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Commémoration des 70 ans de la libération de Verneuil
Hommage à l’Abbé Pierre Souty
Vendredi 22 Août 2014
Monsieur le Maire,
Monsieur le Conseiller général,
Mesdames et messieurs les élus,
Messieurs les anciens élèves de l’Ecole des Roches,
Madame et Messieurs les anciens combattants et les membres du souvenir français,
Chers habitants de Verneuil
Chers frères et sœurs,
C’est évidemment une célébration lourde de sens que nous vivons, faisant mémoire des évènements heureux et douloureux qui se sont déroulés il y a 70 ans : presque trois quarts de siècles ! et pourtant, encore si présents dans la mémoire de bon nombre de personnes et de paroissiens.
Si nous sommes dans la joie en commémorant la libération de notre pays, cette joie est aussi quelque part alourdie par le nombre de victimes qu’il y a eues, dont nous ferons mémoire tout à l’heure lors de la cérémonie civile. Ces évènements que nous commémorons à quelques décennies nous redisent tout d’abord que la paix a un prix et qu’elle est, en tout cas sur terre, le lieu d’un combat et de sacrifices.
La paix, aujourd’hui trop souvent revendiquée et exigée comme un droit, demeure utopique lorsque l’on ne prend pas la mesure des efforts à consentir, parfois des combats à mener ou encore des sacrifices à offrir en vue de la construction de la paix. C’est une vérité bien humaine que, si la paix est toujours à rechercher et à construire, elle ne l’est qu’à la mesure de notre participation et de notre engagement.
La foi chrétienne nous rappelle, en dépit des évènements malheureux qui jalonnent ici ou là l’histoire de l’Eglise, nous rappelle que la paix est un don de Dieu. Ce qui veut dire deux choses : tout d’abord que Dieu veut la paix, et qu’aucune guerre sainte ne peut avoir lieu derrière le Nom de Dieu ! ; et d’autre part que Dieu est source de paix. « Paix aux hommes de bonne volonté ! » c’est le message des anges dans la nuit de Noël pour tous ceux qui accueilleront le Messie. Mais la foi chrétienne nous redit aussi que Dieu ne veut pas sauver l’homme du péché et de la mort sans sa propre collaboration. La beauté de l’œuvre du Salut que Dieu accomplit en nous et pour nous est de rendre l’homme participant de son salut, et par conséquent de rendre participant du combat pour la paix ; ce combat qui commence d’abord en soi contre le péché, contre les tentatives, les puissances de pouvoir, de domination, d’écrasement des autres ou d’asservissement.
Dans ce contexte, il m’est un honneur en tant que curé de Verneuil ainsi que pour la paroisse de rappeler les risques encourus par un de mes prédécesseurs et confrères, l’Abbé Souty, aumônier de l’école des Roches de 1937 à 1946. Alors que le pays avoisinant était tombé depuis près d’une semaine dans les mains des Américains, les Alliés croyaient Verneuil toujours occupée par les Allemands. Quelques jours auparavant, le dimanche 20 août, un tir de canon endommage même le gravement le matin la Tour de la Madeleine ainsi que la Tour St Jean. Mais devant de lourds bombardements au matin du mardi 22 août, l’Abbé Souty risque sa vie en allant au-devant des Américains alors à Pullay, pour leur signifier que les Allemands s’étaient déjà repliés et que Verneuil n’était plus occupée. De ce fait, Verneuil a été préservée, tant du point de vue de la population, même si certains n’échapperont pas aux bombardements, que du point de vue de la ville et du patrimoine. Et cet, graâce à l’intervention de l’Abbé Souty.
Alors, frères et sœurs, il est intéressant de faire mémoire de cette belle et noble figure, et il est appréciable que notre ville s’associe à l’hommage de la paroisse, reconnaissant par là-même, au-delà de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, que les uns et les autres se retrouvent sur la défense de valeurs fondamentales comme la protection et le respect de toute vie ainsi que sur la construction de la paix entre les hommes et dans la cité.
En évoquant le souvenir de l’Abbé Souty, il est légitime d’évoquer aussi celui de Mère Laurentia, Mère supérieure de l’abbaye St Nicolas qui ouvrit son abbaye, pourtant consacrée à la clôture, à l’accueil des personnes isolées, blessées ainsi qu’aux familles venant visiter leurs prisonniers, gardés à l’école des Roches. Voici aussi une noble et belle figure religieuse qui s’engagea au service de la liberté. Elle le paya du prix de sa vie, puisqu’elle fut déportée en Allemagne et y mourut le 3 décembre 1943. Elle offrit sa mort pour la France et pour le rachat du peuple allemand.
En ce jour, si lourd de souvenirs et de sens, nous tournons nos cœurs vers la Vierge Marie, Reine, comme la liturgie de ce jour la nomme. Marie, Reine de la paix. Nous tournons nos cœurs vers elle, et avec elle, nous prions pour tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté, pour que nous demeurions français et libres. Nous confions à sa maternelle intercession et protection toutes les victimes des guerres : les soldats, les civils, les familles détruites par les disparitions. Nous demandons à la Sainte Vierge, Sainte patronne de notre pays et de notre paroisse, de veiller sur nous ; de nous apprendre à estimer le prix de la paix ; de nous apprendre à faire de nous des constructeurs de la paix, de nous apprendre à être fidèles à Dieu, seule source de la véritable paix. Puisse Notre-Dame continuer à veiller sur notre pays et sur notre Europe qui se cherche. Amen !