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Mgr de Moulins-Beaufort : « L’accueil des catéchumènes renouvelle notre Église »

Réunie à Lourdes du 31 mars au 4 avril, l’assemblée plénière des évêques de France élira un successeur à Mgr Eric de Moulins-Beaufort, son président depuis 2021. Crise des violences sexuelles, synodalité, relations avec les pouvoirs publics, demande spirituelle des jeunes croyants : l’archevêque de Reims revient sur plusieurs moments importants de ces six années.

Plus de trois ans après le rapport Sauvé (Ciase, octobre 2021), des victimes de violences sexuelles dans des établissements catholiques se manifestent, à Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), mais aussi dans le Finistère, en Savoie. C’est sans fin ?

La Ciase a estimé à 330 000 depuis 1950 le nombre de victimes dans l’Église catholique, dont un tiers l’aurait été par des laïcs, et beaucoup en milieu scolaire. Nous avons mis en place en 2016 des cellules d’écoute dans les diocèses, afin de recueillir et d’encourager la libération de la parole. Mais il faut respecter le temps des personnes victimes.

Pour que leur parole soit possible, il faut souvent un catalyseur, une première victime qui parle et qui parvient à en entraîner d’autres, et une ambiance sociale capable de recevoir ces témoignages. L’Enseignement catholique est mobilisé pour que ces faits, en grande partie du passé, ne puissent se répéter. Collectivement, nous découvrons qu’il faut être plus vigilants les uns vis-à-vis des autres.

Des évêques ont été mis en cause pour agressions sexuelles ces dernières années : Mgr Santier, Mgr Colomb et Mgr Reithinger. La lenteur des développements dans ces affaires laisse l’impression que l’institution se protège…

Dans le cas de Mgr Santier, je me dis rétrospectivement que nous aurions dû discuter plus nettement avec le Saint-Siège. Mais je rappelle que la CEF n’est pas une instance hiérarchique.

Quand un évêque est mis en cause, c’est l’archevêque responsable de la province (le “métropolitain”) et le Saint-Siège directement qui interviennent, et le Saint-Siège y tient ! Concernant Mgr Reithinger et Mgr Georges Colomb en revanche, les accusations font l’objet d’enquêtes judiciaires encore en cours, et l’un et l’autre se sont retirés de leurs fonctions.

De l’humiliation peut naître l’humilité

Quel sens spirituel voyez-vous à la prise de conscience de l’ampleur des violences sexuelles ?

Selon la Bible, la miséricorde de Dieu consiste à mettre au jour le péché pour qu’on puisse le voir et s’en repentir. Que l’Église soit mise devant ce qu’elle transportait en partie sans le savoir, ou sans vouloir le savoir, ou sans pouvoir le savoir, c’est déjà une libération, une promesse de guérison, j’en suis persuadé.

De l’humiliation peut naître l’humilité, et l’humilité, c’est le chemin que le Christ nous indique. Nous voulons servir les personnes, non les dominer et encore moins abuser d’elles.

Le pape François a pointé le cléricalisme, le dévoiement de l’autorité, comme l’une des causes des abus sexuels et spirituels. L’épiscopat s’est emparé de la pratique synodale, qui fait place aux baptisés ?

Plusieurs moments se sont enchaînés : la révélation des abus a amené le pape à appeler à lutter contre le cléricalisme, puis à déclencher la consultation mondiale sur la synodalité. L’Église a entrepris ce grand travail de révision et sans doute de rénovation des instances de gouvernement. En France, notre assemblée plénière de novembre 2021, un mois après la publication du rapport Sauvé, a fait une expérience décisive de synodalité.

Il était prévu d’écouter des personnes en précarité, dans le cadre de notre programme sur l’écologie, puisque Laudato Si’ associe « clameur de la Terre et clameur des pauvres ». À les entendre dire ce qu’elles attendaient de l’Église, ce qu’elles y trouvaient, tous les évêques se sont dit « nous n’avons rien à défendre, nous avons à servir toutes ces personnes ». Cela a énormément contribué à l’accueil de la parole des personnes victimes d’abus, également au programme de cette assemblée.

Qu’est-ce qui a marqué les relations de l’épiscopat avec le gouvernement ?

Le confinement de mars 2020, et la loi confortant les principes de la République, d’août 2021. Globalement, j’ai eu des relations de travail assez efficaces et cordiales avec les divers gouvernements. Avec le président de la République, les responsables religieux sont bien reçus, et j’ai eu le sentiment d’être écouté. Mais la crainte de ce que le président a pu appeler le séparatisme islamiste a amené à une transformation de la loi de 1905 qui nous a parue grave, et continue à nous paraître grave.

