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Ascension 2016
Frères et Sœurs,
Avec la fête de l’Ascension, nous entrons dans une temporalité que nous connaissons bien puisque c’est celle dans laquelle nous vivons. On peut distinguer 3 temporalités différentes : celle qui précède l’Incarnation du Fils de Dieu ; celle qui concerne la vie humaine de Jésus : 33 années. Ces quelques années se divisent elles-mêmes en deux : il y a 33 années d’existence humaine de Jésus et 40 jours d’existence de Jésus dans son humanité ressuscitée. Et puis il y a la temporalité qui suit l’Ascension de Jésus, où Jésus n’est plus présent de manière humaine et où nous attendons son retour à la fin des temps. Nous nous situons dans cette temporalité-ci.
Regardons tout d’abord l’Ascension de Jésus comme la réponse à l’Incarnation. Dans l’Incarnation, Jésus, de nature divine, assume la nature humaine. Dans l’Ascension, Jésus fait accéder notre humanité, en Lui déjà ressuscitée, à la divinité. Ce mouvement est un mystère. Jésus ne part pas quelque part dans le Ciel, Il entre dans le mystère de Dieu. Du reste, la première lecture évoque ce mystère à travers l’image de la nuée : « Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître dans une nuée. » Monté aux cieux, à la droite du Père comme nous le disons dans le Credo, Jésus est maintenant présent de manière nouvelle et différente. Les disciples vont pouvoir faire l’expérience d’une nouvelle proximité avec Jésus, un peu comme Marie-Madeleine va devoir entrer de manière nouvelle en relation avec Jésus Ressuscité.
Traditionnellement dans l’Eglise, on célébrait les Premières Communions le Jour de l’Ascension, justement pour montrer que si Jésus remontait au Ciel dans le mystère de l’Ascension, Il demeurait présent dans la Sainte Communion.
Les disciples voient Jésus monter au Ciel ; ils lèvent leurs yeux vers le Ciel. L’Ascension tire aussi nos regards vers le Ciel car c’est là qu’est notre fin ultime et non dans la vie terrestre. Le terme de notre vie est en Dieu. Frères et sœurs, il nous faut demander cette grâce de désirer le Ciel, de désirer la rencontre avec Dieu et avec tous ceux qui nous précèdent et que nous avons connus. Gardons-nous surtout de penser le Ciel à partir de nos réalités humaines ; la vie éternelle n’est pas une projection de la vie humaine ; c’est l’inverse : la vie humaine se construit en fonction de la vie éternelle.
Si l’Ascension répond à l’Incarnation du Fils de Dieu, l’Ascension prépare aussi l’Evènement de la Pentecôte : « Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre. » dit Jésus à ses apôtres. On peut s’interroger sur le sens de ces 10 jours qui séparent l’Ascension de Jésus de la Pentecôte. Pourquoi cet intervalle ? Pourquoi est-ce que la Pentecôte ne vient pas immédiatement après l’Ascension ? Je crois qu’il y a au moins deux raisons à ce laps de temps.
La première, c’est que, comme à la suite de la Passion, Jésus pousse ses Apôtres et ses disciples à vivre dans la foi. Dans la foi en l’accomplissement de la Promesse divine. Vivre désormais l’absence humaine de Jésus nous conduit à vivre dans la foi notre relation à Dieu.
La deuxième, c’est qu’en ne répondant pas immédiatement à la Promesse, Jésus pousse ses disciples à faire une nouvelle fois l’expérience de leur limites, de leur finitude, de leur faiblesse. Il pousse ainsi les disciples à grandir dans le désir de l’accomplissement de la Promesse divine ; Il ouvre en quelque sorte un espace dans notre humanité pour attendre le don de l’Esprit-Saint. Cette réalité nous redit que plus nous attendons l’Esprit-Saint, plus nous désirons l’Esprit-Saint, plus Il accomplit des merveilles en nous. Pourquoi creuser en nous un tel désir ? Eh bien, parce que le don de l’Esprit-Saint n’est pas celui d’une petite force tranquille ; c’est au contraire le don par excellence qui mettra le feu au monde. A quelques jours de la Pentecôte, demandons-nous aussi comment nous nous préparons au don de l’Esprit-Saint qui est renouvelé sur toute l’Eglise.
Attente de l’Esprit-Saint et réception d’une mission : « Vous serez mes témoins à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la Terre. » C’est notre mission de chrétiens qui est ici en question. Ne peut être témoin que celui qui a reçu l’Esprit-Saint, celui dont le baptême a été confirmé. Notre témoignage ne porte pas seulement sur l’existence de Dieu, sur la relation à vivre dans la foi avec Jésus, sur l’amour que nous nous portons les uns les autres; mais il porte aussi sur l’attente de son retour. Là aussi, il y a le critère d’une qualité chrétienne authentique. Depuis que deux anges, d’apparence humaine, vêtus de blanc, ont annoncé que Jésus reviendrait de la même manière qu’Il est parti, l’Eglise ne cesse d’annoncer et d’attendre le retour de Jésus. C’est notamment un des aspects de notre prière dans l’Anamnèse : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » L’Ascension de Jésus nous fait désirer son retour à la fin des temps, mais déjà aussi maintenant dans la foi.
Frères et sœurs, que cette belle fête de l’Ascension ravive en nous le désir de Dieu et nous redonne le goût de regarder vers le Ciel, là où Jésus, tout en partant, ne cesse de continuer à nous bénir. Amen !