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Gouel an Holl-Sent 2016
Chers frères et sœurs,
La Solennité de la Toussaint est une des fêtes importantes où l’Eglise terrestre ressent d’une manière particulière la Communion avec l’Eglise céleste. Nous célébrons à la fois la sainteté de tous ceux qui sont entrés dans la communion divine et notre propre vocation à la sainteté.
Mais il faut reconnaître que lorsque nous parlons de la sainteté, souvent, nous l’envisageons de manière rébarbative, lourde. Je voudrais reprendre 2 images, pas toujours très justes, qui nous viennent facilement lorsque nous évoquons la sainteté.
Souvent, dans le langage habituel, nous confondons la sainteté avec la perfection. Or, la perfection n’est pas de ce monde ; et la sainteté implique la conversion, qui, elle, présuppose le péché. Dit autrement et plus clairement : pour être saint, il faut être pécheur…et se convertir. Je prends comme exemple les deux plus grands saints de l’Eglise (après la Vierge Marie bien sûr) : St Pierre et St Paul. St Pierre : c’est lui qui reniera trois fois le Christ ; St Paul, c’est lui qui tuait les chrétiens. Rien qu’avec ses deux exemples, nous voyons que la sainteté ne consiste pas en la perfection.
Deuxième image : devenir saint, c’est combattre jusqu’au bout ; c’est être attaqué par le démon. On peut penser ici aux grands saints qui ont été attaqués, même parfois physiquement, par le diable : Padre Pio, St Martin, mais aussi plus proche de nous dans le temps et non encore canonisées : Marthe Robin et Mère Yvonne-Aimée.
Ce qui est vrai dans cette image que l’on peut avoir, c’est que la sainteté présuppose un combat : le texte d’Evangile ne dit d’ailleurs rien d’autre que cela. Mais, avant d’être une question de combat, la sainteté est d’abord une question de communion avec le Christ. C’est ici que se joue notre sainteté et dans les conséquences de notre communion. Après, il est vrai que, qui dit Communion avec le Christ, dit communion à son combat.
Le cœur de la sainteté réside dans la qualité de notre Communion avec Jésus. Cette communion, n’est pas forcément et seulement la communion eucharistique ; il s’agit aussi de la communion spirituelle, de la manière dont nous vivons telle ou telle situation, qui nous met en communion avec ce qu’a vécu Jésus. Mais la question de la Communion avec Jésus est centrale parce que c’est d’elle que dépend la communion avec l’Eglise, qui est le Corps du Christ, et avec nos défunts, que nous prierons plus particulièrement demain.
De la qualité de notre communion avec Jésus, dépend aussi la puissance de notre intercession. Une personne qui participe de manière importante à la sainteté de Jésus, aura une intercession plus puissante qu’une personne ne participant que faiblement à la sainteté de Jésus. C’est d’ailleurs ce que l’Eglise vérifie avant de déclarer « sainte » une personne. L’Eglise, par la reconnaissance d’un miracle, reconnaît la puissance d’intercession d’une personne auprès de Dieu. Il y a 3 degrés, 3 étapes pour reconnaître « sainte » une personne. La première étape consiste en la reconnaissance de l’héroïcité des vertus du Serviteur de Dieu qui est décédé. Cette étape revient à l’évêque (ou au Père Abbé) qui est chargé de collecter des témoignages confirmant la réputation de sainteté dans le peuple de Dieu de celui qui est reparti vers Dieu. (Instruction Sanctorum Mater de 2007 Titre II, article 4). Le Serviteur de Dieu est alors appelé Vénérable. Marthe Robin a été reconnue par le Pape François comme Vénérable en novembre 2014. Une fois ces témoignages rassemblés, la cause peut être instruite en vue d’une béatification. C’est le dicastère pour la cause des saints à Rome qui instruit l’enquête. Ici, il faudra un miracle, attestant la pleine communion avec Dieu ; le Vénérable devient alors Bienheureux.
La troisième étape consiste en la canonisation. Pour ce faire, il faudra un deuxième miracle, distinct de celui reconnu pour la Béatification. Le Bienheureux devient Saint et reçoit une date où l’Eglise le priera, généralement le jour de son entrée dans la Vie Eternelle.
Ces procédures et enquêtes n’ont pour but que de vérifier la sainteté du Serviteur de Dieu, sainteté vérifiée par les miracles retenus. La puissance d’intercession dépend de la qualité de la Communion avec Jésus.
Alors, aujourd’hui, l’Eglise fête tous ses nombreux saints qui vivent dans la béatitude divine, dans la paix de Dieu ; l’Eglise fête tous les saints anonymes qui ne sont pas inscrits dans notre calendrier liturgique ni dans le martyrologe chrétien, et, par les exemples qu’elle nous donne, l’Eglise nous invite à ne pas nous décourager devant cet appel à la sainteté, devant cet appel à nous préparer à vivre avec Dieu. Cela doit être une joie, et non un boulet à tirer tant bien que mal. Le but, c’est de vivre avec Dieu et d’être pleinement heureux.
Dans ce chemin que nous sommes invités à entreprendre, nous avons la chance d’avoir la compagnie et le soutien de la Vierge Marie, qui, à elle seule, dépasse la sainteté de tous les saints au Ciel. Par la grâce de son Immaculée Conception, par la grâce d’une humanité non souillée par le péché, Marie nous accompagne efficacement. Elle nous relève lorsque nous tombons, elle nous console quand nous sommes dans l’affliction, elle nous attend lorsque nous nous présenterons devant Dieu, elle à qui nous demandons plusieurs fois par jours qu’elle prie pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort. »
C’est à la Sainte Vierge que nous demandons de nous aider à avancer sur le chemin de la sainteté ; c’est à Elle que nous confions tous ceux qui sont « insultés, persécutés, maudits » à cause de leur fidélité à Jésus et à la foi catholique. L’Eglise peut être fière d’avoir de tels enfants. Puissions-nous, nous qui avons la chance d’avoir des conditions de vie assez faciles, être dignes de l’appel que Dieu nous offre et grandir dans notre communion avec Jésus et avec son Eglise. Amen !
Rite Pénitentiel :
Préparons-nous à célébrer tous les saints de l’Eglise en reconnaissant notre péché et en nous confiant à leur prière et à celle de la Vierge Marie.