Elle permet un contrôle accru qui pourrait devenir tatillon si un gouvernement à venir le voulait. C’est pourquoi, avec les autres Églises chrétiennes, nous avons formulé un recours auprès du Conseil constitutionnel. Le Conseil constitutionnel l’a rejeté, mais a reconnu qu’il y avait une atteinte à la liberté, même s’il a jugé qu’elle était proportionnée à la finalité qu’est l’ordre public. La loi de 1905, mise en œuvre comme une loi de liberté, est devenue une loi de contrôle. Cela change un peu la relation avec les pouvoirs publics.

Nous devenons une Église catéchuménale

45 000 jeunes venus de France ont participé aux JMJ de Lisbonne, 50 % de plus qu’attendu. Les demandes de baptême d’adultes augmentent. Comment interprétez-vous ces données ?

Aux JMJ viennent des jeunes catholiques déjà impliqués avec des paroisses, des mouvements. Ceux qui demandent le baptême, et que nous recevons comme un don de Dieu, représentent un phénomène un peu différent. La déchristianisation se traduit peut-être par un intérêt renouvelé pour les religions. Certains, à l’âge où l’on fait des choix personnels, veulent devenir chrétiens.

Les catéchumènes qui m’ont écrit l’an dernier avant leur baptême disaient tous, d’une manière ou d’une autre, qu’approcher du Christ les avait apaisés, rendus capables de relations différentes avec les autres. Nous devenons une Église catéchuménale, après avoir été une Église de la transmission familiale. Si des jeunes viennent vers nous, c’est pour mettre leur vie sous la lumière de Dieu.

Des prêtres s’essayent à une présence sur les réseaux sociaux. C’est compliqué pour l’Église ?

Ce qui fait le charme des réseaux sociaux c’est précisément leur côté décalé. Des prêtres, des laïcs y publient des contenus qui peuvent être très intéressants. Mais devons-nous les valider ?

L’option de la conférence des évêques a été plutôt de connaître ces acteurs, de les faire se rencontrer. Quand c’est un prêtre qui tient un compte à succès, la question se pose de l’assumer dans l’humilité. Si elle vient de l’Esprit saint, alors l’initiative fait grandir dans la communion avec les autres, dans l’amour de l’Église.

Le Christ a créé l’Église pour qu’elle porte l’Évangile

Le pèlerinage traditionnaliste de Chartres rassemble de plus en plus de jeunes autour de la messe en latin selon l’ancien rite. Les évêques ont échoué à faire comprendre l’enjeu d’une liturgie commune pour l’unité de l’Église ?

Le pèlerinage de Chrétienté joue sur une ambiguïté. Sans doute au départ, les participants venaient y chercher ce que les organisateurs promouvaient, c’est-à-dire se conforter dans le culte de la forme prétendument traditionnelle du rite romain. Mais aujourd’hui, beaucoup sont en quête d’une ambiance, d’un moment d’exception durant lequel ils peuvent s’affirmer comme catholiques, Français, avec des drapeaux, des bannières, et le défi d’un effort physique, qui s’était estompé peu à peu du pèlerinage des étudiants vers Chartres, lequel a fini par disparaître.

Les organisateurs, eux, se durcissent, j’en ai l’inquiétude, dans une compréhension de la Tradition qui finit par être fausse. Et l’enjeu aujourd’hui pour nous évêques c’est d’exprimer en termes clairs auprès des plus jeunes ce qu’est la tradition de l’Église : avant tout l’acte du Christ qui se transmet, se donne lui-même.

Ce n’est pas la perpétuation de coutumes, de mœurs. Ce n’est pas la tradition des aïeux, mais la tradition de Jésus qui se livre sur la croix et dans l’Eucharistie. Je relève également une ambiguïté politique : le Christ n’a pas fondé l’Église catholique pour créer des États catholiques, ni même une société catholique. Le Christ a créé l’Église pour qu’elle porte l’Évangile au monde, et qu’il soit un ferment de liberté spirituelle.

Une pédagogie plus difficile à faire aujourd’hui ?

Non, parce nous retrouvons une grande partie des jeunes qui vont au pèlerinage de Chrétienté, aux JMJ, où l’on n’a aucun problème de célébration liturgique, et dans toutes sortes de rassemblements dans nos diocèses.

Les organisateurs du pèlerinage de Chrétienté se targuent de leur succès, c’est de bonne guerre, mais c’est de la guerre publicitaire. Je pense que le succès est en partie fondé sur cette ambiguïté : ils visent un but qui n’est pas ce que cherchent une grande partie des participants.

