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3ème dimanche de l’Avent
Frères et sœurs,
En entendant cet Evangile, nous plongeons dans un contexte de société qui est bien différent de celui que nous connaissons. C’est toute une société, les foules, les publicains, l’armée, qui vient demander à Jean-Baptiste ce qu’ils doivent faire pour se convertir. On a du mal à imaginer la même chose chez nous aujourd’hui. Pourtant, ce que rapporte St Luc est très réaliste. On sait, par d’autres sources que les Evangélistes, qu’il y avait à ce moment-là en Israël un bouillonnement très important, tant on sentait imminente la Venue du Messie. Et, effectivement, tout le monde se demandait d’où il allait venir… Ce climat était presque insurrectionnel pour les pauvres romains qui ne savaient comment cadrer tout cela.
Et pourtant, si nous réfléchissons un peu, non seulement, nous aussi nous attendons la Venue du Seigneur « à la fin des Temps », et, dans la liturgie nous rappelons que nous attendons sa venue maintenant, mais encore nous savons que le Seigneur ne cesse de venir à nous. Et, on ne peut pas dire qu’il y ait une grande émulation pour préparer sa venue en nous…en tout cas dans notre société ; c’est plutôt l’inverse aujourd’hui. Dieu dérange.
Ce dimanche donc, la liturgie attire notre attention sur la manière dont le Seigneur vient en nous. Le prophète Sophonie nous dit : « Le Roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. (…) Puis plus loin : Le Seigneur ton Dieu est en Toi. » Tout nous est dit ici. Bien souvent, on pense Dieu comme une réalité extérieure à soi ; bien souvent, surtout lorsque ça ne va pas dans la vie, on se tourne vers Dieu. On l’appelle. On souhaiterait qu’Il vienne nous aider. Ou encore, on voudrait le voir, le toucher, le sentir…mais où le trouver ?
Eh bien, la réponse est toute simple. Où le trouver ? En moi ! Dieu n’est pas une réalité extérieure à moi, mais une réalité intérieure à moi-même. Il est comme dit St Augustin intimior intimo meo c’est-à-dire plus intime à moi-même que moi-même. Lorsque l’on a compris cela, on a compris beaucoup de choses, parce que maintenant, on sait où trouver, où rencontrer Dieu. Et on apprend à vivre en sa présence. De ce fait, nous ne sommes jamais seuls.
La prise de conscience que Dieu gît au fond de nos cœurs, qu’il s’agit par conséquent de le laisser venir en nous, nous amène à transformer nos manières de vivre. Nous ne pouvons pas vivre n’importe comment si nous savons que Dieu est en nous. Si nous ne le savons pas, ce n’est pas une raison…Mais, quand on le sait, c’est impensable. Nous rejoignons d’une autre manière la question que toute la société israélite pose à Jean-Baptiste. Comment devons-nous vivre ? Que devons-nous faire ? Je transpose pour nous : que faire pendant ce temps de l’Avent pour préparer la venue du Seigneur ? Là aussi, la réponse est simple : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Autrement dit, ne cherchons pas à faire des choses spectaculaires, des grands projets, mais vivons correctement et saintement ce que nous avons à vivre. La meilleure préparation dans le temps de l’Avent ne consiste pas à faire d’autres choses nouvelles, en plus, mais à perfectionner celles que nous faisons dans l’ordinaire de notre vie. Les perfectionner en mettant plus d’amour, plus de charité, plus de gratuité, plus de patience, enfin chacun trouvera…St Jean-Baptiste attire l’attention sur le partage avec ceux qui n’ont pas ce qu’il faut pour vivre : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Nous rejoignons ici un des points développés lors du Concile Vatican II, repris notamment par l’Opus Dei, qui a remis à l’honneur l’appel universel à la sainteté : notre propre sainteté, notre propre sanctification se jouent dans ce que nous faisons, là où nous sommes. C’est-à-dire que c’est dans ma mission d’épouse, de mère de famille, d’époux, de père de famille, de chef scout, de comptable, de grand-mère, de personne qui fait le ménage, d’homme ou de femme qui a des responsabilités politiques, que se joue ma propre sanctification. Tout se joue dans la manière dont je vis ce que je fais et ce que je dois faire.
Alors frères et sœurs, il y a un lien logique entre l’habitation du Seigneur au fond de mon cœur, Lui qui est « en nous », et ma manière de vivre. Mais, comment, par quoi, sommes-nous touchés par cette présence de Dieu en nous et par la nécessité de convertir notre vie ? Finalement, qu’est-ce qui nous met en communion avec ce que prêchait St Jean-Baptiste il y a 2000 ans ? Eh bien, le sacrement du baptême. Et St Jean-Baptiste le dit : « mais Il vient Celui qui est plus puissant que moi. (…) Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. » C’est par le sacrement du baptême que Dieu Trinitaire vient habiter en nous. « Baptiser dans l’Esprit-Saint », cela veut dire, baptiser dans l’Esprit de Dieu, cela veut dire recevoir l’Esprit de Dieu ; et donc, être en communion avec Dieu qui vient habiter en nous. Tous ceux qui reçoivent le sacrement du baptême sont habités par Dieu, à la différence de ceux qui ne sont pas encore baptisés, mais dont l’être est déjà, par nature, à l’image de Dieu.
« Baptiser dans le feu », cela veut dire baptiser dans l’Amour. Le feu est l’image de l’Amour qui brûle, qui consume celui qui aime. Souvenez-vous du buisson ardent avec Moïse. Cela veut dire que, par le sacrement du baptême, Dieu vient habiter et transformer nos facultés d’aimer en même temps qu’Il vient purifier (c’est une autre réalité du feu) ce qui fait obstacle à l’Amour.
Frères et sœurs, préparons-nous à la fête de la Nativité du Seigneur, en reprenant conscience qu’Il habite déjà en nous et que le Salut qu’Il vient nous apporter est déjà en germe. Que nos vies reflètent le feu divin reçu lors de notre baptême. Amen !