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Dimanche de la Pentecôte 2014
Frères et sœurs,
Nous fêtons ce matin ce bel évènement du don de l’Esprit-Saint à l’Eglise qui va lui permettre d’assumer sa mission dans notre monde. Nous le fêtons et nous nous ouvrons à nouveau au don de l’Esprit, en le suppliant de venir en nous comme nous l’avons chanté dans la séquence.
La fête de la Pentecôte met un terme au temps pascal. Dit autrement, la fête de la Pentecôte accomplit le mystère pascal en faisant qu’il se déploie désormais dans le temps.
Vous avez certainement remarqué cette chose curieuse. Dans les actes des Apôtres (1ère lecture), l’Evènement de la Pentecôte a lieu 50 jours après Pâques. C’est la chronologie que nous avons conservée. Dans l’Evangile, le don de l’Esprit-Saint a lieu le soir même de la Résurrection de Jésus : « C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. » La question n’est pas de savoir lequel des deux dit vrai entre St Luc ou St Jean. Par rapport à d’autres indices, on peut se fier à la chronologie de St Luc, mais la question est plutôt de savoir pourquoi St Jean place-t-il l’Evènement de la Pentecôte au soir même de Pâques ? C’est bien parce que dans le fond, la Pentecôte est liée au mystère pascal, et parce qu’elle l’achève.
Nous avons un autre élément qui va dans ce sens. C’est l’expression choisie par St Jean pour nous parler du don de l’Esprit-Saint : « Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle. » Cette expression nous renvoie au livre de la Genèse au chapitre 2 lorsque Dieu prend de la terre et façonne l’homme, puis il lui insuffle une haleine de vie. Ce premier souffle de Dieu créait l’homme à l’image de Dieu au seuil de l’humanité. Ce deuxième souffle au jour de la Pentecôte achève de recréer l’homme nouveau né du mystère pascal. Le premier souffle créée. Le deuxième recréée. Le don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte achève notre rédemption et notre identité d’êtres nouveaux.
Désormais, l’Esprit-Saint qui fait de nous des êtres nouveaux, nous rend participants du mystère de la rédemption inauguré en Jésus en envoyant en mission l’Eglise.
C’est un autre aspect du mystère de la Pentecôte que nous célébrons aujourd’hui. La Pentecôte ne créée pas l’Eglise. L’Eglise pré-existe à la Pentecôte. L’Eglise est instituée par Jésus ; elle repose sur les Apôtres et en particulier sur Pierre. Jésus a commencé à la former, à l’instruire, à la guider. Mais jusqu’à l’Ascension, l’Eglise reste dans l’ombre de Jésus. Le temps qui s’écoule entre l’Ascension et la Pentecôte pousse les disciples à attendre l’accomplissement de la promesse de Jésus en même temps qu’il ouvre les disciples au don de Dieu. Mais, avec la Pentecôte, l’Eglise entre maintenant pleinement en mission : « Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » dira Jésus à ses apôtres. Maintenant, c’est clair : l’Eglise continue la mission de Jésus. Jésus passera par l’Eglise. Voilà une des conséquences de la Pentecôte.
Comment la tête qui est au Ciel (Jésus) restera-t-elle en lien, en communion, avec le Corps qui est sur terre (l’Eglise)? par le don de l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu ! C’est l’Esprit Saint qui unit la tête et le corps. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles, dans notre foi, le Credo, l’Eglise est mentionnée après la personne de l’Esprit-Saint et non après la personne du Christ. Parce que c’est Lui qui lui donne sa Vie.
Nous sommes ici devant un grand mystère qui est que c’est Dieu qui par son Esprit continue de guider et de conduire l’Eglise à travers des êtres humains pécheurs et non parfaits. Et pourtant, l’Eglise est conduite. Et elle continue à avancer ; et elle tient !
Je voudrais m’arrêter avec vous sur un autre effet de la Pentecôte. Le don de l’Esprit-Saint permet d’assurer la communion de l’Eglise. Il permet de la garder dans l’unité ; tout en assurant sa légitime diversité. St Paul l’écrit aux Corinthiens : « Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. » C’est normal qu’il y ait de la diversité au sein même de l’Eglise ; c’est même sain ! C’est normal qu’il y ait des charismes différents ! C’est normal et sain que chacun ait ses préférences. On devrait se réjouir de la diversité au sein de l’Eglise : qu’il y ait des communautés nouvelles issues du Renouveau charismatique, qu’il y ait des communautés monastiques, qu’il y ait des communautés plus traditionnelles. C’est signe de bonne santé. Et c’est surtout le signe que l’Esprit-Saint habite et vivifie notre Eglise.
Mais c’est une chose que l’Esprit de Dieu suscite ces communautés, d’ailleurs toutes assez jeunes et pleines de vie ; et c’en est une autre que nous reconnaissions à travers ces diverses communautés, qui peut-être ne nous plaisent pas spontanément, qu’elles sont données par l’Esprit-Saint pour faire vivre l’Eglise et que nous les acceptions.
Cette diversité appelle chez nous une conversion réelle et authentique. Nous pouvons nous sentir plus à l’aise dans telle ou telle branche de l’Eglise ; mais prenons garde à ce que nous demeurions ouverts à la communion de l’Eglise qui dépasse l’expression de nos propres sensibilités.
En cette fête de la Pentecôte, demandons la grâce d’une nouvelle jeunesse pour notre Eglise. L’Esprit ne cesse de souffler. Ne passons pas à côté ! A l’heure où notre diocèse, notre paroisse réfléchissent sur la mission, sur l’évangélisation, ne perdons pas de vue que l’évangélisation est d’abord l’œuvre de Dieu qui nous rend participants de son action ! La mission ne réside pas dans des projets, de belles idées, mais d’abord dans l’accueil du don de Dieu. Amen !