vrai, dans notre monde, dans notre Église, dans ma vie ? Il reste de la place dans les églises, dans les équipes de catéchisme… dans les équipes de visite aux personnes malades, dans les hôpitaux, les EHPAD (même si c’est compliqué)… ou tout simplement nos voisins, qui ne peuvent/veulent plus revenir à la messe, à qui nous pouvons porter la communion, ou simplement visiter les personnes/familles en deuil.
Cela peut sembler peu de choses, mais nous le faisons au nom de l’Église, en communion avec la communauté qui s’est rassemblée, au nom du Christ et de son Évangile !
Oui, tout le monde te cherche ! Elle est bien vraie cette Parole. Notre monde cherche le bonheur, avec ce cri du Psaume 4 : “Qui nous fera voir le bonheur ?”, l’Amour, qui est don de soi à l’image du Christ ou de Paul, son imitateur “Je me suis fait tout à tous” ; la vérité, dans un monde très informé, très connecté, très technicisé. La vérité, dans le langage biblique, s’exprime par le mot AMEN, c’est vrai, c’est solide, je peux m’appuyer dessus. Quand disons-nous AMEN ?
“Tout le monde te cherche !” Et personne ne peut mettre la main sur Jésus, ne peut enfermer Dieu.
Même cloué sur la Croix, notre Seigneur est souverainement libre. “Père, en tes mains je remets mon Esprit” (Lc 23) ou déjà au Jardin des Oliviers “Non pas ma volonté, mais ta volonté !”
En ce dimanche, prions bien sûr pour les soignants et les personnes malades.
Et prions aussi pour nous-même, car le Saint Père le redit. Il y a plus grave que le Covid ; le virus de l’inégalité entre les hommes (la course aux vaccins le révèle encore une fois après les masques au printemps), « le virus de l’individualisme, du calculateur, du dominateur”.
Ayons vraiment comme grand souci d’éviter le péché, plus que celui d’éviter le Covid 19. Et pour cela, crions dans cette Eucharistie : “Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri !”