Dédicace de la basilique du Mont Saint-Michel
Dès les premières années du huitième siècle, Dieu accorda à notre pays un nouveau témoignage de sa prédilection. Il daigna nous donner pour protecteur et pour patron, saint Michel, le glorieux archange, qui, à la tête des anges fidèles, a chassé du Ciel Lucifer et ses mauvais anges.
Saint Aubert était évêque d’Avranches lorsque, vers 708, l’Archange Saint Michel lui apparut, un 16 octobre, pour lui donner de bâtir sur le Mont tombe une église en son honneur. Ce rocher escarpé s’élevait, aride et solitaire, dans une baie formée par la réunion des côtes de la Normandie et de la Bretagne.
Le Prince de la Milice Céleste dit à l’évêque : Je suis Michel, l’archange qui assiste en la présence de Dieu ; je suis résolu d’habiter dans ce pays, de le prendre sous ma protection et d’en avoir soi.
Saint Aubert, voulant s’assurer de la vérité de cette vision, n’obéit pas aussitôt ; l’archange saint Michel se montra une seconde fois à l’évêque, et bien qu’il se fît plus sévère et plus pressant, il n’eut pas davantage de succès ; à la troisième apparition, après avoir fait de nouveau reproches et réitéré les ordres du ciel, l’archange appuya fortement le doigt sur le front de saint Aubert et y laissa une empreinte qui se voit encore sur le crâne du saint conservé dans l’église Saint-Gervais d’Avranches.
Saint Aubert connaissait désormais avec assurance la volonté du Seigneur ; il se rendit donc sur le rocher que l’archange lui avait indiqué où des signes célestes marquèrent le lieu choisi pour la construction de l’église. Une source jaillit pour fournir l’eau qui manquait à cette solitude aride. Ce rocher, que les flots de l’océan séparent de la terre ferme, porta, depuis la dédicace de l’église, le nom de Mont Saint-Michel.
A dater de ce jour mémorable de la dédicace, le 16 octobre 709, les pèlerins accoururent de toutes parts. Charlemagne y vint l’année de son couronnement pour garder le royaume sous la protection du puissant archange.
Les Bénédictins y installèrent l’abbaye dite de Saint-Michel-du-Péril-de-la-Mer en 966.
Deux fois par jour, à la marée basse, la mer se retire pour permettre aux fidèles de venir de la côte sans le secours des bateaux. L’église, le cloître, la salle des Chevaliers, le réfectoire des Moines, l’escalier de cent quatre-vingts marches qui conduit jusqu’au sommet du rocher, excitent l’enthousiasme de tous les pèlerins qui ne peuvent se lasser d’admirer les merveilles de l’architecture chrétienne réunies sur cet îlot.
Si, d’un côté, les impies de notre temps ont osé mettre en honneur le prince des ténèbres, dont ils se sont faits les fils et les imitateurs, les fidèles se sont, de leur côté, attachés à relever la vénération et la confiance que l’Eglise Catholique a toujours placées en l’Archange saint Michel, le premier vainqueur de l’esprit maudit (Pie IX – 1868 ).