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Fête de l’Ascension 2014
Frères et sœurs,
La fête de l’Ascension que nous fêtons aujourd’hui entre en écho avec bon nombre d’évènements qui ont marqué notre relation avec Dieu.
La fête de l’Ascension répond à la fête de Noël. A Noël, Dieu prend la nature humaine pour nous rejoindre. Il vient du ciel sur la terre. A l’Ascension, Jésus remonte d’où Il est descendu. Il remonte de la terre vers le ciel achevant ainsi son pèlerinage sur la terre en attendant son retour à la fin des temps.
La fête de l’Ascension répond aussi à la fête du baptême de Jésus. Lors de son baptême, Jésus baptise notre humanité qu’Il est venu assumer, qu’Il est venu sauver du péché. Il inaugure la réconciliation entre les deux natures : la nature humaine abîmée par le péché et la nature divine dont l’image se reflète dans la nature humaine. Lors de l’Ascension, Jésus remonte au ciel avec son corps humain, certes ressuscité, mais avec son corps humain. L’humanité est réconciliée avec la divinité.
Nous voyons bien que cette fête est importante. Elle met un terme à l’existence humaine de Jésus en même temps qu’elle nous redit le but final de notre vie qui est de participer à la vie divine.
L’Ascension clôt l’existence terrestre du Fils de Dieu. Mais il faut s’arrêter sur cette particularité de la temporalité qui s’écoule entre la Résurrection de Jésus et son Ascension ; parce que c’est quand même particulier. Jésus est humainement présent, mais dans une humanité ressuscitée, une humanité glorifiée, affranchie des limites de l’espace et du temps. Dans cette corporéité particulière, ses disciples ne le reconnaissent pas spontanément. Ils doivent engager leur foi. Et c’est toute la particularité de cette temporalité : Jésus ouvre ses disciples à ses nouveaux modes de présence en même temps qu’Il les confirme dans sa propre Résurrection. Désormais, Jésus sera présent lorsque deux ou trois sont réunis en son nom ; Il est présent dans les Ecritures. Il est présent au plus haut point sous les espèces eucharistiques. Le récit des pèlerins d’Emmaüs est à ce propos une véritable catéchèse. C’est la particularité de cette temporalité qui s’écoule de la Résurrection jusqu’à l’Ascension.
Mais en même temps, l’Ascension de Jésus nous redit que nous aussi nous sommes appelés à rejoindre Dieu au terme de notre vie. Puisque Jésus a en tout point assumé notre humanité, ce qu’Il vit est ce que nous vivrons. Sa Résurrection annonce la nôtre ; son Ascension annonce la nôtre. L’Ascension de Jésus nous redit que nous sommes appelés à vivre en Dieu. Alors, nous qui vivons dans le monde, qui, bien des fois, nous nous laissons enfermer dans le monde, dans ses préoccupations, nous oublions que notre vie humaine aura un au-delà après la mort. Il y aura une rencontre décisive avec Dieu. Est-ce que nous nous y préparons ? Est-ce que nous pensons à ce que nous voudrions offrir à Dieu au terme de notre passage sur cette terre ? Cette perspective de participer à la vie divine au terme de notre vie doit orienter notre manière de vivre ici-bas.
Cette fête de l’Ascension donne en outre une consistance plus importante à l’Eglise que Jésus est venu fonder, cette Eglise qui entrera pleinement en « fonction » avec la Pentecôte. Dans la deuxième lecture, St Paul écrit en parlant de Jésus : « Il a fait de Lui la tête de l’Eglise qui est son corps, et l’Eglise est l’accomplissement total du Christ. » L’Ascension, c’est donc la consécration de la double nature de l’Eglise : divine par la tête, par Jésus qui est au Ciel où « tout pouvoir lui est confié » ; et humaine, par le Corps, par nous-mêmes, qui sommes sur terre. Cette double nature explique et l’indissolubilité de la tête et du corps, c’est-à-dire de Jésus et de nous-mêmes et elle explique ce mystère que nous professons dans notre foi : « Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. » L’Eglise est sainte parce fondée, instituée par Jésus-Christ et parce qu’appelée à partager sa divinité ; mais elle est en même temps ce rassemblement de pécheurs que nous sommes, en marche vers la conversion. L’Ascension de Jésus est le gage de notre sanctification, car la tête reste liée et commande le corps.
