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Mercredi des Cendres
Frères et sœurs,
Dans quelques instants, vous allez être signés sur votre front de cendres bénies avec la formule suivante : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » C’est par ce rite très ancien, mais aussi quelque part insolite, que nous entrons en Carême. D’où nous vient de rite que nous n’utilisons qu’une fois par an ?
Tout comme le rite de l’onction, ce rite des cendres nous vient du Judaïsme, au moins du IXème siècle avant Jésus Christ. C’est un rite de pénitence et de deuil. L’Ancien Testament évoque de nombreuses fois ce geste. On le trouve dans le livre d’Esther, de Jonas, chez les prophètes Isaïe, Ezechiel, Jérémie ou encore dans le livre de Job. Dans tous ces cas-là, le fait de s’assoir sur des cendres ou de s’en mettre sur la tête revient à dire que nous sommes pécheurs, que nous nous humilions à cause de notre péché. Bien souvent, ce rite était accompagné d’un jeûne pour implorer le pardon et la faveur de Dieu.
Dans l’Antiquité chrétienne, ce rite était réservé aux pécheurs publics qui assumaient devant tous une pénitence publique. Ce n’est qu’au XIème siècle que Rome l’étend à tous les fidèles de l’Eglise.
L’imposition des Cendres nous rappelle ainsi notre finitude et notre qualité de pécheurs. Elle nous redit que le péché nous conduit à la mort et nous ouvre à une attitude d’humilité pour implorer le pardon de Dieu.
Le prophète Joël entendu en première lecture nous invite à déchirer notre cœur et non pas nos vêtements : c’est-à-dire, à nous convertir intérieurement et non pas seulement extérieurement. Comment déchirer son cœur ? En l’ouvrant à la miséricorde divine pour permettre à tout ce qu’il y a de mauvais en nous de s’écouler, de disparaître. La Journée du pardon, le vendredi 16 Mars, vous permettra de recevoir le sacrement du pardon ou bien d’effectuer une démarche pénitentielle auprès des prêtres qui seront disponibles pour vous recevoir. Déchirer son cœur, si l’on ne se libère pas du péché, ne sert à rien. Nous sommes appelés encore, pendant ce temps du Carême, à ré-orienter notre vie vers Dieu, à repousser nos compromissions avec nos mauvaises habitudes. C’est ici que le jeûne prend toute sa valeur. Le jeûne qui consiste à diminuer son alimentation ou à ne manger qu’un repas sur une journée a deux finalités. Il nous permet premièrement d’expier nos péchés ou ceux d’autres personnes. C’est une manière concrète de participer à la rédemption. Nous pouvons offrir notre jeûne pour telle ou telle cause, telle ou telle personne. Puis, le jeûne nous permet de manière très efficace de nous aider à déraciner en nous nos mauvaises habitudes ou nos péchés habituels. Il arrive que l’on se demande souvent comment lutter contre les péchés que l’on commet de manière habituelle. Eh bien, jeûnez ! et vous verrez : le manque de nourriture apporté à notre corps produit comme un électrochoc sur notre être tout entier. Et curieusement, ce manque nous donne l’énergie nécessaire pour nous ré-orienter différemment. Je rappelle à ce sujet que l’Eglise nous demande de nous abstenir de viande et de matière grasse tous les vendredis, et plus particulièrement ceux de Carême ; que l’Eglise nous demande de jeûner les Mercredis des Cendres et Vendredi Saint, et que le jeûne s’étend de l’âge de la majorité jusqu’à 60 ans. Bien sûr cette indication est relative à l’état de notre santé. On peut raisonnablement penser que les personnes en bonne santé et qui ont dépassé la limite de 60 ans peuvent encore prolonger la pratique de jeûne.
L’aumône nous permettra aussi de nous purifier, d’expier notre péché et d’exercer la charité. Cette année, la paroisse a retenu 3 projets qui vous seront expliqués de manière plus précise dans les feuilles de messe de dimanche prochain. Nous vous proposons d’aider le Père Léopold Zinsou, venu cet été sur la paroisse, à aménager son presbytère et son église. Nous vous proposons de soutenir les Chrétiens d’Orient toujours persécutés. Et enfin, nous vous proposons de défendre et protéger la vie, en permettant à des femmes enceintes de pouvoir vivre leur grossesse à terme. Toutes les modalités de la collecte de Carême vous seront expliquées dimanche prochain.
Pour terminer, je vous confie encore deux pistes, deux intentions de prière. Le Carême est un temps propice pour vivre la réconciliation dans toutes ses dimensions : avec Dieu, j’en ai déjà parlé, mais aussi avec nos frères et sœurs. Nos efforts de conversion peuvent nous aider à demander pardon ou à donner le pardon à ceux que nous avons offensés ou qui nous ont offensés. Et enfin, le Carême est l’ultime moment où les catéchumènes se préparent à devenir chrétiens, à recevoir le baptême. Prions pour eux. Un certain nombre d’entre eux seront baptisés lors de la Vigile Pascale ou recevront le sacrement de la Sainte Confirmation au tout début du temps pascal. Soutenons-les de notre prière, car ils sont aussi bien souvent embêtés par le démon qui s’agite quand arrivent de nouveaux chrétiens. Bon et saint Carême à tous ! Amen !