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Dimanche des Rameaux
Frères et sœurs,
Tout à l’heure, au début de la messe, nous avons revécu de manière symbolique l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. En prenant à la main nos rameaux bénis, nous avons repris ce geste de fête qu’ accomplissaient les Juifs venus commémorer leur libération d’Egypte. Ils acclamaient Jésus : « Hosannah, Béni soit Celui qui vient nous sauver ! » Cette foule était importante à acclamer Jésus comme le Messie. Tout comme les chrétiens sont nombreux à rester attachés à cette fête qui ouvre la Semaine Sainte.
A la lecture de la Passion, nous découvrons de multiples visages qui vont se situer différemment dans le drame qui va se dérouler. Frères et sœurs, chacun de nous se trouve assurément dedans. Il y a, évoque d’abord St Matthieu, celui qui va trahir Jésus et le livrer. Est-ce qu’il ne nous arrive pas non plus parfois de trahir Jésus et de le livrer à ceux qui ne l’aiment pas ? Lorsque par exemple nous rejetons la foi ou critiquons l’Eglise pour faire plaisir à ceux avec qui nous sommes ? Il y a aussi dans cette foule ceux qui se trouvent confrontés à leurs limites, à leur faiblesse, à leur pauvreté, et qui se font aisément manipuler. Il est à ce titre remarquable que cette même foule qui acclame Jésus est la même qui, quelques jours après, manipulée par les grands prêtres, demandera que Barrabas soit relâché et Jésus crucifié. Ceux qui tiennent la société juive de l’époque, une société très religieuse, conditionnent et orientent l’opinion de la foule. Aujourd’hui, nous mesurons la même emprise sur les populations, non plus du côté religieux, mais du côté des médias, devenus les nouveaux grands prêtres moralisateurs de la nouvelle religion de la bonne pensée. Attention aux manipulations !
Il y a ceux qui s’endorment : les amis proches de Jésus. Là aussi, combien de chrétiens endormis aujourd’hui ! Combien de chrétiens de culture, mais plus de cœur ! Il y a ceux qui renient : Pierre. Combien dans des difficultés, au lieu de se tourner vers Dieu et de l’appeler, l’accusent : ou alors, combien taisent leur engagement de foi, leurs convictions profondes pour des raisons de carrière, de confort…
Il y a ceux qui sont jaloux et qui entrent dans le jeu du démon en mentant, en rapportant de fausses choses, en cherchant de faux témoignages. Il y a ceux qui se moquent : se moquer de Dieu, de l’Eglise, de ses représentants, de ses dogmes, de son enseignement ! Il y a ceux qui insultent, qui tuent. Il y a encore ceux qui provoquent, qui accusent mais qui sont incapables de se remettre en cause.
Et puis, il y a ceux qui vont aider : Simon de Cyrène, un homme simple, qui ne demande rien, un travailleur qui revient des champs et qui va soulager pour quelques instants un innocent condamné à mort. Il y a Joseph d’Arimathie, homme fortuné, qui demeure fidèle à Jésus après sa mort : quelqu’un qui n’attend plus rien de Jésus, par conséquent qui n’agit pas par intérêt, mais qui demeure fidèle. Et puis, il y a les femmes, les plus fidèles, celles que, finalement, on manipule le moins.
Frères et sœurs, la Passion de Jésus nous place tous devant nos pauvretés, nos limites, notre péché, nos infidélités, mais elle nous conduit tous vers le Salut, à condition que nous suivions Jésus comme nous l’avons fait au début de cette messe en marchant derrière la Croix. Ce ne sont pas ces rameaux bénis qui vous protègeront ! Mais c’est la Croix du Christ qui vous sauvera. Que Jésus nous aide à vivre cette semaine de manière sainte. Qu’Il nous aide dans ce pèlerinage où nous marchons vers notre libération définitive. Qu’Il nous aide à Lui rester fidèles tout au long de notre vie, fidèles à la messe du dimanche où Jésus se donne et nous attend. Qu’Il nous aide à ne pas nous laisser manipuler par les faiseurs d’opinion d’aujourd’hui. Qu’Il nous aide à renaître en hommes nouveaux déjà libérés du péché et de la mort. Amen !