Enfin, cette fête de l’Ascension marque aussi le début de la mission de l’Eglise, qui, en tant que Corps du Christ, continue et déploie dans le temps la mission de Jésus : « et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés » dira Jésus à ses disciples.
Nous sommes nous, pour le coup, dans une autre temporalité : celle qui s’écoule depuis l’Ascension de Jésus jusqu’à l’attente de son retour glorieux. Nous sommes donc dans ce temps particulier où Jésus n’est plus présent dans son humanité glorifiée, dans son humanité ressuscitée, mais où Il est présent sous d’autres modalités : l’Ecriture, les Saintes Espèces, le Pain et le Vin : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » dira Jésus à ses disciples. Et cette absence humaine de Jésus a deux conséquences pour nous.
La première, c’est que nous ressentons son manque. Et que, de ce fait, nous nous ouvrons par le désir à la présence de Jésus. Tout comme le manque d’eau fait que la terre s’ouvre par des crevasses pour accueillir l’eau. C’est le sens de ce laps de temps qui s’écoule entre l’Ascension et la Pentecôte. Pour s’ouvrir au don de Dieu dans l’Esprit-Saint à la Pentecôte, pour l’accueillir, les apôtres doivent faire l’expérience de leur pauvreté, de leur finitude, de leur manque. Et alors, ils accueilleront le don de Dieu. Aujourd’hui, l’absence humaine de Jésus est l’occasion pour nous de faire grandir le désir de Dieu.
La deuxième conséquence, c’est que cette absence humaine de Jésus est cause de la mission ; elle est le moteur de la mission de l’Eglise : « Allez donc ! De toutes les nations faîtes des disciples ; baptisez-les au nom du Père et du Fils et du St Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. » Dans son mode de présence spécifique, Jésus choisit de se donner à son Eglise ; Il choisit de passer par son Eglise. L’Ascension et la Pentecôte nous permettent bien de comprendre la nature de l’Eglise. En évangélisant, l’Eglise n’est pas une institution humaine qui appliquerait un programme tout fait, même en obéissant aux paroles de Jésus. Non, c’est encore différent. L’Eglise, c’est Dieu qui évangélise, en choisissant de passer par nous, par notre humanité. C’est la tête qui pilote en passant par le corps.
Nous qui vivons dans cette temporalité, nous sommes appelés à annoncer l’Evangile, à transmettre la foi, à baptiser : « Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » dit Jésus à ses apôtres. Jésus appelle à évangéliser jusqu’aux extrémités de la terre. Mais parfois aujourd’hui, les extrémités de la terre sont à côté de nous. L’Evangélisation est un défi. Dans nos terres de vielle tradition chrétienne, il s’agit aujourd’hui de ré-évangéliser les personnes, les familles. Beaucoup restent attachés à des rites de tradition, comme les baptêmes, la communion, le mariage, les obsèques à l’église ; mais cet attachement est vidé de substance. Rendez-vous compte aujourd’hui un tiers des demandes de baptêmes exclut le catéchisme ! On veut le baptême, mais surtout pas l’enseignement de la foi chrétienne ! Evangéliser, oui, mais aussi, ré-évangéliser ! C’est dans cette voie que notre paroisse s’engage réellement en lançant une mission dans certains quartiers de Verneuil, en lançant une mission l’an prochain sur l’ensemble de la paroisse en accueillant des Pères Lazaristes en avril 2015, en vous demandant d’inviter aux fêtes patronales, au repas paroissial, des personnes proches de la paroisse qui ne sont pas pour autant encore membres de notre famille. Nous avons besoin de monde !
Frères et sœurs, prions pour que notre Eglise, pour que les chrétiens et les baptisés entendent cet appel de Jésus : « Allez donc ! de toutes les nations faîtes des disciples, baptisez-les an nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! » Amen !