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Fête Patronale de la Saint Martin
Patrons d’Ambenay, de Cintray et de Francheville
Frères et sœurs,
Avec quelques jours d’avance, nous honorons le saint patron de notre village, St Martin, qui naquit en 316 en Pannonie à Sabaria en actuelle Hongrie. St Martin évangélisa profondément la Gaule ; c’est pourquoi bon nombre d’églises lui sont consacrées dans notre pays. A l’occasion de la fête de St Martin, l’occasion nous est donnée de découvrir un peu plus profondément sa vie et son action, au-delà de l’image que nous avons tous qui est celle où nous voyons le saint, encore soldat, partager son manteau à l’entrée de la ville d’Amiens lors de l’hiver 338.
St Martin était d’abord un homme de Dieu. Il naît dans une famille qui n’est pas chrétienne : son père, originaire de Pavie au nord de l’Italie, était tribun militaire de l’empire romain, c’est-à-dire, officier de l’armée romaine. Le jeune Martin, dont le prénom est étymologiquement lié à l’armée (Martin vient du Dieu latin Mars, Dieu de la guerre) est destiné à une carrière militaire un peu contre son gré. Mais, l’inclination récente que montre le jeune homme pour la foi chrétienne inquiète et agace son père qui précipite l’entrée de son fils dans l’armée : on entre normalement dans l’armée à l’âge de 17 ans ; c’est à 15 ans que Martin va faire son entrée dans l’armée.
Envoyé en Gaule, Martin va se trouver confronté à un monde païen. C’est ici que vient se placer le récit que nous connaissons bien : Martin déchirant son manteau en deux et le remettant à un pauvre qui mourrait de froid. Mais le Christ qui l’attire de plus en plus à Lui va l’emporter sur sa carrière : Martin va quitter l’armée et, deux ans après, il va recevoir le baptême.
Homme de Dieu, Saint Martin ne va cesser de s’opposer au culte des idoles. Homme de Dieu, St Martin l’est encore lorsqu’il va fonder des ermitages pour pouvoir prier. Il va se mettre à l’école de St Hilaire, alors évêque de Poitiers depuis 350. Là, au côté de St Hilaire qui aura le même âge que lui, St Martin va s’opposer à l’arianisme, hérésie très répandue en Gaule à l’époque, hérésie qui conteste la divinité du Christ. St Hilaire veut faire du futur St Martin un prêtre et donc l’ordonner. Mais, c’est chose impossible car Martin a été dans l’armée. St Martin refuse donc aussi le diaconat et accepte la fonction d’exorciste.
Mais cet homme de Dieu qui n’a cessé de chercher Dieu dans la prière comme les moines de l’époque, va accomplir sa foi chrétienne par la charité qu’on lui connait, reprenant ainsi les paroles de Jésus dans l’Evangile : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu et vous m’avez habillé. »
Homme de Dieu par la prière, par la charité. Il est du reste intéressant de savoir qu’après avoir partagé son manteau en deux pour vêtir un pauvre, St Martin verra en songe le Christ lui apparaître vêtu du manteau qu’il venait de partager…
Mais St Martin est aussi un évangélisateur redoutable. S’inscrivant dans le mouvement des moines évangélisateurs de l’époque, et plus particulièrement dans la mouvance des moines gallois débarquant sur les rivages de l’Armorique pour évangéliser la Gaule, St Martin va fonder des ermitages, lieux de prière et d’apprentissage de la vie chrétienne. Le premier à être fondé est celui de Ligugé. Plus tard, St Martin évêque, il fondera l’ermitage de Marmoutiers. Ces ermitages vont se révéler être de véritables bases stratégiques d’évangélisation. C’est à partir de ces lieux là que les campagnes vont être évangélisées. On y vit comme au temps des premiers chrétiens, mettant tout en commun et s’exerçant à la prière. St Jean-Baptiste inspire le style de vie de ces ermites : vêtements les plus simples à l’image du grand saint qui était vêtu de poils de chameaux ; nourriture plus que frugale, à l’image de St Jean-Baptiste qui se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Avec le temps, St Martin laisse des disciples à la tête de ces ermitages et progressivement, on s’achemine vers la vie d’un monastère. Dans un premier temps, ces monastères vont vivre sous l’influence de l’église celte, grâce aux moines irlandais et gallois qui pénètrent de plus en plus dans les terres, avant d’être « rattrapés » par la règle bénédictine beaucoup plus douce et modérée.
St Martin vit dans son ermitage à Ligugé lorsqu’en 371, l’évêque de Tours meurt. Les fidèles viennent l’enlever et le proclament, contre son gré, évêque de Tours le 4 juillet 371. Mais, devenu évêque, St Martin ne renoncera pas à son style de vie érémitique, si bien qu’il va insupporter ses autres confrères évêques qui désapprouvent ses mortifications fréquentes. Sous son épiscopat, l’évangélisation se déploie : lutte contre le culte des idoles ; destructions des sanctuaires païens, remplacés par des églises et des ermitages.
St Martin était aussi un homme sage ; sur la fin de sa vie, à quelques jours de quitter notre terre, il est encore appelé pour rétablir la paix dans le clergé qui se divise. Il préférait mourir en paix, mais ira jusqu’au bout de sa mission illustrant la deuxième lecture que nous avons entendue : « En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. »
Voici, Frères et Sœurs, rapidement esquissée la vie de notre saint patron. Que nous apprend St Martin, à nous aujourd’hui, dans le contexte ecclésial et de société qui est le nôtre ?
St Martin nous apprend avant tout à être des hommes et des femmes de Dieu. Il nous apprend à aimer Dieu et à rechercher Dieu. Il nous apprend à être fidèle à Dieu dans la prière. Tout commence par là. La prière est le lieu où se construit la relation avec Dieu. St Martin nous apprend en outre qu’un chrétien n’est pas seulement quelqu’un qui prie, mais aussi quelqu’un qui met l’Evangile en acte et en pratique dans sa vie. Aimer Dieu et aimer son prochain. Enfin, St Martin est un exemple d’évangélisateur. Il a réussi à christianiser un pays complètement païen. Et comment cela ? En fondant des petites communautés de vie chrétienne où l’on priait, où l’on vivait la charité, où l’on s’aimait. De ce fait, ces communautés interrogeaient les gens du voisinage ; elles attiraient, parce que les gens qui y habitaient ne vivaient pas comme les autres. Ces communautés étaient le signe d’une autre réalité. Et lorsque les gens se convertissaient, alors ces communautés étaient un lieu de formation et de renforcement de la foi…St Martin nous invite à regarder comment sont nos paroisses. Sommes-nous perçus comme des communautés qui prient ? où l’on sait que l’on peut venir trouver Dieu ? des hommes et des femmes de Dieu ? Sommes-nous perçus comme des personnes qui s’aiment au sens chrétien du terme ?
Confions à St Martin, l’Apôtre de la Gaule, notre souci de nouvelle évangélisation de notre pays, de notre société, de notre paroisse et de nos villages. Amen !