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6ème Dimanche du Temps Ordinaire
Frères et sœurs,
Le croisement des calendriers liturgiques du temporal d’une part et du sanctoral d’autre part, nous font entendre le récit de la guérison d’un lépreux par Jésus le jour où l’Eglise commémore la première apparition de la Vierge Marie à Bernadette.
Je voudrais donc méditer sur la guérison du lépreux qu’effectue Jésus en lien avec l’histoire des apparitions de la Sainte Vierge à Bernadette.
Il est fréquent de rencontrer dans l’Evangile des récits de guérison de lépreux. Bien sûr, la lèpre était une maladie incurable à l’époque et une maladie assez répandue. Il ne faut donc pas tout de suite tout spiritualiser dans notre lecture. Jésus effectue bien une guérison miraculeuse. Mais la lèpre est aussi l’image du péché. On peut trouver 3 raisons à cela. Tout d’abord, la lèpre défigure : elle abîme et détruit le corps. Elle est l’image du péché qui défigure la création de Dieu. Nous pouvons faire le parallèle avec la 8ème apparition de la Vierge à Bernadette, le mercredi 24 Février 1858, où la Sainte Vierge demande à Bernadette de se recouvrir le visage de boue. Les gens la prennent pour folle. Mais, Marie demande à Bernadette de montrer la laideur et la défiguration du péché sur nous. Ensuite, la lèpre est une maladie contagieuse. Le péché quant à lui a toujours une incidence, des conséquences sur les autres, quand il ne repose pas déjà sur de la complicité. Souvenez-vous dans le récit de la Genèse : Eve mange du fruit défendu et en donne à manger à Adam. Le péché se transmet. Et enfin, la lèpre conduit à l’exclusion comme nous le rappelle la Loi dans la première lecture. Le péché aussi exclut : tout d’abord de Dieu, mais aussi des autres, de l’Eglise. Dès lors, on comprend bien pourquoi la lèpre est une image fort appropriée pour le péché.
Regardons maintenant la guérison du lépreux.
Ce qui est tout d’abord remarquable, c’est la manière très juste qu’il a de s’adresser à Jésus : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » « Si tu le veux » : il accepte entièrement de dépendre de la volonté de Dieu. Cela veut dire qu’il accepte aussi l’éventualité que Dieu ne veuille pas. Bien sûr, sa foi, son acte de foi, l’engagent dans l’autre direction ; mais il ne se met pas à la place de Dieu et accepte de dépendre de lui. Frères et sœurs, combien de fois, nos prières sont faussées parce, sans forcément s’en rendre compte, on se met à la place de Dieu…Dès lors, tout est faussé.
Jésus, qui est la Parole de Dieu, le cœur même de Dieu qui parle, lui répond : « Je le veux, sois purifié. » A cette réponse, St Marc ajoute : « Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha. » La réponse de Jésus consiste donc en une parole et un geste. Nous avons ici la matière du sacrement : une parole et un geste à travers lesquels Jésus guérit. Dans chaque guérison qu’opère Jésus, il y a toujours un geste et une parole. Frères et sœurs, cela nous redit que les sacrements ont tous pour effet de nous guérir du péché, quels qu’ils soient.
Nous retrouvons cette réalité sacramentelle dans les messages de la Vierge à Bernadette. « Allez boire à la source et vous y laver ! » Message donné lors de la 9ème apparition le Jeudi 25 Février 1858. Lors de cette apparition, à la demande de la Vierge, Bernadette a gratté la terre pour en faire sortir une source qui coule toujours et dans laquelle il y a eu de nombreuses guérisons. Mais la première source dont parle Marie est l’eau du baptême qui lave du péché. A travers cette parole, Marie nous invite à vivre notre baptême, à l’ « utiliser » pourrions-nous dire, c’est-à-dire à reprendre conscience que non seulement nos péchés, commis avant le baptême bien sûr, sont pardonnés, mais aussi que nous avons en nous ce principe de conversion qui existe et qui fonctionne. L’appel de la Vierge à aller boire à la fontaine et à nous y laver est un appel à vivre des sacrements que l’Eglise nous donne pour restaurer notre vie divine et humaine.
Et puis, dernier temps de la guérison, il y a ces paroles de Jésus au lépreux : « Attention, ne dis rien à personne ; mais va te montrer au prêtre. » Par ce commandement, Jésus montre qu’Il ne guérit pas pour lui-même, qu’Il ne recherche pas sa gloire personnelle. Mais il agit de telle sorte que les gens reconnaissent d’eux-mêmes le Messie. Il agit pour Dieu, pas pour lui.
Alors demandons-nous maintenant ce qu’il en est pour nous ; parce que nous sommes tous ces lépreux que Jésus a guéris. Quelle conscience avons-nous de notre péché ? de notre être divin qui est abîmé ? Sali ? L’Evangile nous redit que pour guérir nous avons besoin d’un Autre, nous avons besoin d’entendre : « Je le veux, sois purifié. » Pour guérir du péché, on ne marchande pas avec Dieu ; on ne se confesse pas tout seul, ni à soi. Pour être libéré, nous avons besoin d’entendre d’un autre : « Je te pardonne tous tes péchés. » La prière d’ouverture de la messe, la collecte, nous dit : « Dieu qui veux habiter les cœurs droits et sincères. » Oui, Dieu aime la vérité, les gens en vérité avec eux-mêmes, avec les autres. Demandons-nous aussi avec quelle profondeur de guérison nous vivons et recevons les sacrements. Dans quelques jours, nous allons entrer en Carême, temps de pénitence et de conversion. L’occasion vous sera donnée de recevoir le sacrement du pardon, notamment lors de la journée du Vendredi 16 Mars où vous pourrez vous confesser ou venir parler avec un prêtre de 14h00 à 19h00. Il y aura aussi toujours les confessions traditionnelles avant Pâques. Ne passez pas à côté de ces guérisons et libérations que Jésus vous offre. Et puis, alors que nous fêtons en ce jour Notre-Dame de Lourdes, prions pour tous nos frères et sœurs malades et notamment ceux qui reçoivent en ce moment le sacrement des malades. Que Notre-Dame de Lourdes veille sur eux et sur chacun de nous. Amen !