Laudato Si’ est un texte fondateur, très important

Comment l’action du pape François, ses orientations, ses impulsions, ont-elles fait bouger l’Église de France pendant ces six années ?

Le pape François a fait bouger toute l’Église et c’est heureux. L’Église de France a été très enthousiasmée par Evangelii Gaudium, son tout premier texte, dont les expressions fortes – “l’Eglise, hôpital de campagne”, “aller aux périphéries” – ont marqué. À sa manière très personnelle et stimulante, il a exprimé le mouvement de la mission engagé depuis le Concile. D’autre part, Laudato Si’ est un texte fondateur, très important.

C’est la manière dont l’être humain se comprend dans sa relation à tous les autres êtres qui est en jeu, au-delà de la question du climat et de l’avenir de la planète. Je pense que notre humanité vit un grand changement : elle est appelée à sortir d’une conception anthropocentrée et à se reconnaître en communion avec tous les êtres.

Le christianisme peut nourrir cela de manière très forte. Et puis, le pape François a imposé une thématique profondément évangélique, l’attention à ce que les personnes en précarité ont à dire. Dans toutes les questions, nous avons à nous interroger : quelle va être la conséquence pour les plus pauvres ?

Lire de la théologie tous les matins vous « rafraîchit », avez-vous dit à nos confrères de La Croix. Quelle est la dernière théologienne dont vous avez lu un texte ?

(Un moment de silence). J’ai lu un livre d’Ilia Delio, une franciscaine américaine : « L’humilité de Dieu ».

« L’humilité de Dieu, une perspective franciscaine », Ed. franciscaines, 280 p.


Source Le Pèlerin

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Messes du 24 au 30 mars 2025

Semaine 13

Lundi 24 mars – de la férie

  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mardi 25 mars – Annonciation du Seigneur

  • Centre Bethléem de 16:30 à 18:30 – Patronage
  • Eglise de la Madeleine à 16:30 – Chapelet de la confrérie
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mercredi 26 mars – de la férie

  • Récollection 1ère confession de 9:30 à 16:00
  • Centre Bethléem et Presbytère de Rugles de 10:00 à 11:00 – Catéchisme
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:30
  • Messe à l’église de Bourth à 18:00

Jeudi 27 mars – de la férie

  • Eglise de St Germain de Rugles à 10:00 – Méditation autour de la Passion
  • Messe à l’église de Chéronvilliers à 18:00

Vendredi 28 mars – de la férie

  • Eglise de St Germain de Rugles à 11:00 – Chemin de Croix
  • Eglise de la Madeleine à 12:00 – Chemin de Croix
  • Eglise de la Madeleine à 17:30 – Adoration
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30
  • Centre Bethléem de 18:30 à 19:30 – Aumônerie, 5ème et 4ème
  • Eglise Notre-Dame à 9:15 – Laudes
  • Messe à l’église Notre-Dame à 9:30
  • Messe à l’église de Chennebrun à 18:00
  • Centre Bethléem de 20:00 à 21:00 – Diner lycéen
  • Messe à l’église de St Germain de Rugles à 9:15
  • Centre Bethléem de 9:30 à 10:30 – Préparation 1ère communion
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:00 – avec les enfants du catéchisme
  • Eglise de la Madeleine à 17:00 – Vêpres

Messes du 17 au 23 mars 2025

Semaine 12

Lundi 17 mars – S. Patrick, évêque

  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mardi 18 mars – S. Cyrille, évêque, docteur de l’Église

  • Centre Bethléem de 16:30 à 18:30 – Patronage
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mercredi 19 mars – Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie

  • Centre Bethléem et Presbytère de Rugles de 10:00 à 11:00 – Catéchisme
  • Centre Bethléem de 14:30 à 16:30 – Réunion catéchistes
  • Messe à l’église de Mandres à 18:00

Jeudi 20 mars – de la férie

  • Messe à l’église des Juignettes à 18:00

Vendredi 21 mars – de la férie

  • Eglise de la Madeleine à 12:00 – Chemin de Croix
  • Messe à la Maison de Retraite Korian La Risle à 15:00
  • Eglise de la Madeleine à 17:30 – Adoration
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30
  • Eglise Notre-Dame à 9:15 – Laudes
  • Messe à l’église Notre-Dame à 9:30
  • Presbytère de Rugles à 10:30 – Préparation des messes du temps de carême
  • Messe à l’église de Bâlines à 18:00
  • Messe à l’église de St Germain de Rugles à 9:15
  • Centre Bethléem de 11:00 à 17:00 – Temps fort de carême
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:00
  • Eglise de la Madeleine à 17:00 – Vêpres