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1er Dimanche de l’Avent
Frères et sœurs,
Nous entrons en ce jour dans le beau Temps de l’Avent, qui pendant presque 4 semaines va nous préparer à la fête de Noël, la Nativité du Fils de Dieu. Le temps de l’Avent est comme le temps du Carême un temps de préparation à une grande fête. Ceci-dit, le temps de l’Avent se révèle plus être un temps de conversion qu’un temps de pénitence, à la différence du Carême.
Nous allons regarder ce matin 3 caractéristiques du Temps de l’Avent : c’est tout d’abord un temps de préparation; mais aussi un temps de désir et enfin un temps de réveil.
L’Avent est un temps de préparation. Nous le savons tous, l’Avent nous prépare à la fête de Noël. Le mot « Avent » vient du latin Adventus qui signifie l’arrivée, la Venue. Cette préparation à la venue du Messie, du Sauveur, s’effectue dans 3 directions.
La première, c’est une préparation liturgique dans laquelle nous allons faire mémoire de tous les évènements importants qui ont préparé le peuple Hébreu à la venue du Messie. C’est pourquoi, vous trouverez beaucoup de textes tirés des prophètes, qui rappellent souvent le peuple Hébreu à la fidélité de l’Alliance que Dieu construit avec notre humanité. Nous allons donc, à travers la liturgie, faire mémoire de cette longue préparation.
La deuxième direction, c’est la préparation à la venue du Seigneur qui a lieu dans le temps présent, dans le temps dans lequel nous vivons. Si le temps de l’Avent nous prépare à accueillir le Messie, alors cela nous conduit à nous préparer à l’accueillir aujourd’hui lorsqu’il se rend présent à nous. Et Jésus ne cesse de frapper à la porte de notre cœur, pourvu que nous le reconnaissions, pourvu que nous l’entendions. Il se rend présent dans tous les évènements de notre vie, même dans les plus difficiles, là où spontanément, nous le pensons absent.
La troisième direction, c’est la préparation à la venue du Seigneur dans une perspective escathologique, c’est-à-dire dans une perspective de fin des temps. Nous aussi nous rencontrerons le Seigneur à la fin des temps ou terme de notre vie. Vivre l’Avent comme un temps de préparation à la rencontre, c’est aussi le vivre pour nous préparer au face à face, au passage, pour nous préparer à rencontrer Dieu quand nous mourrons.
Si je vous rappelle cela, c’est que bien souvent, nous n’avons en tête que la première finalité de l’Avent et nous passons à côté des deux autres implications temporelles.
L’Avent est aussi le temps du désir. Réentendons la belle prière du prophète Isaïe : « Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fonderaient devant Toi ! » Le prophète brûle de voir Dieu, de sentir, de vivre de sa présence. Et sa prière est d’autant plus forte que le prophète fait l’expérience de la difficulté de vivre dans ce temps où Dieu semble absent : « Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin, pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ? »
Ce cri du prophète nous invite à nous interroger nous aussi sur notre propre désir de Dieu. Fondamentalement, je ne crois pas que l’homme n’ait plus le désir de Dieu. Nous l’avons toujours au fond de nous. Nos amis jeunes fiancés, ici présents, l’ont au fond d’eux-mêmes à leur manière évidemment…ce désir est présent derrière celui de leur Amour…Mais Dieu a créée l’homme comme un être de désir. Et d’ailleurs le désir est source de vie. Donc, nous avons le désir de Dieu. Mais le problème, c’est que ce désir très profond qui sourd au fond de notre être, est étouffé par la vie actuelle. Il est étouffé par les facilités que nous offre le mode de vie contemporain ; il est étouffé par l’emprise du matériel ; il est dévoyé par le besoin de consommation, qui est un détournement artificiel du désir profond dans le cœur de l’homme. Il faut, pendant ce temps de l’Avent, oser laisser resurgir ce désir de Dieu, ce désir de Vie qui est au fond de nous. Demandons-nous où est notre désir de Dieu. Et si nous ne le sentons pas, demandons-nous quels désirs prennent la place de Dieu. Où avons-nous engagé nos forces, nos points d’attention, nos espoirs ?
