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Commémoration des fidèles défunts
Chers frères et sœurs,
Au lendemain de la fête de la Toussaint, l’Eglise prolonge sa prière pour tous ceux qui sont morts. Nous prions pour que tous ceux qui nous ont quittés entrent dans la communion avec Dieu et vivent de sa vie.
Vivre le deuil dans une perspective chrétienne est une réalité complètement différente que de le vivre de manière athée. Et c’est dans cette perspective que nous sommes appelés à vivre le mystère de la mort. La première lecture que nous avons entendue, tirée de l’Ancien Testament (donc d’un temps où la Résurrection n’a pas encore illuminé notre temporalité ni notre histoire) nous fait pressentir dans une attitude de foi qu’il y a un au-delà invisible à l’œil nu après la mort, un au-delà avec Dieu. Ce pressentiment que donne la foi pas encore illuminée par la Résurrection, nous pouvons le retrouver en nous, que nous soyons chrétiens ou non, par la puissance de l’Amour que nous éprouvons pour ceux qui nous ont quittés. Nous sentons bien tous que l’Amour que nous avons pour ceux que nous aimons ne s’arrête pas avec la mort. L’Amour cherche à exister, à reconstruire un lien, une relation. Ce dynamisme naturel est inscrit dans notre nature et nous ouvre vers l’au-delà de la mort.
C’est là frères et sœurs, qu’il est important d’accueillir la foi de l’Eglise qui va nous permettre d’édifier, de structurer ce mouvement naturel inscrit en nous, et qui va permettre la reconstruction d’une relation avec nos défunts. St Paul le dit dans la deuxième lecture : « Le Christ est mort pour nos péchés et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures, et il est apparu à Pierre puis aux Douze. » La foi en la Résurrection de Jésus n’est pas simple ; elle pose beaucoup de questions. Les Apôtres et les disciples ont eu beaucoup de doutes. Mais leur foi s’est affermie et ils nous ont transmis cette nouvelle extra-ordinaire : la puissance d’amour de Dieu a triomphé de la mort en ouvrant une nouvelle dimension de la vie. L’existence dans laquelle est entrée Jésus est une existence libérée de toutes limites, de toute imperfection, de tout péché, de tout mal, de toute souffrance. C’est dans cette existence qu’entrent tous ceux qui quittent notre monde et choisissent d’aller vers Dieu. La foi permet donc d’entrer dans une relation nouvelle, une relation de vie avec nos défunts, relation qui passe par une Communion spirituelle, relation qui passe par la Communion avec le Christ Jésus, premier des Ressuscités, relation qui passe par la médiation de l’Eglise, Corps du Christ.
La foi nous permet de construire une relation de vie avec nos défunts, et non une relation de mort. Plus notre relation avec eux se laisse façonner par la foi, plus nos défunts nous entrainent vers la plénitude de la Vie dans laquelle eux sont entrés par Dieu et grâce à Dieu. Ils nous préparent ainsi nous aussi à les rejoindre et à pressentir cette Vie qui se déploie au-delà de la mort. Frères et sœurs, cette relation nouvelle dans laquelle chacun de nous peut entrer, se vit au plus haut point dans la sainte messe. En effet, dans la messe, plusieurs mouvements se croisent. D’une part, notre prière pour nos défunts les rejoint grâce à la médiation du Christ ; d’autre part, leur prière pour nous (parce qu’ils continuent à nous aimer et à veiller sur nous) nous rejoint par la médiation du Christ ; d’autre part encore le sacrifice du Christ qui continue de se déployer dans le temps fortifie et construit notre propre foi.
Vous qui avez perdu un être cher au cours de l’année écoulée, suivez les messes qui ont été offertes pour vos défunts. Reprenez contact avec les membres des équipes funérailles ou les frères de charité pour savoir où vous en êtes dans les messes qui sont à célébrer. Ne laissez pas tomber ces questions-là : elles sont importantes. Et, faîtes tout ce que vous pouvez pour venir aux messes dites pour vos défunts. Vous pouvez demander à ce qu’elles soient dites dans les églises où ont été célébrées les obsèques. La relation avec vos défunts passe aussi, et même d’abord, par cela. Amen !