Saint Valentin prĂȘtre et martyr vers 270
Entre les glorieux martyrs qui, 14 fĂ©vrier, saint Valentin prĂȘtre et martyr vers 270.du temps de l’empereur Claude Il, rendirent tĂ©moignage Ă la vraie foi, en rĂ©pandant leur sang pour confesÂser JĂ©sus-Christ. le prĂȘtre Valentin mĂ©rite une mention spĂ©ciale. AprĂšs avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et enchaĂźnĂ©, il fut menĂ© devant l’empereur Claude qui se trouvait alors Ă Rome.
En le voyant, l’empereur lui dit sur un ton assez obligeant : « PourÂquoi. Valentin, ne veux-tu pas jouir de notre amitiĂ©, et veux-tu te joindre Ă nos ennemis ?
Valentin rĂ©pondit : « Seigneur, si vous saviez le don de Dieu, vous seriez heureux et votre empire aussi ; vous rejetteriez le culte que vous rendez aux esprits immondes et Ă leurs idoles que vous adorez, et vous sauriez qu’il n’y a qu’un Dieu, qui a créé le ciel et la terre, et que JĂ©susÂ-Christ est son Fils unique. »
Un des juges, prenant la parole, demanda au martyr ce qu’il pensait des dieux Jupiter et Mercure.
– Je pense qu’ils ont Ă©tĂ© des misĂ©rables, et quâils ont passĂ© toute leur vie dans les voluptĂ©s et les plaisirs du corps.
LĂ -dessus, celui qui l’avait interrogĂ© s’Ă©cria que Valentin avait blasÂphĂ©mĂ© contre les dieux et les gouverneurs de la RĂ©publique. Cependant le confesseur entretenait l’empereur qui semblait l’Ă©coutait volontiers et prendre plaisir Ă ses discours, et dit Ă ceux qui l’entouraient : « Ecoutez la sainte doctrine que cet homme nous apprend. »
Le prĂ©fet de Rome, nommĂ© Calpurnius, s’Ă©cria aussitĂŽt : « Voyez-vous comme il sĂ©duit notre prince. Quitterons-nous la religion que nous avons sucĂ©e avec le lait et dans laquelle nous avons Ă©tĂ© nourris et ont vĂ©cu nos aĂŻeux ? »
Claude craignant que ces paroles n’excitassent quelque trouble ou sĂ©dition dans la ville, abandonna Valentin au prĂ©fet, qui le mit Ă l’heure mĂȘme entre les mains du juge AstĂ©rius, pour ĂȘtre examinĂ© et chĂątiĂ©.
AstĂ©rius fit d’abord conduire son prisonnier dans sa maison. En y entrant Valentin Ă©leva son cĆur vers le ciel et pria Dieu qu’il lui plĂ»t d’Ă©clairer ceux qui marchaient dans les tĂ©nĂšbres de la gentilitĂ©, en leur faisant connaĂźtre JĂ©sus-Christ, la vraie lumiĂšre du monde.
AstĂ©rius, qui Ă©coutait cette priĂšre, dit Ă Valentin: « J’admire beauÂcoup ta prudence ; mais comment peux-tu dire que JĂ©sus-Christ est la vraie lumiĂšre ?
– Il n’est pas seulement la vraie lumiĂšre, dit Valentin, mais il est l’unique lumiĂšre qui Ă©claire tout homme venant en ce monde.
– Si cela est ainsi j’en ferai bientĂŽt l’Ă©preuve : j’ai ici une petite fille adoptive qui est aveugle depuis deux ans ; si tu peux la guĂ©rir et lui rendre la vue, je croirai que JĂ©sus-Christ est la lumiĂšre et qu’il est Dieu, et je ferai tout ce que tu voudras.
La jeune fille fut amenĂ©e au martyr qui, lui mettant la main sur les yeux, fit cette priĂšre : « Seigneur JĂ©sus-Christ, qui ĂȘtes la vraie lumiĂšre, Ă©clairez votre servante. » A peine ces paroles avaient-elles Ă©tĂ© prononÂcĂ©es que la jeune fille recouvra la vue sur-le-champ.
AstĂ©rius et sa femme, se jetant alors aux pieds de leur bienfaiteur, le suppliĂšrent de leur faire connaĂźtre ce qu’ils devaient faire pour ĂȘtre sauvĂ©s. Valentin leur commanda de briser les idoles qu’ils avaient, de jeĂ»ner trois jours, de pardonner Ă leurs ennemis, et enfin de se faire bapÂtiser. AstĂ©rius exĂ©cuta tout ce qui lui avait Ă©tĂ© commandĂ©, dĂ©livra les chrĂ©tiens qu’il tenait prisonniers, et fut baptisĂ© avec toute sa famille, qui Ă©tait composĂ©e de quarante-six membres.