A nouveau, le prophète nous conduit. Après l’expression du désir de Dieu qui gît au fond de lui, il continue : « Voici que tu es descendu, et les montagnes ont fondu devant ta face. » Le désir de Dieu nous conduit à nous ouvrir à sa présence, car Dieu nous a déjà répondu. Il s’agit en fait de le découvrir à l’œuvre dans nos vies. Mais Dieu ne nous a pas attendus. C’est d’ailleurs ce que nous redisent nos amis catéchumènes qui passent du désir de Dieu à celui de répondre à ce que Dieu a commencé en chacune de leur vie. L’Avent, temps du désir de Dieu est aussi un temps de retour à Dieu et un temps de confiance comme le dit Isaïe : « Car tu nous avais caché ton visage, tu nous avais laissé au pouvoir de nos péchés. Pourtant Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains. »
L’Avent est aussi le temps du réveil. L’Evangile insiste beaucoup sur cet aspect : « Prenez garde, veillez » dit Jésus à ses disciples « Vous ne savez pas quand viendra le moment. » Et plus loin : « Le maitre de la maison peut arriver à l’improviste et vous trouvez endormis. »
Là je crois que la question du réveil, de la vigilance est particulièrement actuelle. Les chrétiens sont endormis, tièdes. On est toujours prêt à râler, mais lent et peu à bouger ! Et même dans les paroisses. Pourtant l’actualité récente devrait nous réveiller ou du moins nous interroger. Un jeune homme normand, Maxime Hauchard, baptisé catholique se convertit à l’islam, devient jihadiste et participe à la décapitation de 18 personnes! Au fin fond de la Normandie ! Pas à Sarcelles ! Au fin fond du diocèse d’Evreux ! Je laisse de côté la question politique de ce fait, qui n’est malheureusement plus un fait isolé (il y a quelques semaines, c’était un jeune breton devenu jihadiste, même profil), parce que ce n’est pas mon rôle d’en parler. Mais je m’arrête sur ce fait du point de vue religieux. Il y a quand même un problème ! Et c’est malheureusement ce qui arrive lorsqu’on ne transmet pas la foi chrétienne. Depuis des années, nous fabriquons des générations d’enfants catéchisés qui sortent du catéchisme et ne connaissant pratiquement rien de la foi chrétienne ! On leur a seulement appris à faires des panneaux avec des cœurs et à marquer « Jésus t’aime ! » Excusez-moi, mais c’est vrai !
Trouvez –vous aussi normal qu’on inscrive des enfants au catéchisme mais qu’il faille supplier les parents d’accompagner les enfants à la messe ! Des parents qui en plus exigent que les enfants communient alors qu’ils ne sont jamais venus à la messe ! Trouvez-vous normal qu’on demande aujourd’hui le baptême pour des enfants mais qu’on rende le catéchisme optionnel ? Il y a quand même un sacré problème de cohérence et de sérieux. Sérieux qu’on est d’ailleurs capable d’avoir lorsqu’on inscrit des enfants au sport ou à une autre activité profane ! Et tout ça, parce qu’on est des chrétiens guimauves, tièdes, endormis. Et après, on s’offusque que d’autres religions prennent le dessus ! Mais, c’est logique ! Je suis désolé de m’arrêter sur ces aspects actuels de société ou d’Eglise, mais ils sont révélateurs de l’endormissement général des chrétiens. Le temps de l’Avent est le temps du réveil ! et du retour à Dieu !
Alors, le temps de l’Avent est le temps de la préparation, de la vigilance, le temps de la veille. Profitons de ces quelques semaines pour prendre davantage le temps de prier, pour prendre le temps de regarder où est coincé ou enfoui notre désir de Dieu, pour prendre le temps de discerner où Dieu est à l’œuvre dans nos vies. Le plus beau cadeau de Noël que nous pourrions recevoir, c’est de découvrir d’une nouvelle manière Dieu présent dans notre vie. Amen !