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2ème Dimanche de l’Avent
Tous se faisaient baptiser par lui en reconnaissant leurs péchés.
Frères et Sœurs,
Comment préparer concrètement la Fête de la Nativité du Fils de Dieu ? Comment préparer la venue du Seigneur dans nos vies ? Dimanche dernier, nous avons médité sur la prière, sur le fait de veiller pour guetter les signes de la venue du Seigneur. Aujourd’hui, les textes de la liturgie nous invitent à préparer la venue du Seigneur en nous convertissant. L’Evangile nous montre Jean-Baptiste en train de baptiser les foules qui reconnaissent leurs péchés et annonçant la venue de Celui qui baptisera dans l’Esprit-Saint : « Moi, je vous ai baptisé dans l’eau ; lui baptisera dans l’Esprit-Saint ». Le baptême administré par Jean-Baptiste et celui annoncé de Jésus représentent deux étapes de ce que l’on appelle la conversion. Il ne peut y avoir de conversion complète sans ces deux étapes : la première consistant à se reconnaître pécheur ; la deuxième à obtenir le pardon de ses péchés. On peut préparer Noël en pensant aux menus des différents repas, aux préparations, aux cadeaux que l’on va faire…mais un chrétien doit préparer Noël en travaillant à sa conversion pour accueillir l’Enfant Jésus.
Se reconnaître pécheur…telle est la première étape de toute conversion. Telle est la première étape des fidèles qui viennent voir Jean-Baptiste au Jourdain avant que leurs péchés ne soient pardonnés : « Tous se faisaient baptiser par lui en reconnaissant leurs péchés. » nous dit l’Evangile. Se reconnaître pécheur aujourd’hui est difficile. Il n’est pas rare d’entendre des chrétiens dire : « Oh, je n’ai pas tué, pas volé…bon, je fais un peu comme tout le monde, etc… » Il est difficile de se reconnaître pécheur pour plusieurs raisons. La première réside dans le fait de la disparition du sens de Dieu. Puisque le sens de Dieu disparait, s’atténue, eh bien par voie de conséquence, le sens du péché disparait aussi. Pie XII disait en 1946 : « Le péché de ce siècle, c’est la disparition du sens du péché. » Aujourd’hui, il est devenu beaucoup plus fréquent de vivre comme si Dieu n’existait pas plutôt que de le combattre. Mais, vivre dans l’indifférence de Dieu, revient à terme à vivre sans Dieu. Et c’est un péché. Peut-être moins violent en apparence que celui qui consiste à combattre Dieu, mais tout aussi grave dans le fond. Vivant sans Dieu, la conscience morale de l’homme s’obscurcit, tout se relativise, tout se vaut, et le sens du péché disparaît. A cela, ajoutons qu’aujourd’hui il existe une tendance à déculpabiliser. Il faut trouver absolument un responsable en tout, pour tout, mais surtout pas moi. Alors, ce sont les autres, les conditions extérieures, les pressions, les évolutions. On est capable d’expliquer son péché, mais plus rarement de l’assumer. Eh, il y a une certaine dignité à assumer son péché ! La déculpabilisation totale n’est pas une bonne chose. Il existe une bonne culpabilité et une mauvaise. Une qui vient de Dieu et une du démon. Une qui permet d’être en vérité, qui est le travail de notre conscience, et qui nous permet de nous reconnaître pécheurs, et une qui est malsaine, qui est l’œuvre du démon et qui nous conduit à nous détruire et à ne pas nous aimer. Se reconnaître pécheur, voilà la première étape de toute conversion. Tels sont les fruits de la Loi divine, des dix commandements, de la Loi morale naturelle, des préceptes de l’Evangile : nous aider à nous reconnaître pécheurs. A ce stade, il n’est pas question de pardon, mais de reconnaissance de son péché. Nous en sommes au baptême de Jean-Baptiste. (A nouveau, nous retrouvons cette réalité dans le beau chant du Rorate Caeli : « Nous avons péché et nous sommes devenus impurs ; nous sommes tombés comme des feuilles mortes et nos iniquités nous ont balayé comme le vent. »)
Maintenant, Jean-Baptiste annonce le baptême de Jésus : « Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint. » Le baptême de Jésus, lui, conférera le pardon des péchés. Le pardon de nos péchés, qui ne peut avoir lieu qu’à la condition que l’on se reconnaisse pécheurs, s’effectue dans un rite particulier institué par Jésus qui est le sacrement du pardon que l’on a aussi appelé de tout temps, le sacrement de la confession. Il ne peut y avoir de conversion véritable sans recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de la confession qui remet les péchés avoués après avoir été baptisé. Je voudrais pour vous aider à mûrir ce travail de conversion reprendre les 4 temps du sacrement de la pénitence.
A l’étape de la reconnaissance de son péché correspond dans le sacrement de la confession la contrition. La contrition, dit le Concile de Trente, c’est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus recommencer. » Petite précision de vocabulaire : lorsque la contrition est imparfaite, on parle alors d’attrition. Après avoir reconnu son péché, il est important de le regretter ou d’évaluer en vérité son degré d’attrition et de le dire au prêtre. La contrition conduit à la confession. Elle conduit à une libération, à une extériorisation : on confesse son péché. L’accusation des péchés, rappelle St Jean-Paul II , ne saurait être réduite à une tentative quelconque d’auto-libération psychologique ; c’est un geste de loyauté et de courage, un geste de remise de soi-même, au-delà du péché, à la miséricorde qui pardonne.*
Le troisième temps du sacrement de la confession est l’Absolution qui est le pardon de Dieu. Ce point est important. Il est important d’entendre quelqu’un d’extérieur à vous vous dire : « Je te pardonne tous tes péchés. » On ne se pardonne pas soi-même. C’est un leurre et une tromperie que de le croire ou de le dire. On a besoin de l’entendre d’un autre, et qui plus est, de Dieu. Seul Dieu donne le pardon définitif. Seul Dieu peut nous aider et nous apprendre à nous pardonner nous-mêmes lorsque nous n’y arrivons pas. Et, on ne marchande pas avec Dieu en faisant sa petite cuisine interne en nous mettant à la place de Dieu et en nous donnant nous-même le pardon de Dieu. Sinon, on ne sera pas libéré.
La dernière étape du sacrement de la confession est ce que l’on appelle la satisfaction ou la pénitence. Il s’agit de l’acte de réparation que le confesseur donne pour ou réparer ce qui a été abîmé ou pour nous aider à avancer. C’est en quelque sorte un médicament qui nous aidera à retrouver la bonne santé. Lorsque l’on sait que l’on a fait du mal, qu’on le regrette, vous savez, on est toujours heureux de pouvoir participer à la réparation. Cela fait partie de notre dignité et de notre reconstruction.
Pour que la conversion soit complète, il nous faut, je dirais, les deux effets des baptêmes de Jean-Baptiste et de Jésus : reconnaître son péché et être pardonné. Profitons de ce temps de l’Avent pour vivre cette démarche de conversion en allant nous confesser ; et je terminerai en disant aussi aux personnes qui sont dans des situations de vie qui ne leur permettent pas de recevoir l’Absolution, que cela ne les empêche pas de vivre cette démarche de conversion en faisant une démarche pénitentielle auprès du prêtre. Dieu voit le fond des cœurs et la qualité de notre contrition. Comme le dit St Jean : « Dieu est plus grand que notre cœur. »Amen !
* Reconciliatio et paenitentia St Jean Paul II 2 décembre 1984 par.31