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Fête Dieu 2014
Frères et sœurs,
Aujourd’hui, l’Eglise vénère et adore dans la liturgie le trésor légué par Jésus lui-même, c’est-à-dire : lui-même. Lui-même sous la forme du Pain et du Vin consacrés qui sont devenus au cours de la messe, le Corps et le Sang du Christ.
Chez ceux qui n’ont pas la foi, on peut se dire : qu’est-ce que c’est que ce rite bizarre où les chrétiens vont manger un bout de pain et disent que c’est le Corps de Jésus ? Chez ceux qui sont protestants, on se dit que ce rite rappelle le fait que Jésus a donné son corps et son sang pour nous ; c’est un mémorial, un rite qui nous aide à faire mémoire de…
Mais chez les catholiques, on reconnaît et on croit que ce bout de pain EST le Corps du Christ, parce que c’est Jésus lui-même qui au soir du Jeudi Saint a institué ce rite devant des disciples qui ne comprenaient alors pas grand-chose, si ce n’est que ça allait mal finir pour Jésus…
Le fait que nous commémorions ce don institué et légué par Jésus ne nous met pas à l’abri des questions ou des doutes qu’il suscite. Bien au contraire ! Alors que St Jean nous rapporte dans l’Evangile ce que Jésus est en train d’instituer, sa présence dans le Pain et le Vin, St Jean n’oublie pas de nous rapporter les doutes des auditeurs de Jésus, voire même les oppositions. Nous savons que beaucoup de disciples vont quitter Jésus après ce discours. Beaucoup ne vont pas comprendre et vont en rester à un sens littéral : cet homme veut nous donner sa chair à manger et son sang à boire…mais, nous en sommes pas cannibales ! Bien sûr, ces paroles que Jésus prononce ne sont pas comprendre au premier sens, mais elles sont à comprendre à travers le rite qu’il institue. Et Jésus sera clair ; Il ne dira pas : ce pain représentera mon corps ; ce vin représentera mon sang. Il dira : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Ce mystère de la transsubstantiation est certes difficile à croire, mais c’est l’objet de notre foi et objet d’un acte de foi de notre part. Ecoutez ce que dit la séquence du jour : « C’est un dogme pour les chrétiens que le pain se change en son corps, que le vin devient son sang / Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer hors des Lois de la nature. »
Alors, il y aurait beaucoup à dire sur les effets de ce mystère. Je vais simplement évoquer rapidement 3 effets directs qui nous concernent.
Le premier, c’est que le Saint-Sacrement, la Présence de Jésus dans le Pain consacré, nourrit notre vie divine. Si Jésus a choisi de se donner à nous sous l’espèce du pain, c’est bien pour nous montrer qu’Il se fait nourriture. Le pain est la base de notre nourriture. Mais, que Dieu veuille nourrir l’homme, ce n’est pas non plus évident. On peut en rester dans notre foi à un Dieu qui nous créées, mais ne pas en venir à un Dieu qui veut nous nourrir de lui-même pour que nous devenions lui-même ! Or, il a fallu aussi préparer le coeur et l’intelligence de l’homme pour que l’homme comprenne que Dieu veut nous nourrir de lui-même ; cela ne s’est pas fait du jour au lendemain…C’est l’expérience du peuple hébreu rapportée dans la première lecture. A travers la marche au désert, à travers l’endurance de la faim et de la soif, Dieu éduque son peuple à recevoir tout ce qui viendra de Lui. L’homme doit mourir à la prétention de tout recevoir de lui pour accepter de recevoir de la part de Dieu ! La séquence redit le mystère de cette longue préparation : « D’avance il fut annoncé par Isaac en sacrifice, par l’agneau pascal immolé, par la manne de nos pères. »
Le deuxième effet de ce mystère, c’est que le Saint Sacrement permet à Dieu de demeurer en nous, comme nous en Dieu. Jésus le dit lui-même dans ses paroles : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui. » Il ne peut y avoir de communion plus grande, plus parfaite et plus totale entre Dieu et nous que dans le Pain consacré. A travers la Communion, Dieu vient habiter réellement en nous, physiquement ; tout comme Il habite maintenant dans chacune des églises de notre paroisse. Le Saint-Sacrement a en effet été remis au maître-autel dans toutes les églises ; ainsi, Dieu habite, est réellement présent au cœur de nos villages, de nos églises ; il ne reste maintenant plus qu’à ré-ouvrir nos églises pour que les gens puissent venir prier, parler à Jésus et l’écouter nous parler, ré-ouverture des églises qui est en cours sur la paroisse ! Et, en même temps, à travers la Communion, Dieu nous fait demeurer, habiter en Lui. Quand nous communions, nous nous transformons en Dieu ; nous sommes assimilés à Dieu et en Dieu. Ceci-dit, frères et sœurs, ce même processus a lieu, d’une manière différente certes, mais il a lieu quand même pour les personnes qui s’abstiennent de communier par obéissance à ce que l’Eglise demande, car Dieu n’exclut personne !
Le troisième effet de ce mystère, c’est que l’Eucharistie fait de nous le Corps du Christ. Puisque nous communions au même Pain, nous avons part au même Corps, et nous devenons ce même Corps. C’est l’Eucharistie qui façonne, construit et solidifie l’Eglise par l’incorporation des fidèles qui communient au Corps du Christ Ressuscité. Le Saint-Sacrement fait l’Eglise et fait notre unité. Le Saint-Sacrement est le médicament contre la division, les ruptures et tout ce qui blesse et détruit notre unité et notre communion. Mais prenons bien garde de ne pas être facteurs de divisions au sein même de l’Eglise si nous communions, car c’est un péché encore plus grave Là aussi, St Thomas d’Aquin le dit dans la séquence : « Bons et mauvais le consomment, mais pour un sort bien différent, pour la vie ou pour la mort. »
Frères et sœurs ce jour béni où nous adorons Jésus lui-même, confions lui chacune de nos vies, de nos familles, tous les malades que nous sommes, que nous connaissons. Confions-lui l’unité de notre paroisse et de notre Eglise. Amen !