L’empereur, informĂ© de ce changement et craignant un mouvement d’opinion dans la ville s’il fermait les yeux sur cette infraction aux lois, fit arrĂȘter AstĂ©rius et tous ceux qui avaient Ă©tĂ© baptisĂ©s, et les fit tortuÂrer et mettre Ă mort.
Pour Valentin, pĂšre et maĂźtre de tous ces bienheureux martyrs, il fut enfermĂ© dans une Ă©troite prison, battu et brisĂ© Ă l’aide de bĂątons noueux. Enfin, le 14 fĂ©vrier 268, il fut dĂ©capitĂ© sur la voie Flaminienne.
Epilogue
Le corps de Valentin fut inhumĂ© Ă l’endroit mĂȘme de son supplice par une pieuse matrone, nommĂ©e Sabinilla, qui le dĂ©posa dans sa propriĂ©tĂ©. Au IVe siĂšcle, le pape Jules 1er fit construire une basilique qui fut trĂšs frĂ©quentĂ©e. Elle fut restaurĂ©e au VIIe siĂšcle, sous Honorius Ier (auj. porta del Popolo). Ce fut pendant longtemps le lieu d’un pĂšlerinage trĂšs frĂ©quentĂ© ; on l’abandonna au XIIe siĂšcle, quand le corps de Valentin fut transfĂ©rĂ© dans l’Ă©glise Sainte-PraxĂšde. De Rome, le culte de S. Valentin passa Ă Terni oĂč la piĂ©tĂ© populaire lui dĂ©cerna le titre d’Ă©vĂȘque ; on en vint Ă penser qu’il y avait deux personnages diffĂ©rents, mais il s’agit bien du mĂȘme saint.
Le 15 fĂ©vrier, les Romains cĂ©lĂ©braient avec faste le dieu Faunus Lupercus, dans une grande fĂȘte paĂŻenne dĂ©diĂ©e Ă l’amour et Ă la fĂ©conditĂ©. Pour contrer cette cĂ©lĂ©bration, parfois dĂ©bauchĂ©e, le Pape GĂ©lase Ier, en 495, intervint dans cette pratique quâil jugeait peu respectueuse envers les femmes et dĂ©cida de marquer plus solennellement saint Valentin, mais sans autre raison. Ainsi fut supprimĂ©e progressivement la derniĂšre fĂȘte paĂŻenne. Et une confusion entre diffĂ©rentes lĂ©gendes du Moyen Age l’a fait devenir patron des fiancĂ©s, des jeunes gens et jeunes filles Ă marier.
Plusieurs saints nommés Valentin existent dans les écrits catholiques :
– Valentin prĂȘtre et martyr de Rome : exĂ©cutĂ© sous Claude II vers 270, Valentin aurait continuĂ© Ă marier les couples malgrĂ© l’interdiction prononcĂ©e par Claude II ;
– Valentin Ă©vĂȘque et martyr de Terni : exĂ©cutĂ© par un prĂ©fet du nom de Placide Ă une date indĂ©terminĂ©e, Valentin aurait guĂ©ri le fils d’un philosophe et amenĂ© bien des Romains Ă se convertir au christianisme ;
– Valentin, martyr d’Afrique : peu de dĂ©tails connus Ă son propos, sa fĂȘte est parfois donnĂ©e au 13 novembre.
Les deux premiers Valentins sont potentiellement les mĂȘmes, les dates Ă©tant similaires et leur persĂ©cuteur Ă©tant le mĂȘme. La Saint-Valentin aurait Ă©tĂ© fĂȘtĂ©e Ă Rome et Ă Terni (sĂ©parĂ©s de 100 km) pour ensuite devenir deux fĂȘtes distinctes. Certains spĂ©cialistes pensent cependant que deux Valentins ont bien existĂ© dans la mĂȘme pĂ©riode, la date de l’exĂ©cution du Valentin de Terni ayant Ă©tĂ© oubliĂ©e pour ĂȘtre ensuite fixĂ©e au 14 fĂ©vrier.
Ă noter qu’en 1969, lors du concile Vatican II, l’Ăglise fit un grand mĂ©nage dans les Saints officiellement reconnus, et Valentin fit parti du lot, ses origines Ă©tant ouvertes Ă dĂ©bat. Ce sont Saints Cyrille et MĂ©thode, Ă©vangĂ©lisateurs des Slaves, qui ont pris sa place au 14 fĂ©vrier.
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La Foi a assez de lumiÚre pour ceux qui veulent voir, et assez de ténÚbres pour ceux qui ne veulent pas voir. (Pascal.)